Centre équestre d’Autun
Un nouveau cadre… militaire

Françoise Thomas
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Lors de la cérémonie de rentrée organisée en septembre au lycée militaire d’Autun, des chevaux étaient eux aussi de la fête pour la première fois. Une présence à laquelle il va falloir s’habituer puisque le ministère des armées, via le lycée militaire d’Autun, vient de reprendre la gestion du centre équestre de la ville. Avec un vrai projet à la clé impliquant tout le secteur.

Un nouveau cadre… militaire
Le projet n’est pas du tout de refonder l’école de cavalerie que les bâtiments du lycée ont abrité entre 1885 et 1921. Il s’agit ici du vingtième centre équestre militaire présent en France, et le dernier ouvert dans le cadre du Plan famille. La seule école militaire équestre est à Fontainebleau. Une structure à la charge du capitaine Dominique De Zordo, du chef d'escadrons Christophe Cuvelier et du maître de manège Jean-François Maçon.

Au pied de la forêt domaniale de Planoise, dominant le plan d’eau du Vallon que l’on devine à travers les arbres, offrant une vue complète sur la ville d’Autun, sa cathédrale et son lycée militaire, le centre équestre d’Autun (anciennement l’Équicentre du Morvan) est un site au potentiel énorme.

Depuis leur reprise de la structure le 1er juillet dernier, les militaires ont déjà fait un travail considérable. « Nous avons arraché les ronces et remis en service les paddocks, détaille ainsi le maître de manège Jean-François Maçon. Et nous travaillons sur la remise à niveau des infrastructures ». L’ensemble est désormais rebaptisé Section équestre militaire de l’Autunois-Morvan.

De conséquents travaux

Celui qui a été spécialement recruté cet été nous fait ainsi visiter le site dont la « réouverture » est programmée pour le 2 novembre prochain. Car pour l’instant, si des équidés sont toujours présents, aucun ne travaille : « l’état des deux carrières et du manège ne permet pas un travail en sécurité pour les animaux comme pour les élèves », complète le Chef Maçon. Ainsi, ces trois surfaces vont être entièrement reprises avec notamment la mise en place d’un système de drainage pour les carrières, d’un système de protection pour le manège et un renouvellement complet du sable de partout.
Les travaux de remise aux normes et de réhabilitation sont donc faramineux et devraient s’échelonner sur deux à trois ans, assumés par le propriétaire et le locataire, la ville et l’armée. Pour l’heure, la priorité est le manège couvert pour pouvoir à nouveau accueillir le plus vite possible élèves, militaires, cavaliers et propriétaires qui avaient pour certains déjà leurs habitudes sur place.
À terme, la structure accueillera quinze chevaux d’instruction, une douzaine de poneys, moins d’une dizaine de chevaux de propriétaires, plus quelques chevaux de cadres militaires.

Maintenant ou jamais ?

Mais il est vrai que ce changement brutal de gestionnaire n’est pas passé inaperçu dans la campagne morvandelle et a fait grincer quelques dents. « Ce qui s’est passé est plus une question d’alignement des planètes, tient à préciser le commandant Christophe Cuvelier. Nous avons eu le feu vert budgétaire pour 2020, peut-être l’aurions-nous eu aussi en 2021, mais les événements de l’année, entre la crise sanitaire et le plan de relance qui s’en est suivi, semblent nous donner raison de ne pas avoir attendu l’année prochaine ».
Pour différentes raisons, la ville d’Autun, propriétaire des infrastructures équestres, s’était lancée en recherche d’un nouveau gestionnaire pour 2021. Le lycée militaire a alors établi un dossier qui a été retenu, mais qui a précipité le changement : « notre projet n’était possible que pour 2020 ! ».

Différents publics

Et cet alignement des planètes dont parle le commandant Cuvelier tient surtout au Plan famille mis en place à partir de 2018 par la ministre des Armées. Via un budget de 300 millions d’euros sur cinq ans, Florence Parly entend, entre autre, améliorer la vie des familles des militaires sur les bases.
Bien évidemment, les familles des militaires d’Autun ne seront pas les seules bénéficiaires du centre équestre. Si l’accès à cette structure « rend aussi la garnison plus attractive pour les militaires et les professeurs détachés du lycée », elle est ouverte également à l’ensemble des élèves. Comme le souligne le commandant Cuvelier, « nous avons 850 élèves, âgés de 10 à 22 ans, en internat complet, c’est-à-dire mercredis et week-ends compris », c’est donc un accès au monde équestre inédit qui leur est proposé là. Même si cela reste sur la base du volontariat, « cette approche des chevaux participe à leur éducation ».

Ouverture à l’extérieur

L’ouverture aux scolaires pourra également se faire via les options Équitation du bac, pour tous les lycées du secteur. Les élèves de MFR des sections équestres seront également les bienvenus.
Si la Section équestre militaire de l’Autunois-Morvan servira de base d’entrainement physique pour les militaires eux-mêmes, elle restera ouverte au grand public. « Hors de question cependant de faire concurrence aux structures équestres avoisinantes, nous proposerons les mêmes tarifs avec une offre spécifique qui n’empiétera pas sur leurs domaines de prédilection, ainsi notre ouverture sur l’extérieur sera bien cadrée », précise le commandant Cuvelier.

Les cours dispensés sur place seront à l’image de la tradition militaire équestre : rigoureuse, carrée, précise… et donc de qualité.
S’il y a de la demande et un public potentiel, la volonté du lycée militaire est véritablement « de participer à la redynamisation de l’image du cheval dans l’Autunois », avec dans l’esprit des militaires, des perspectives d’animations et de rencontres à organiser dans différents cadres.

Proche du monde agricole

Le site de la Section équestre militaire de l'Autunois-Morvan s’étend sur 15 ha et 15 autres ha ont été pris en fermage par le lycée d’Autun. Cette surface offre autant d’espaces pour mettre les animaux en pâture que pour faire du foin. « Nous avons signé cette année une convention avec trois agriculteurs en tout, notamment pour la fenaison mais aussi pour nous fournir en foin et en paille », explique le capitaine Dominique De Zordo. Par ailleurs, « nous avons intégré la Cumac71 pour valoriser le fumier ». En revanche, la fourniture de granulés se passe via un appel d’offre au niveau national, le lycée d’Autun n’a donc pas la main sur ce poste-là. Le maréchal ferrant et le vétérinaire (en cas d’urgence) sont du coin. Les militaires ont insisté sur un point : « nous souhaitons au maximum travailler avec les acteurs locaux, donc nous les privilégierons dès que possible ».

Le recrutement des chevaux
L’objectif des militaires est de redynamiser l’image des chevaux sur tout l’Autunois, avec à termes une infrastructure digne de ce nom dans la qualité des cours dispensés et dans ses aménagements.

Le recrutement des chevaux

Les chevaux recrutés dans le cadre du lycée militaire doivent correspondre à des critères précisés dans un cahier des charges. « Nous recherchons des chevaux polyvalents, porteurs et gentils, énumère le maître de manège Jean-François Maçon, avec de vraies capacités sportives ». « Ils doivent notamment être capable de rester une heure sans bouger lors des cérémonies », insiste le commandant Cuvelier. Si le critère budgétaire est l’un des premiers freins, l’aspect sanguin est aussi primordial donc. Sont ainsi plutôt privilégiés des selles français et des anglo-arabes. « Mais tout éleveur peut nous soumettre les animaux qu’il pense correspondre à notre cahier des charges, précise ainsi le maître de manège, après nous faisons notre choix ».
Au niveau national, sur 150 chevaux présélectionnés chaque année pour la visite d’achat qui se déroule à Fontainebleau, la moitié sera gardée.