EXCLU WEB : La tendance à la baisse s’essouffle

Grâce à la mobilisation des éleveurs et des vétérinaires, l’utilisation des antibiotiques a nettement reculé au cours des dix dernières années. Mais il semble que l’on soit arrivé à un pallier, comme l’indique les chiffres publiés par l’Anses en 2020.

EXCLU WEB : La tendance à la baisse s’essouffle

Les deux plans antibiorésistance successifs ont été couronnés par un succès. En 2020, les ventes d’antibiotiques par les vétérinaires ont continué à diminuer selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), mais la tendance s’essouffle. Par rapport à 1999, la baisse s’inscrit à 3 % en volume des ventes. Alors que le repli est beaucoup plus spectaculaire sur une longue période. Entre 1999, première année d’observation, et 2020, les tonnages d’antibiotiques commercialisés se sont littéralement effondrés de 1 311 tonnes à 415 tonnes, soit une réduction des deux tiers. Par rapport à 2011, la chute est également spectaculaire, elle atteint 55 %. Le taux d’exposition qui est un indicateur plus fiable de la consommation d’antibiotiques est resté, en revanche, quasiment stable (-0,6 %) entre 2019 et 2020, alors qu’il avait reculé de 45 % depuis 2011. Selon les espèces, l’évolution est également contrastée. Alors que l’exposition aux antibiotiques continue de reculer nettement pour la volaille (-9,7 %) entre 2019 et 2020 et dans une moindre mesure pour le porc (-3,2 %), elle a augmenté pour les lapins (+2,5 %), les bovins (+2,9 %) et surtout pour les chiens et chats (+5,1 %). D’une façon générale d’ailleurs, les animaux de compagnie et les chevaux résistent à la baisse et même l’utilisation progresse chez ces espèces.

En ce qui concerne l’usage antibiotiques qui suscitent le plus d’apparitions de résistances aux bactéries, ce qu’on appelle les antibiotiques critiques, l’évolution est également spectaculaire. Ainsi le taux d’exposition aux céphalosporines a diminué de 94 % depuis 2013, celui des fluoroquinolones de 87 % et de 66 % pour les colistines. Mais cette évolution est désormais moins affirmée. 

D’autres méthodes d’élevage 

Pour Gilles Salvat, directeur général délégué du Pôle recherche de l’Anses, considère qu’il ne sera guère possible d’obtenir des résultats aussi spectaculaires à l’avenir. « Il sera difficile de diminuer drastiquement l’usage des antibiotiques, car on a besoin de soigner les animaux. La seule façon d’y parvenir est d’avoir moins d’animaux malades à soigner », souligne-t-il. « Ce qui passe peut être par l’adoption de nouvelles méthodes et pratiques d’élevage ainsi que le développement des prophylaxies », pour garder les animaux en bonne santé, poursuit-il. L’Anses ne croit guère à la généralisation de méthodes alternatives pour diminuer l’utilisation des antibiotiques. Seule une restriction des usages pourrait y parvenir. Ce qui devrait arriver prochainement. La Commission de Bruxelles devrait adopter prochainement une nouvelle réglementation encadrant plus strictement leur utilisation.

Les développements des résistances des bactéries aux antibiotiques chez l’homme ont suscité la mise en place des plans antibios en élevage. Cette antibiorésistance peut en effet se transmettre dans la chaîne alimentaire par la consommation de produits carnés ou par le contact avec les animaux de compagnie ou d’élevage. Certes, la diminution de l’usage des antibiotiques en élevage contribue à diminuer l’apparition de bactéries résistantes chez l’homme. Mais, « il ne faut pas tout attendre de la médecine vétérinaire », note Gilles Salvat estimant que les médecins peuvent aussi contribuer à réduire les impasses thérapeutiques par leurs prescriptions médicales d’antibiotiques. 

 

La France, l’un des meilleurs élèves de la classe européenne 

Même si l’usage des antibiotiques diminue en Europe, le rythme est nettement plus lent, -13 % seulement depuis 2011 pour les antibiotiques critiques. Et la quantité utilisée chez nos partenaires européens est beaucoup plus élevée que chez nous, mais il existe des disparités entre pays. Ainsi quand les Français administrent en moyenne 56 milligrammes d’antibiotiques par kilo de poids vif à leurs animaux d’élevage et de compagnie, les Européens en donnent à 88 milligrammes.