Vierges noires
Une représentation symbolique et mystérieuse du Féminin Sacré

Clara Desmottes
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Les « Vierges Noires » sont des statues qui soulèvent beaucoup de questions et de mystères dans l’iconographie chrétienne. Agnès Loubeyre, guide conférencière indépendante, effectue des recherches sur les Vierges Noires et propose des conférences pour les curieux et passionnés. Nous vous invitons à découvrir brièvement avec elle ces statues porteuses de messages et de symbolisme.

Une représentation symbolique et mystérieuse du Féminin Sacré

Agnès Loubeyre est guide conférencière indépendante. Agréée par les ministères de la Culture et celui en charge du Tourisme, elle réalise des visites commentées et/ou conférences dans les musées de France, Villes d’art et d’histoire, sites classés monuments historiques, et autres lieux d’intérêt patrimonial en Bourgogne. Elle intervient principalement pour le Centre des monuments nationaux sur le site de l’abbaye de Cluny et à la Chapelle aux Moines de Berzé-la-Ville.
Depuis plus de quinze ans, elle consacre ses recherches au langage symbolique et à la géométrie sacrée. Grâce à ses conférences sur différents sujets d’études, elle partage le fruit de son travail auprès d’autres passionnés et questeurs de sens. Début octobre à Charnay-lès-Mâcon, elle a animé une conférence sur les Vierges Noires.

Qui sont ces "Mères Noires" intrigantes ?

Les vierges noires, présentes en grand nombre dans nos édifices religieux, sont généralement associées à Marie. Ces statues tireraient leur nom de la couleur foncée de leur visage mais force est de constater qu’elles ont généralement le teint clair.
« La plus ancienne vierge répertoriée aujourd’hui, et à ma connaissance, est Notre-Dame du Romigier à Manosque. Elle daterait possiblement du Ve siècle, nous transmet Agnès. Celle du Puy-en-Velay, où la première apparition mariale sur notre territoire est prétendue en l’an 430, est bien connue des marcheurs qui s’engagent sur le chemin de Compostelle. Elle aurait été sculptée au Xe siècle. Mais elle a été brûlée et nous n’en avons qu’une soi-disant copie… et elle ne correspond pas tout à fait au modèle caractéristique d’une vierge en majesté assise sur un trône. On en trouve un peu partout en France, mais principalement en Auvergne et plutôt dans le sud de la France ». Ce serait le modèle auvergnat qui se serait imposé en France au XIIe siècle et c’est avec certaines modifications qu’il conquiert ensuite l’Europe, notamment l’Italie et l’Espagne.
Personne ne connait leur nombre exact en France car toutes ne sont pas répertoriées. D’autant plus que certaines statues qui sont appelées "Vierges Noires" n’en sont pas « réellement ». Riche de caractéristiques précises, la Mère ne doit pas en avoir qu’une seule pour être reconnue comme « vraie ».
Pour les curieux, il y en a une bien connue en Saône-et-Loire, à Tournus : Notre-Dame la Brune. Malgré une « retouche » faite au XVIIIe siècle, elle répond aux critères de « vraie » Vierge Noire.
Au moins deux autres sont présentes en Bourgogne Franche-Comté : Notre-Dame de Beaune et Notre-Dame du Bon Espoir à Dijon. Et si vous vous promenez en Côte-d’Or, vous en trouverez aussi à Arceau, Châtillon-sur-Seine, Ladoix-Serrigny, Pouilly-en-Auxois…

Comment les reconnaître ?

Le fait qu’elles soient traditionnellement taillées dans du bois (principalement le cèdre, chêne ou noyer) est une des premières caractéristiques de ces Mères. D’autres bois parfois utilisés sont le tilleul ou le cerisier. Le choix de ce matériel est réfléchi : « L’arbre est ce qui relie symboliquement la Terre au Ciel : il se nourrit de la lumière en tendant ses bras vers le ciel et des nutriments qu’il puise au plus profond de la terre grâce à ses racines, explique Agnès, mais on pourrait aller plus loin dans le symbole de l’arbre qui est un symbole très riche ».
Outre cela, ces statues pour être dénommées "Vierges Noires" doivent partager d’autres caractéristiques symboliques : elles sont assises, ont de grandes mains et présentent leur Fils sur leur genou. Ce dernier tient un livre fermé.
Concernant le visage de la vierge, il est celui d’une femme mûre et ne dégage pas d’émotion. Elle semble regarder un Au-delà… ou un Au-dedans.

Le bois dont sont faites ces statues est toujours peint mais pas avec n’importe quelles couleurs. En effet, le choix est méticuleux et répond là aussi à des impératifs symboliques.
Elles portent une robe rouge sous un manteau bleu et le Fils porte une tunique verte. Agnès Loubeyre ajoute : « Il y a toujours un puits ou une source à proximité de la statue qui est située dans une "grotte", le tronc d’un chêne ou une crypte quand une église a été édifiée à l’endroit où la statue a été trouvée… ». Sa place serait donc d’être dans l’ombre… Ne serait-ce ainsi pas là la juste raison de leur « noirceur » ?
Vous l’aurez compris, toutes ces caractéristiques ne sont pas des hasards et sont porteuses de sens. Qu’abritent-elles dans l’obscurité de nos églises ? Qu’ont-elles à nous dire ? Au travers des éléments symboliques qu’elles offrent, nous pourrions bien être amenés à les voir « autrement »… 
Si vous souhaitez aller plus loin dans la découverte des secrets et des symboles de ces Mères, vous pouvez contacter directement la conférencière qui vous indiquera ses prochaines rencontres : 06 99 61 47 90 / agnes.loubeyre@gmail.com