Loup
Le président de la chambre prédaté, à son tour

Ariane Tilve
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L’une des génisses de Bernard Lacour, président de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, a été attaquée par un loup mercredi 22 novembre, sur l’exploitation familiale. L’animal a dû être euthanasié.

Le président de la chambre prédaté, à son tour

« Le problème est chez moi comme chez les autres », insiste l’élu qui saisit l’occasion de revenir sur une situation extrêmement compliquée, rappelant que la plupart des agriculteurs ne demandent même plus de tirs de défense. « Si ça tourne mal, ils ont peur d’être stigmatisés ». Selon lui, c’est aussi parce que l’on a affaibli les réseaux professionnels que les éleveurs ne savent plus vers qui se tourner. Ils ne font plus confiance aux services de l’Etat ni à l’administration. Le plan loup, tel qu’il a été validé récemment, est censé avoir pour objectif de protéger les élevages. « Dans les faits, lorsque vous retrouvez l’une de vos bêtes attaquée, je ne suis pas sûr que les services de l’Etat soient très efficaces pour ce qui est de la protection dont ils sont chargés ». Il y a ensuite, toujours selon Bernard Lacour, un manque d’efficacité de la part des louvetiers, que l’on ne peut pas leur reprocher d’ailleurs. Nombre d'entre eux sont en âge de prendre leur retraite et viennent néanmoins, en pleine nuit, surveiller des animaux. Quant aux chasseurs, déjà malmenés par l’opinion publique, peu d'entre eux acceptent de telles missions de peur de représailles, quelles qu’elles soient. Le président de la chambre évoque « une absence totale de considération » et surtout une raison supplémentaire pour effrayer, voire décourager les jeunes installés, déjà inquiets du taux de rémunération de leur filière et de tant d’autres sujets. « Il faut que cela cesse, s’insurge-t-il. J’ai reçu de nombreuses lettres de compassion des parlementaires, mais aujourd’hui ce dont nous avons besoin, mais d’actions. Le plan loup ne devrait pas être un plan de protection du prédateur, mais de l’élevage ».  


Pour rappel, un premier bovin charolais a été attaqué par un loup à Pâques, aux portes du Creusot. Si un loup a été tué du côté de Charolles, les attaques ont vite repris. Les premières prédations concernaient principalement élevages ovins et caprins, mais à présent élevages bovins et même équins sont concernés. Le préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy a répondu : « mercredi 22 novembre, avec le préfet de région, nous avons encore demandé à Fabienne Buccio, préfète coordonnatrice du Plan national loup et activités d’élevage, de mobiliser un maximum de moyens pour la protection, nous avons encore ». Parmi ces requêtes, un maximum de tirs de défense, le soutien de l’État pour que la situation actuelle cesse. S’il promet de ne rien lâcher, le préfet rappelle que le plan loup 2024 prévoit la coexistence des espèces, ce qui n’a pas forcément rassurer l’audience de la session chambre du 23 novembre, lors de laquelle il s’est exprimé. 

Rémy Rebeyrotte : les moyens demandés par le Préfet doivent être accordés par le Ministre

Rémy Rebeyrotte : les moyens demandés par le Préfet doivent être accordés par le Ministre

À l'occasion de cette nouvelle attaque d’une génisse, le député Rémy Rebeyrotte - également secrétaire de l'Assemblée nationale - a tenu à réagir pour insister sur le fait que « les moyens demandés par le Préfet doivent être accordés par le Ministre ». Pour le député de Saône-et-Loire, il est clair que « Les choses ne peuvent plus rester en l'état. Nos éleveurs ne peuvent plus supporter davantage que leur cheptel, le travail de toute une vie, soit décimé par la réintroduction dans nos territoires d'un animal prédateur qui n'y était plus présent ». Le secrétaire de l'Assemblée nationale à Paris demande donc que  « dans les meilleurs délais, faire cesser cette situation qui tourne à l'exaspération et mettre tous les moyens pour neutraliser le loup dès que possible ». Rémy Rebeyrotte est intervenu à de nombreuses reprises dans ce sens dans toutes les institutions dans lesquelles il siège. Il était d'ailleurs présent à la dernière réunion à la préfecture avec le Préfet référent loup. Et de conclure sur ce qui était le sens de cette réunion durant laquelle, le préfet Yves Séguy avait obtenu l'intervention de la Brigade nationale Loup - qui malheureusement n'a pas encore permis de prélever le ou les loups. « Le Préfet a demandé des moyens supplémentaires et exceptionnels. Ils doivent lui être accordés toutes affaires cessantes. Je relaie et j'appuie aujourd'hui même sa demande, qui est celle de la profession, directement auprès du Ministre », conclut Rémy Rebeyrotte qui ne désarmera pas sur le temps long.