Les brèves du 27 novembre 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 27 novembre 2023

Les brèves du 27 novembre 2023

Vin : réunis à Narbonne, des milliers de viticulteurs appellent l’État à « agir vite »

Plusieurs milliers des viticulteurs (5.000 de source syndicale, 4.000 selon la préfecture) ont manifesté bruyamment le 25 novembre à Narbonne pour demander à l’État d'« agir vite » face à la crise que connaît leur secteur, touché par des « fléaux exceptionnels ». « Monsieur le Ministre, il est essentiel d’agir vite », a martelé Jérôme Despey, premier vice-président de la FNSEA et viticulteur dans l’Hérault, devant une foule dense rassemblée sur la place de l’hôtel de ville de Narbonne (Aude) qui arborait des panneaux portant des slogans comme « on veut vivre de notre métier », « viticulture ruinée » ou « la viticulture ne nourrit plus nos gamins ». Peu avant 16 h 00, les milliers de manifestants, parmi lesquels se trouvaient une vingtaine d’élus portant écharpe tricolore et autocollant « Buvez du vin, c’est bon pour la santé », se sont élancés, avec force pétards, pour un défilé dans les rues de la ville. La manifestation s’est déroulée sans incidents, hormis « une petite dizaine de feux de végétation ou de poubelles à déplorer », a indiqué la préfecture. À l’appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, « plus de 80 départements » se sont mobilisés la semaine du 20 novembre, avait indiqué, la veille, Hervé Lapie, le secrétaire général de la FNSEA, à Agra Presse. Les services du syndicat majoritaire ont recensé plus de 140 actions entre le 15 octobre et le 25 novembre. Après un premier rendez-vous avec le ministre le 21 novembre, « nous reverrons Marc Fesneau la semaine prochaine » (du 27 novembre, N.D.L.R.), affirme Hervé Lapie, qui demande une « expression gouvernementale, peut-être de la part du chef de l’État, sur la vision stratégique pour l’agriculture. »

Étiquetage du vin : Bruxelles publie une interprétation qui fait débat

La Commission européenne a publié, le 24 novembre, des lignes directrices sur les nouvelles règles d’étiquetage des vins qui avaient été convenues dans le cadre du règlement OCM de la Pac. Ce règlement OCM publié en décembre 2021, impose à compter du 8 décembre 2023, l’étiquetage obligatoire de la liste des ingrédients et de la déclaration nutritionnelle des vins et produits vitivinicoles aromatisés mais laisse la possibilité aux producteurs de présenter ces informations par voie électronique en revoyant, via un QR code, vers un site internet. Mais pour le Comité européen des entreprises vitivinicoles (CEEV) une modification urgente de ces lignes directrices est nécessaire pour éviter la destruction de centaines de millions d’étiquettes de vins déjà imprimées ou présentes dans les rayons. Le CEEV semble découvrir, en effet, que la Commission européenne a décidé d’une nouvelle interprétation de la législation « stipulant que la présentation d’un QR code doit être claire pour les consommateurs quant à son contenu, et que le QR code doit être identifié sur l’étiquette avec le terme “ingrédients” ». La Commission européenne assure que ces lignes directrices ont fait l’objet de discussions avec des experts des États membres. Le CEEV qui dénonce une « interprétation purement bureaucratique », rétorque que les grands pays producteurs (France, Espagne, Italie, Portugal) ont déjà fait part de leurs préoccupations à ce sujet.

Vin : la CJUE précise l’utilisation de la mention « mis en bouteille au domaine »

Un viticulteur peut indiquer le nom de son exploitation même si le pressurage de son raisin a lieu chez un autre viticulteur, a estimé la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) dans un arrêt du 23 novembre. En Allemagne, dans le Land de Rhénanie-Palatinat, un viticulteur utilise les mentions « domaine viticole » et « mis en bouteille au domaine » pour du vin produit à partir de raisins cultivés selon ses propres instructions sur des terres louées à 70 km de là. Après les vendanges, un pressoir installé sur place permet d’y presser les raisins selon les pratiques œnologiques de ce même viticulteur. Saisie par la Cour administrative fédérale allemande, la CJUE conclut que la notion d’exploitation peut être étendue aux terres louées situées à une certaine distance du domaine du viticulteur, pour autant que celui-ci assume la responsabilité de la culture. Cela vaut aussi lorsque les collaborateurs de l’exploitation agricole qui prête le pressoir effectuent le pressurage au nom du viticulteur propriétaire du raisin.

Biodiversité/pesticides : les ONG font appel de la condamnation partielle de l’État

Les ONG de défense de l’environnement qui ont en partie obtenu gain de cause contre l’État dans l’affaire dite « Justice pour le vivant », en juin, on fait appel du reste de la décision rendue en première instance, annoncent-elles dans un communiqué le 24 novembre. Les cinq associations (Pollinis, Notre affaire à tous, Biodiversité sous nos pieds, l’Aspas et Anper-tos) veulent « obliger l’État à corriger les failles de la méthodologie d’évaluation des risques des pesticides ». Elles ont déposé « un mémoire complémentaire » en ce sens le lundi 20 novembre, après avoir déposé un appel devant la cour administrative de Paris. « Le gouvernement peut proposer de nouveaux plans Ecophyto… S’il ne revoit pas l’évaluation des risques des pesticides, il n’arrêtera pas l’effondrement en cours de la biodiversité, et les objectifs drastiques de réduction resteront, comme depuis 2018, des promesses non tenues » assènent les ONG à l’unisson dans le communiqué. En juin, le tribunal administratif de Paris avait condamné l’État français à réparer, d’ici un an, un « préjudice écologique » lié au recours massif aux pesticides dans l’agriculture. Il avait enjoint le gouvernement à mettre en œuvre les objectifs d’Ecophyto et à protéger les eaux souterraines des produits phytopharmaceutiques.

Machinisme : John Deere engrange de nouveaux bénéfices records sur 2023

Les résultats de John Deere n’en finissent plus de grimper. Le géant américain des machines agricole a déclaré, dans un communiqué le 23 novembre, un bénéfice net record de 10,17 milliards de dollars pour l’exercice 2023, contre 7,1 milliards en 2022, et 5,9 milliards en 2021, 2,7 milliards en 2020, 3,26 milliards en 2019. Le bénéfice net de l’année prochaine est annoncé en recul, mais à un niveau élevé, entre 7.75 et 8.25 milliards de dollars. En 2023, le bénéfice a été porté par une hausse du chiffre d’affaires, qui a augmenté de 16 % en 2023. En France, les investissements des agriculteurs étaient également dynamiques sur les deux dernières années. Le Crédit Agricole, premier financeur de l’agriculture, avait réalisé en 2022 une « nouvelle année record », avec 9,3 milliards d’euros (Md€) de prêts accordés au secteur (+13 % par rapport à 2021), avait annoncé la banque en septembre. Quant à 2023, « le début d’année se présentait aussi sous des auspices très positifs », selon Jean-Christophe Roubin, directeur du marché de l’agriculture de Crédit Agricole SA. Mais, après une « légère décrue en juillet et août » et un dernier trimestre attendu en recul, les résultats 2023 devraient finalement être « un peu inférieurs à 2022 ».

Chambres d’agriculture : la Conf’ affiche ses « ambitions » pour le scrutin de 2025

La Confédération paysanne aborde les élections des chambres d’agriculture de 2025 « avec une vraie ambition » et l’objectif de « proposer des listes Conf’ (sans union, N.D.L.R.) partout en France », a annoncé sa porte-parole Laurence Marandola le 22 novembre, lors d’une conférence de presse consacrée au financement des syndicats. Seule « exception » envisagée par le syndicat minoritaire : une liste commune avec le Modef dans les Landes. Lors du précédent scrutin, en 2019, la Conf’avait présenté 92 listes, dans tous les départements, dont quatre listes d’union (avec le Modef et la CR). Pour 2025, « notre deuxième ambition, c’est de progresser partout », ajoute Laurence Marandola. Ce qui pourra prendre une forme différente selon les départements : dans « quelques-uns », il s’agira « d’acquérir la représentativité » (fixée à 10 %) ; dans d’autres de « prendre le collège 1 » (chefs d’exploitation), voire de « prendre la chambre ». Lors des dernières élections, la Confédération paysanne avait récolté 20 % des voix, à la troisième place au niveau national, derrière la Coordination rurale (21 %) et le tandem FNSEA/JA (55 %), quand le Modef était à 1,6 %, selon le ministère de l’Agriculture. Après un recours, la Conf’avait notamment perdu sa chambre emblématique de Loire-Atlantique ; elle ne préside aujourd’hui plus qu’une seule chambre, celle de Mayotte.

Chicorée : l’interprofession en appelle à l’aide du gouvernement, et de la recherche

Alors que les cultivateurs de chicorée français seront confrontés à l’interdiction européenne de la benfluraline en mai 2024, leur interprofession en appelle à l’aide du gouvernement, rapporte Yannick Delourme, responsable du service agronomique de l’Interprofession de la chicorée de France, à Agra presse le 24 novembre. « Je trouve scandaleux que l’Union européenne nous interdise ce produit, alors que la chicorée à boisson est uniquement cultivée dans le nord de l’Europe », souligne M. Delourme. Et d’ajouter que cette interdiction « met en péril la culture », d’autant plus que les producteurs sont incapables de trouver de la main-d’œuvre, mais aussi de la payer, pour lutter contre les chénopodes que la benfluraline cible. C’est pourquoi M. Delourme estime que « l’État devra mettre la main à la poche », à l’instar de ce qu’il a fait pour la filière betteravière. Par ailleurs, il espère que des investissements doivent être consacrés à la recherche. « L’Inrae ne s’est jamais intéressée à nous, et nous nous retrouvons aujourd’hui pieds et poings liés sans solutions ». Fin janvier, l’Union européenne avait acté l’interdiction de cet herbicide utilisé par « cette petite filière de 3000 ha perchée dans les hauts de France ». Selon l’agence européenne de santé des aliments (Efsa), le benfluraline présente « un risque à long terme pour les oiseaux et les mammifères », de même que pour les organismes aquatiques, « même lorsque des mesures d’atténuation sont appliquées ».

Produits laitiers : la conciliation soutient le Canada dans son litige avec les États-Unis

La deuxième procédure de conciliation lancée dans le cadre de l’accord de libre-échange nord-américain (AEUMC) s’est achevée le 24 novembre avec un rapport en faveur du Canada dans le conflit l’opposant aux États-Unis autour des quotas de produits laitiers qui dure depuis bientôt trois ans. Le groupe spécial de règlement, mis en place en janvier dernier à la demande de Washington pour tenter de trouver une issue au conflit commercial, a estimé, par deux voix contre une, que les règles canadiennes liées aux quotas de produits laitiers ne contrevenaient pas aux dispositions du AEUMC, selon un communiqué des services de la représentante américaine au Commerce (USTR). Selon le Canada, les quotas de produits laitiers ne pouvaient concerner un certain nombre de secteurs, tels que la vente au détail ou les entreprises de restauration, ce que les États-Unis contestent, estimant que cela pénalise les entreprises américaines. La représentante américaine, Katherine Tai, s’est déclarée « très déçue » par les conclusions du rapport, estimant que « les États-Unis continuent à avoir de sérieuses inquiétudes sur la manière dont le Canada met en place les règles relatives aux conditions d’accès au marché des produits laitiers dans le cadre de l’accord ». Sans grande surprise le Canada s’est en revanche déclaré « très satisfait ». Les deux pays s’affrontent sur l’octroi des contingents tarifaires, prévus dans l’accord. Ce mécanisme impose un droit de douane nul ou faible sur les importations de certains produits jusqu’à une quantité déterminée.

Élevage : encore trop d’antibiotiques activateurs de croissance dans le monde, tance l’Omsa

L’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) presse les États qui ne l’ont pas encore fait de bannir le recours aux antibiotiques pour faire grossir plus vite les animaux d’élevage, une pratique qui concourt au développement de l’antibiorésistance. « Près de 20 % » des 183 membres de cette organisation internationale basée à Paris « déclarent encore utiliser des antimicrobiens pour stimuler la croissance » des animaux, selon un communiqué publié le 23 novembre. L’Omsa ne précise pas le nom des pays concernés. Tous ses membres s’étaient engagés en 2016 à supprimer progressivement l’utilisation d’antimicrobiens (y compris antibiotiques) comme activateurs de croissance chez les animaux « en l’absence d’une analyse des risques ». L’organisation exhorte les autorités vétérinaires nationales et l’industrie alimentaire à « passer des engagements aux actes ». Pour améliorer les performances économiques des élevages, des antibiotiques sont ajoutés dans l’aliment ou l’eau des animaux sans que ce soit justifié sur un plan médical, pour accélérer leur croissance. Cette pratique est interdite dans l’Union européenne depuis 2006. « Dans certains pays », regrette l’Omsa, la présence à faible dose d’antimicrobiens dans des compléments alimentaires censés améliorer la productivité des animaux n’est pas mentionnée. Des vétérinaires et des éleveurs en administrent alors à leur insu.

Sécheresse en Irak : les fermiers confrontés à des restrictions sur l’eau

En Irak frappé par la sécheresse, 60 % des agriculteurs dans plusieurs provinces ont réduit les surfaces cultivées ou les quantités d’eau utilisées, selon un sondage publié le 26 novembre par une ONG internationale, encourageant les autorités à une meilleure gouvernance des ressources hydriques. Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) constate toutefois que les revenus de certains agriculteurs ont sensiblement augmenté en 2023 par rapport à 2022, grâce notamment à des précipitations « plus élevées que les estimations » initiales, ayant amélioré le niveau des récoltes. L’étude de NRC a été réalisée en juillet et en août dans quatre provinces, à partir du résultat des récoltes et l’impact de la sécheresse sur les foyers, en interrogeant 1.079 personnes, dont 40 % sont des femmes et 94 % des habitants de zones rurales. En 2023, « l’accès à l’eau » a continué « d’affecter la production agricole », selon le sondage : « 60 % des interrogés ont assuré avoir réduit les surfaces cultivées ou les quantités d’eau utilisées en raison de l’extrême sécheresse », dans des provinces du Nord (Ninive, Kirkouk, Salaheddine) ou de l’Ouest (Al-Anbar). L’étude est publiée quelques jours avant la Conférence de l’ONU sur le climat (COP 28), organisée du 30 novembre au 12 décembre aux Émirats Arabes Unis. Avec des températures en hausse, l’Irak vient de traverser quatre années de sécheresse. Le gouvernement fustige les barrages construits en amont par les grands voisins, la Turquie et l’Iran, qui ont drastiquement réduit le débit du Tigre et de l’Euphrate, les deux fleuves débouchant en Irak.

Erratum sur les surfaces de semences de maïs

Contrairement à ce qui était écrit par erreur dans l’Agrafil daté du 23 novembre, le nombre de producteurs de semences de maïs a baissé de 30 % en dix ans, mais pas celui des surfaces de semences de maïs.