Conseil départemental de Saône-et-Loire
Un stand pour « l’amour de notre agriculture » et pour se démarquer des autres régions

Cédric Michelin avec Alain Bollery (creusot-infos.com)
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Samedi 25 février, jour d’ouverture du Salon international de l’Agriculture à Paris, il y avait foule sur le stand flambant neuf du département de Saône-et-Loire. La joie et la fierté se lisaient sur les visages des agriculteurs et viticulteurs présents. Rien à redire, la Saône-et-Loire a fait sensation !

Un stand pour « l’amour de notre agriculture » et pour se démarquer des autres régions

80 m2 dédié à la seule Saône-et-Loire. Le stand du Département est particulièrement beau et avec ses couleurs bleu et jaune, ses tuiles vernissées et ses papiers peints imitation pierres de Bourgogne, l’envie de s’accouder au bar ou acheter des produits à la boutique se fait vite jour.
Le défi de mettre en avant la Saône-et-Loire est donc relevé haut la main par le Conseil départemental qui a prévu une semaine entière d’animations 100 % saône-et-loiriennes. Et ce dès l’inauguration le 25 février du Salon de l’Agriculture à Paris.
Juste après avoir officiellement inauguré le stand, au son du carnavalesque groupe les Insupportables qui attiraient l’attention de toutes et tous dans le Hall 2 rempli de monde, le président du Département, André Accary prenait la parole pour rappeler l’objectif de cette « grande première » : « la Saône-et-Loire n’a jamais eu l’opportunité d’avoir un stand entièrement dédié à nos producteurs. Je tenais à ce qu’on le fasse. C’est important car la Saône-et-Loire est un des départements les plus grands par ses productions : élevage, viticulture, cultures, maraîchages… et c’était donc très frustrant de ne pas avoir de stand. Voilà corrigé », débutait-il, saluant à ses côtés tous les élus et parlementaires présents. Notons d’ailleurs, la présence du député du Mâconnais, Benjamin Dirx ou encore la conseillère en charge du tourisme, Élisabeth Roblot qui tous deux soulignaient et se félicitaient de cette « présence essentielle » pour faire la promotion de nos terroirs et territoires. À l’image de la campagne publicitaire depuis 2020 dans les métros parisien et lyonnais afin d’inciter les urbains à venir visiter ou s’installer en Saône-et-Loire.
On notera que la vie d’éleveur et d’élu n’est pas toujours des plus simple, puisque le vice-président à l’agriculture au Département, Frédéric Brochot – cheville ouvrière de ce projet lui tenant particulièrement à cœur (lire encadré) – était retenu sur sa ferme pour assurer des vêlages. Le président de la Chambre d’Agriculture, Bernard Lacour n’était lui plus de permanence (trois vêlages réussis la veille) et remerciait le Département pour ce stand « reflet des actions conduites ensemble. Stand aussi beau en volume et en nombre d’AOP et autres signes de qualité ». La preuve immédiatement après les discours avec un service de vins blanc Mâcon AOP et de viandes de Charolais. Selon Frédéric Paperin, directeur de la Maison du Charolais, 900 kg de Charolais à déguster étaient prévus. Au vu de la popularité du stand, pas sûr que cela suffise. Ce qui faisait dire à Bernard Lacour qu’il « ne suffit pas d’avoir les meilleurs produits, encore faut-il le faire savoir. Et c’est aussi ce qui donne de la fierté à nos agriculteurs, leur donne de la force et une dynamique sur les territoires ». Le Département donnait aussi la parole à Hugues Pichard, président de l’OS Charolais France et de Races de France. « La race charolaise est indissociable de nos terroirs et s’est développée de par le monde. On doit donc se concentrer sur l’AOP, la génétique pour une viande de qualité comme nulle part ailleurs, pour sa jutosité, sa tendreté et son persillé ». Un discours que ne changerait en rien, le président de l’Union des producteurs des vins Mâcon, Jérôme Chevalier qui à partir d’un cépage mondialisé tel que le chardonnay arrive à le sublimer sur les terroirs du Mâconnais. D’ailleurs, le président du Département ne s’y trompait pas et déclarait le bar « ouvert », ainsi que les nombreuses dégustations.

Se démarquer encore plus

Dans deux interviews données à notre confrère de creusot-infos.com, le président du Département, André Accary revient longuement sur les atouts de la Saône-et-Loire et sur l’envie de se démarquer, y compris au sein de la région Bourgogne Franche-Comté, dont le stand n’était pas très loin. « On le fait pour notre agriculture et nos agriculteurs. On voulait mettre en-avant leurs formidables produits. En Saône-et-Loire on aime notre agriculture, nos agriculteurs et leurs produits ! Cette année, ils sont mis en-avant et le moins que l’on puisse au regard de la fréquentation de notre stand, c’est que le public apprécie. On a voulu être encore plus proche des épicuriens. C’est déjà une très belle première journée, au cours de laquelle on donne une très bonne image, avec le savoir-faire de nos agriculteurs et de nos éleveurs.
C’est très clairement un investissement pour notre département. C’est le sens de ce nouveau stand. Tous les ans, on essaye d’innover pour le tourisme. L’année dernière on l’a fait avec les émissions culinaires de Laurent Mariotte, avec la caravane du Tour de France. Cette année c’est donc avec ce nouveau stand que l’on continue. Et il sera évidemment utilisé sur d’autres événements ».

Vice-président du Département en charge de l’agriculture, Frédéric Brochot est quant à lui plus incisif et critique sur les actions du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté. « Depuis quelques années, je trouvais que notre présence n’était pas assez forte, que l’on n’était pas assez payé en retour de notre participation aux côtés du Conseil Régional. Je l’avais dit à André Accary. Et j’avais clairement signifié à la Région que s’il n’y avait pas de changement on ne participerait plus. La Saône-et-Loire a été le seul des huit départements de la Grande Région à vouloir être très actif de l’ouverture jusqu’à la fin du salon. C’est un joli défi qu’avec le Président Accary nous avons voulu relever… ». Et d’en profiter dans cette interview pour glisser quelques tacles bien placés, notamment avec le déficit pluviométrique hivernal qui menace déjà. Ayant la compétence agricole depuis la loi Notre, « la Région est dans le brouillard et elle n’avance pas. Le problème, c’est que la convention n’est pas signée. On en est au point où, dans la logique, par exemple, les départements ne peuvent plus aider aux financements des récupérateurs d’eau dont les agriculteurs ont besoin.
La Flavescence dorée progresse et la Région a écrit pour dire qu’elle n’apportera plus d’aides. Pour résumer, la Région ne veut pas que l’on finance et elle ne finance plus en disant de se tourner vers les départements. Ces exemples, qui ne sont pas les seuls, montrent en fait que pour affaiblir notre agriculture le Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté ne pourrait pas s’y prendre autrement. C’est grave ! »

Le Département demande donc « une dérogation d’autorisation » pour que « les départements puissent rapidement apporter des financements. J’ai demandé un rendez-vous à Christian Morel, le vice-président du Conseil Régional en charge d’agriculture. Car il y a aussi la question des crédits européens. C’est quand même 2 millions pendant 5 ans. Et que constate-t-on ? Qu’ils changent la grille sans concertation. La vérité, c’est que l’on n’arrive pas à échanger avec la Région. Les agriculteurs sont en grandes difficultés pour leurs investissements. La Bourgogne – Franche-Comté, c’est la seule région de France où ça se passe comme ça. Et la conséquence, c’est une économie qu’ils sont en train de déstabiliser. Comme les autres départements, on attend une proposition pour que se tienne une réunion constructive ».