Race montbéliarde
Un nouvel équilibre

Comme toutes les races de France, la montbéliarde a dû se mettre en conformité avec le nouveau règlement zootechnique européen. Structure fédérant les trois nouveaux OS, Montbéliarde Association a su préserver l’essentiel. Mais l’adhésion des éleveurs ne sera plus acquise comme elle l’était autrefois.

Un nouvel équilibre
La section Bourgogne de la race montbéliarde compte 336 élevages adhérents, présentaient Alain Vuaillat, président et Philippe Maitre, directeur de Montbéliarde Association.

L’assemblée générale de la section Bourgogne de Montbéliarde Association s’est tenue le 10 mars dernier à Châtenoy-le-Royal. Montbéliarde Association est la structure qui fédère la race montbéliarde. Elle remplace l’ex Upra. « Association nationale des éleveurs de montbéliardes », elle est le « parlement racial » réunissant les différents acteurs de la montbéliarde. Un peu plus de 11.000 des 17.000 élevages montbéliards en France adhèrent à l’association. La section Bourgogne comptait 336 adhérents en 2019 soit une vingtaine de moins qu’en 2018.

Après la mise en place du nouveau règlement zootechnique européen, trois organismes de sélection (OS) ont été agréés dans la race montbéliarde : Umotest, EVA Jura (anciennement Jura Bétail) et Les Éleveurs Montbéliards (anciennement Comtoise MLS). À ces trois OS correspondent trois programmes de sélection pour un total de près d’un million d’animaux. Chaque OS définit son propre programme de sélection, gère son propre livre généalogique. Sous sa responsabilité également et désormais à la charge de l’éleveur, l’évaluation génétique des reproducteurs est assurée par la structure collective multiraciale Geneval. Le contrôle de performances est délégué aux opérateurs historiques (contrôle laitier). La certification de parenté bovine est confiée aux EDE.

Tronc commun préservé...

Si l’adhésion était assez « automatique » auparavant, depuis novembre 2018, l’éleveur montbéliard doit faire la démarche de s’inscrire à l’un des trois programmes de sélection, informait Philippe Maitre, directeur de Montbéliarde Association. Structure collégiale, Montbéliarde Association est délégataire des trois OS pour la gestion des livres généalogiques, l’ingénierie morphologique, la promotion raciale, le service aux éleveurs. « Avec Montbéliarde Association, nous avons su garder un tronc commun minimal, mais c’est un équilibre qui reste fragile. C’est une lutte de tous les jours », tempérait le directeur. Et ce dernier d’ajouter : « il faut toujours que la base sache rappeler que ce sont les structures qui sont au service des éleveurs et pas l’inverse ».

Moins de naissance mais plus d’export

La baisse du nombre d’animaux inscrits aux livres généalogiques se poursuit. Elle est de - 24 % en huit ans. Durant la même période, la race a perdu 156.000 inséminations et 76.000 naissances. Après l’impact de l’avènement des semences sexées, le sexe ratio s’est stabilisé avec 56,5 % de femelles pour 43,5 % de mâles. La montbéliarde s’est particulièrement bien exportée en 2019. Plus de 20.000 pédigrees export ont été délivrés soit près de 5.000 de plus qu’en 2018. Et un million de doses de semences ont été vendues à l’export en 2019.

Service désormais payant

Concernant le service, de nouveaux contrats sont entrés en vigueur avec les OS et les entreprises de mise en place. Cela débouche sur de nouvelles règles tarifaires. « On va désormais faire participer l’éleveur au financement du service », informait Philippe Maitre qui indiquait une participation jusqu’à 5 € par vache. Cette évolution risque de mettre un terme à une époque où « l’adhésion était la plus large possible en montbéliarde », prévenait le directeur. Si le taux de pénétration est encore très élevé aujourd’hui (plus de 60 % des vaches en contrôle laitier), il pourrait se dégrader avec la mise en place de cette nouvelle tarification. « Et si trop d’éleveurs quittaient le navire du pointage, alors nous aurions un problème pour entretenir la population de référence », alertait Philippe Maitre.

Pour conclure sur une note positive, la part de la montbéliarde continue de croître dans le cheptel laitier français, même si près de deux laitières sur trois sont encore des vaches à dominante noire et blanche. Avec la Normande, les trois races de tête représentent 90 % de l’effectif laitier français.

Nouveau poste de pointage : écart arrière des trayons

Un nouveau poste de pointage entrera bientôt en vigueur. Il concerne l’écart arrière des trayons. En effet, des problèmes de traite liés à des trayons arrière trop rapprochés étaient régulièrement signalés. La race a donc décidé de plancher sur la question en étudiant la distance entre les bords intérieurs des trayons arrières. Or il s’avère que 20 à 25 % des femelles ont un écart de trayon arrière inférieur à 2 cm, révélait Philippe Maitre. Ces données démontrent l’importance de sélectionner ce critère « écart arrière des trayons » à part des autres. Cela fera un nouveau poste à collecter pour le calcul d’un nouvel index, annonçait le directeur.

Indexation : deux réformes conséquentes en 2021

Deux réformes conséquentes pour l’indexation sont attendues pour 2021, annonçait Philippe Maitre. La première sera la mise en place de la méthode d’indexation « Single Step ». Depuis le début de la sélection génomique en 2008, les évaluations génétiques se déroulent en plusieurs temps. Il y a d’abord l’évaluation dite polygénique qui consiste à indexer les animaux d’une population de référence sur leurs performances et leur valeur génétique (ascendance). Les données des évaluations polygéniques servent ensuite à établir les équations de prédiction génomiques. Ce sont ces dernières qui, à partir de la lecture du génotype d’un animal donné, permettent de prédire la valeur génétique (en index génomiques) de cet animal. Le problème, c’est que le déploiement de la génomie a introduit une présélection génomique qui a plusieurs conséquences. Elle élimine les animaux les moins intéressants sur index génomiques. Et du coup, ces animaux n’ont donc pas de performances. Résultat : le progrès génétique est sous-estimé (puisque ne prenant pas en compte les performances des moins bons animaux) et les jeunes reproducteurs sont pénalisés, expliquait Philippe Maitre. C’est pour ces raisons qu’à partir de 2021, l’indexation sera calculée en une seule étape « Single Step » qui intégrera en même temps « le poly et le génomique », expliquait le directeur. « L’impact en sera que les meilleurs seront encore un peu meilleurs et les moins bons encore un peu moins bons ».

L’autre nouveauté de 2021 concernera l’ISU. Inchangé depuis vingt ans, l’ISU sera réformé. Les évolutions probables seraient une intégration du critère viande ; un rééquilibrage possible des fonctionnels ; plus de longévité, etc.

Quatre montbéliardes à plus 100.000 kg de lait

Quatre montbéliardes à plus 100.000 kg de lait

À l’occasion de son assemblée de section à Châtenoy-le-Royal, Montbéliarde Association a mis à l’honneur quatre vaches bourguignonnes ayant atteint en 2019 plus de 100.000 kg de lait produit dans leur carrière. Il s’agit d’Ulycia (107.285 kg de lait, 11 lactations), appartenant au Gaec Galoche de Châtenoy-le-Royal ; Acadienne (112.360 kg, 10 lactations), appartenant au Gaec de la Chevrotière de Montpont-en-Bresse ; Belle (115.640 kg, 10 lactations), appartenant au Gaec de la Montbéliarde d’Époisses (21) et Uniflore (123.437 kg, 11 lactations), appartenant au Gaec Boudier du Miroir.