Évelyne Jusselin
Des plantations pensées sur le très long terme

Régis Gaillard
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Installée en Côte chalonnaise, Évelyne Jusselin va prochainement agrandir son exploitation en plantant un peu moins d’un hectare de vignes. Une démarche pensée non seulement avec grand soin mais sur le très long terme, tant techniquement qu’économiquement.

Des plantations pensées sur le très long terme
Évelyne Jusselin est très attachée à l’aspect transmission d’un patrimoine.

Le mot transmission est riche de sens pour Évelyne Jusselin. Après avoir profité de ladite transmission de la part de ses parents puis avoir fait grandir son exploitation, c’est dans cet état d’esprit que se trouve notre viticultrice aujourd’hui au moment de voir son gendre et, par la suite, sa fille la rejoindre (comme salariée dans un premier temps) à Saint-Boil. Alors qu’elle dispose d’une structure de 19 hectares avec, côté appellations, du bourgogne Côte chalonnaise blanc et rouge, du montagny, de l’aligoté et du crémant, cette adhérente à la cave de Buxy a anticipé le retour prochain de ses « enfants » sur l’exploitation familiale.

Investir pour le futur

« J’ai eu l’opportunité d’acheter 1,60 hectare en appellation mais je n’ai eu que 57 ares de droits exceptionnels accordés. Je vais demander cette année de nouveaux droits pour 1 hectare sachant qu’ils ne seront peut-être pas acceptés. Le déboisement a eu lieu sur toute la surface avec du travail de sous-solage, d’enlèvement de pierres, d’épandage de fumier et de broyage de pierres. La partie à planter a nécessité du bêchage ». Quant au choix du cépage, il s’imposait de lui-même. « J’ai planté du chardonnay pour, ensuite, produire du raisin dans le cadre de l’appellation bourgogne Côte chalonnaise blanc. Il n’y avait pas assez de profondeur pour du rouge. C’est un sol assez calcaire ».

Avant de planter les vignes, il a été nécessaire de soigneusement penser à l’ensemble de la démarche. « Comme je suis en appellation, il y a un cahier des charges précis à respecter. Pour les 57 ares, cela devrait voir la plantation d’environ 8.400 pieds que je vais prendre chez un pépiniériste. Cela suppose aussi quelque 1.500 piquets et environ une tonne de fils ».

Côté financier, Évelyne Jusselin a également soigneusement calculé son investissement. « J’ai réalisé un emprunt, assez classique, sur quinze ans. Il faut avoir à l’esprit qu’il s’agit d’un investissement de très long terme avec une rentabilité qui va s’étaler dans le temps. Avec, en mémoire, que l’on n’aura des récoltes pleines qu’à partir de la cinquième année. Pour une telle plantation, le coût pour des greffes achetées et de mise en place par des planteurs est d’environ 1,50 € par greffe. Pour les piquets, les amarres, les fils et les gripples, il faut compter quelque 10.000 € HT. Avec le travail mécanique, l’achat et l’épandage du fumier, une telle plantation coûte au minimum 30.000 € voire plus, car j’ai dû faire du déboisement et du terrassement (25.000 €). Avant toute plantation, il faut faire une analyse de sol afin de bien choisir son porte-greffe. C’est un investissement que je fais en pensant à ce que je vais laisser à ma famille ».