Concours général agricole
Le prix des fleurs

Françoise Thomas
-

Alix Trossat participe au concours des pratiques agroécologiques, plus précisément dans la catégorie Fauche prioritaire plaine et piémont du prix Prairies & parcours, organisé dans le cadre du Concours général agricole. L’éleveur de Beauvernois saura en mai prochain s’il est l’heureux lauréat puisque la finale a été reportée et programmée dans le cadre de la Semaine de l’agriculture, organisée en lieu et place du Salon de l’Agriculture 2021 de Paris.

Le prix des fleurs
En mai 2020, la délégation du jury pour le concours général agricole sur la parcelle récompensée pour sa grande diversité floristique.

C’est sur les conseils de l’ancien maire de sa commune et président à ce moment-là du site Natura 2000, qu’Alix Trossat a participé au concours général agricole pour l’un des prix 2020 des pratiques agroécologiques. Il faut dire que Joël Prost connaissait les conduites culturales de l’éleveur et savait que plusieurs de ses parcelles répondaient aux critères recherchés pour la catégorie fauche prioritaire en plaine et piémont, l’un des prix du Concours général agricole (CGA).

La délégation du CGA qui s’est rendue chez Alix Trossat, à Beauvernois, aux limites du Jura, fin mai 2020, n’a pu que constater une diversité plus qu’intéressante dans la prairie de 8 ha.

« Située le long d’un cours d’eau et avec un bosquet au milieu, j’ai toujours connu cette parcelle, que je suis en train de racheter à l’un de mes oncles, en prairie permanente », présente l’agriculteur.

Dense, homogène, varié

Et en effet, les experts qui sont venus sur place au cœur du printemps ont dénombré pas moins de 58 variétés de graminées et de légumineuses différentes. Cette parcelle a donc obtenu la meilleure note du territoire car « elle apparaît comme étant la plus équilibrée tant au niveau agronomique qu’environnemental », peut-on lire dans le compte-rendu de la délégation. Ce qui se traduit aussi par une répartition dans la parcelle « homogène avec une bonne implantation et une densité intéressante tant sur une strate de fond qu’un étage sur pied », poursuit l’argumentaire. Ce qui donne un fourrage dense et de qualité avec « des feuilles et tige intéressantes au niveau diététique ». Une aptitude qui permet enfin « à l’agriculteur une souplesse d’exploitation avec des espèces à la fois précoces et tardives », en sachant qu’elle est « fauchée plus tardivement que les autres parcelles de l’exploitation, de par son caractère humide ».

Ils sont désormais une dizaine à concourir en finale nationale, mais pour ce prix obtenu en local, Alix Trossat va bénéficier d’un an d’accompagnement par la chambre d’agriculture du Jura pour le suivi et l’amélioration de la gestion de ses prairies. Une aide qui intéresse l’éleveur, lui qui vient d’intégrer 15 ha supplémentaires dans sa rotation comme prairie temporaires. « Le réchauffement climatique nous oblige à changer nos habitudes et à faire évoluer nos pratiques », explique-t-il.

Des prairies à bichonner

Actuellement éleveur d’angus pures et croisées charolaises, il convertit progressivement son cheptel pour n’avoir plus que des angus pures. Facilité de vêlage et de conduite d’élevage sont les principales raisons pour laquelle Alix Trossat s’est orienté vers cette race lorsqu’il a stoppé la production laitière. C’est aussi une viande recherchée « pour la qualité de sa viande et notamment son persillé ce qui permet de développer la vente directe et des marchés de niches », explique l’éleveur. Mais également ces animaux « se nourrissent très facilement à l’herbe et sont peu exigeants »… encore faut-il en avoir de l’herbe à leur proposer.

« L’an passé j’ai dû commencer à les complémenter en fourrage dès le mois de juillet, et en automne la repousse de l’herbe n’a pas non plus été suffisamment importante pour interrompre l’affouragement ».

D’où la politique d’Alix Trossat de bichonner ses prairies.

Il apporte notamment fumure et lisier, lequel a été ensemencé par les bactéries Sobac. Bien évidemment, aucun travail du sol pour les permanentes. La prairie en concours n’est par ailleurs jamais pâturée et fauchée une à deux fois « si la repousse le permet » …

Une faune aussi présente

En bord de rivière, dans une zone inondable de la Bresse jurassienne, les visiteurs experts ont relevé sur place « des bosquets et une ripisylve composée de différentes strates (arborescente, arbustive et herbacée) [qui] viennent compléter l'habitat prairial, et sont favorables aux pollinisateurs et aux oiseaux ». Lors de leur visite, les membres de la délégation avaient notamment relevé la présence à proximité de la parcelle d’oiseaux comme le courlis cendré, la caille des blés et le tarier des prés, mais également de deux papillons menacés sur le territoire : le cuivré des marais et le damier de la succise.

Une diversité faunistique signe d’une diversité floristique permettant un fourrage de qualité.

Cela permet de produire une viande goûtue et appréciée des consommateurs.

En développant progressivement la vente directe, Alix Trossat peut expliquer à ses clients les principes de sa conduite d’élevage et les vertus de ses pâturages naturels.

En piste pour les prix 2021

À peine attribués, les candidatures pour désigner les prochains lauréats sont déjà ouvertes.

Ainsi, le parc du Morvan lance notamment un appel aux agriculteurs se trouvant sur le territoire du site natura 2000 "bocage, forêts et milieux humides du sud Morvan" et souhaitant concourir au CGA dans le cadre des pratiques agroécologiques et plus précisément dans la catégorie prairies et parcours. 

Participer dans un premier temps au concours local 2021 (gratuit) c’est déjà « l’occasion de mettre en avant, aux niveaux local et national, l'intérêt des prairies extensives et la qualité du travail mené par les agriculteurs, en lien avec la qualité et la typicité des produits du Morvan », invite le communiqué présentant le concours. 

Cela permet aussi, en tant qu’agriculteur, de recevoir des informations et des conseils de gestion des prairies de la part du jury d’experts qui visite les parcelles. Ces spécialistes sont botaniste, apiculteur, agronome, etc.

Cette délégation, qui viendra sur place les 27 ou 28 mai prochains, jugera de la parcelle présentant le « meilleur équilibre entre valeur écologique et valeur agronomique », en se basant notamment sur les richesses en espèces présentes.

Pour l’instant, les remises des prix sont programmées, pour le niveau local lors de la Fête de l’automne et des Associations le 2 octobre prochain, et pour le niveau régional lors du Salon de l’Agriculture à Paris en 2022…

Prix prairies fleuries

En plus du parc du Morvan, d’autres territoires du département sont eux aussi à même de lancer un appel à candidature. Pour le prix concernant les prairies fleuries, les parcelles se situant sur les communes faisant partie du territoire Vallée de la Saône, peuvent elles aussi candidater. Ce secteur est géré par la chambre d'Agriculture de Saône-et-Loire (contacts Fabienne Salvi et Bertrand Dury) en partenariat avec l’EPTB Saône-Doubs. Pour ce secteur, quatre parcelles seront retenues et visitées en mai. Si la diversité floristique est le principal critère pour désigner le lauréat, l’environnement paysager et les pratiques agricoles sont également pris en considération.