Les brèves du 28 mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 28 mars 2023

Les brèves du 28 mars 2023

Assurance récolte : +550 000 ha assurés dont la moitié en prairies pour Groupama

Groupama a conclu « autour de 7000 nouveaux contrats » d’assurance récolte depuis l’entrée en vigueur de la réforme sur la gestion des risques le 1er janvier, a annoncé la directrice du marché agricole Nadia Roignant Creis en conférence de presse le 27 mars. Cela représente « une croissance brute des surfaces assurées de 550 000 ha ». « On a un développement de l’assurance, une tendance positive, mais pas le choc assurantiel que nous avions espéré », a déclaré le directeur des relations institutionnelles Pascal Viné, qui demeure toutefois optimiste sur la montée en puissance du dispositif. La réforme assurantielle « suscite de l’adhésion » en prairies, avec 2700 contrats nouveaux, contre 110 contrats souscrits l’an passé, a détaillé Mme Roignant Creis. Cela « correspond à 270 000 ha et plus de 220 M€ de capitaux assurés », a complété Pascal Viné. En grandes cultures, alors que la campagne de souscription se termine le 30 mars, Groupama enregistre « 500 M€ de capitaux assurés complémentaires », a ajouté la directrice du marché agricole. En revanche, en arboriculture, Groupama compte sur la création du pool de co-réassurance en 2024 pour améliorer l’offre assurantielle. L’assureur compte « une centaine » de contrats arboricoles en 2023, contre « une quarantaine l’an passé », a indiqué Mme Roignant Creis.

 

Aléas climatiques : le bilan sinistralité de Groupama plombé par la sécheresse et la grêle

Lors d’une conférence de presse le 27 mars, Groupama a présenté son bilan de la sinistralité climatique en agriculture en 2022. Le premier assureur agricole français a enregistré un « record » des déclarations sécheresse : « 60 % des assurés multirisques climatiques nous ont déclaré un sinistre sécheresse, ce qui représente à peu près 700 000 ha », a indiqué la directrice du marché agricole Nadia Roignant Creis. Le sud-ouest de la France a été « particulièrement touché », car cette région « pèse 30 % du poids de la sécheresse pour Groupama », a précisé Mme Roignant Creis. Deuxième aléa climatique marquant en 2022 : les épisodes de grêle en juin et juillet avec 380 000 ha de surfaces déclarées sinistrées. « C’est environ 10 % des surfaces qu’on assure, ce qui est absolument du jamais vu pour nous d’avoir cette ampleur de sinistralité en grêle », a déclaré la directrice assurances Delphine Létendart. Le maïs est la production la plus affectée par la combinaison de ces deux aléas. « Le rapport sinistre à cotisation (S/P) […] est de 200 %, ce qui veut dire que pour 100 euros de cotisations versées par nos exploitants, on a indemnisé 200 euros », a indiqué Mme Roignant Creis. Au global, tous aléas climatiques confondus en 2022, le S/P est de Groupama est « légèrement supérieur à 100 % ».

 

Manifestations contre les bassines : un deuxième manifestant dans le coma

Une deuxième personne, blessée le 25 mars lors des violents affrontements à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) entre les manifestants opposés aux retenues d’eau et les forces de l’ordre est dans le coma, a appris l’AFP le 27 mars de source proche du dossier. L’information confirme celle diffusée sur BFM TV, où une femme présentée comme la mère de ce manifestant avait annoncé que « Michael, 34 ans » était en train « d’être opéré du cerveau ». « Il n’est pas black bloc, ni quoi que ce soit », a-t-elle ajouté. Le 25 mars, un homme de 30 ans avait été grièvement touché à la tête, avec un pronostic vital engagé. Le parquet de Niort avait annoncé le lendemain avoir ouvert une enquête spécifique sur les circonstances dans lesquelles trois manifestants au total, dont une femme de 19 ans et un autre homme de 27 ans, avaient été sérieusement blessés. Au total, la préfecture a dénombré 47 militaires et sept manifestants blessés. Du côté des associations organisatrices – la Confédération paysanne, le collectif Bassines non merci et le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre –, le bilan est beaucoup plus lourd : 200 manifestants blessés, dont « trois personnes ont même eu leur pronostic vital engagé ». Les chiffres du parquet ne portent que sur les blessés officiellement secourus, ce qui peut expliquer l’écart entre les chiffres.

 

Sécheresse : le plan Eau sera présenté « jeudi », assure Christophe Béchu

Le plan du gouvernement pour améliorer la gestion de l’eau « est bouclé » et « j’aurai l’occasion de le présenter jeudi » 30 mars, a déclaré Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, sur France Inter le 27 mars. Initialement prévu le 26 janvier, ce plan a été reporté, puis annoncé comme imminent à de multiples reprises. Selon le ministre, ce plan portera sur la gestion quantitative de la ressource – comment faire avec moins –, mais aussi sur la qualité de l’eau. « Nous n’avons que 44 % des masses d’eau en France qui sont dans un bon état écologique », a précisé Christophe Béchu à l’antenne de France Inter. La question de la gouvernance sera également à l’ordre du jour, alors qu’il existe « aujourd’hui un système assez kafkaïen sur la gestion » de l’eau, estime le ministre. Et d’ajouter qu’il sera aussi question de « moyens, parce qu’il n’y a pas de plan s’il n’y a pas de finance ». Par ailleurs, Christophe Béchu a fait allusion à une modification de la réglementation sur les forages, car « aujourd’hui vous pouvez forer et prendre des milliers de mètres cubes avec parfois très peu d’autorisations ». Le 25 mars, le ministre avait également souligné sur France Info que ce plan Eau comporterait un « volet agricole ».

 

Peste porcine africaine : premiers résultats « prometteurs » pour le vaccin de l’Anses

L’Anses a obtenu des premiers résultats « prometteurs » pour son candidat vaccin contre la peste porcine africaine (PPA), annonce-t-elle sur son site web le 24 mars. Que ce soit par voie oronasale ou intramusculaire, celui-ci procure une « protection totale » contre la PPA à partir de 14 jours après l’inoculation du vaccin, comme le montre une étude parue en décembre 2022 dans la revue Viruses. Seule une mortalité de moins de 20 % (trois porcs sur 17) a été observée dans les dix jours après inoculation par voie intramusculaire, contre aucune perte par voie oronasale. Les porcs exposés à la PPA mais non protégés sont, eux, tous morts. Baptisée ASFV-989, cette souche atténuée thermiquement a été découverte « fortuitement » par le laboratoire national de référence pour la PPA de Ploufragan-Plouzané-Niort. Les études de l’Anses ont « confirmé la faiblesse des symptômes » qu’elle provoque. Avant une production industrielle, l’Anses a déposé un brevet, et « des études sont toujours en cours, notamment pour s’assurer que cette souche atténuée ne peut pas se transmettre d’un animal à un autre ni redevenir virulente », précise l’Anses. « Les sangliers seraient probablement la première cible pour le vaccin en Europe de l’Ouest », précise l’Anses, confirmant une piste évoquée dans notre enquête parue dans Agra Presse hebdo.

 

Loup : le Conseil d’État n’examinera pas les demandes des chasseurs

Le Conseil d’État a rejeté le 27 mars le pourvoi de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) qui demandait d’annuler les textes fixant la composition du Conseil national loup (CNL). La cour administrative d’appel de Lyon avait déjà rejeté cette demande en mai 2022. Les juges, contrairement aux arguments déployés par les chasseurs, avaient estimé que le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l’origine du texte n’avait commis « aucune erreur manifeste d’appréciation » en nommant la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) dans le groupe, et en faisant des lieutenants de louveterie des représentants du monde cynégétique. Dans cette nouvelle décision, le Conseil d’État ne se prononce pas sur le fond, considérant simplement que les moyens juridiques déployés par les chasseurs ne sont « pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ». Les juges ont estimé que les arguments des avocats des chasseurs concernant des erreurs de droits ou des dénaturations des pièces du dossier n’étaient pas suffisamment « sérieux » pour justifier la saisine du Conseil d’État.

 

Vin : Auvergne-Rhône-Alpes renforce ses aides à la filière sur 2023-2027

La région Auvergne-Rhône-Alpes a renouvelé le 24 mars son plan de soutien à la filière viticole, en débloquant 10,5 millions d’euros (M€) sur 2023-2027. Un budget qui augmente par rapport aux 3,4 M€ de la programmation 2018-2021. Ce nouveau plan pour la filière viticole suit « plusieurs objectifs comme le soutien aux exploitations, l’accompagnement face aux enjeux climatiques, le soutien à la compétitivité des exploitations ou encore la promotion de la qualité des productions », selon le communiqué. Quatre axes sont retenus : adaptation des productions aux enjeux environnementaux et sociétaux ; création de valeur, développement économique et conquête de nouveaux marchés ; développement de l’œnotourisme et renforcement de l’image d’Auvergne-Rhône-Alpes comme région viticole ; animation de la filière. Toutes filières confondues, la région annonce 90 M€ pour soutenir 21 filières, soit 18 M€/an (contre 9 M€/an précédemment). Objectif : soutenir les investissements dans les exploitations, accompagner les filières dans une stratégie collective (campagne de communication, conseil, etc.). « L’accent est aussi mis sur les enjeux climatiques : 30 % du budget des plans filières est consacré à l’adaptation aux changements climatiques », d’après le communiqué.

 

Lait et viande : production en recul pour Eureden, dans un contexte globalement favorable

Les productions de lait et de viande de la coopérative Eureden ont baissé en 2022 en raison d’une diminution des cheptels bovins, rapporte-t-elle dans un communiqué le 24 mars. La production de viande bovine du groupe breton a diminué l’année dernière et « devrait de nouveau baisser en 2023 pour la troisième année consécutive ». Cependant, dans le contexte de prix actuel (+25 % sur les cours en 2022), la stabilité de la consommation « laisse entrevoir des perspectives intéressantes notamment en termes de rémunération ». Côté lait, la baisse de la collecte est liée à des arrêts d’activité après des départs en retraite. Sur ce marché aussi, Eureden note que la consommation est « restée stable » et les prix « favorables » (+25 % sur le lait, +70 % sur la poudre, +100 % pour le beurre). La coopérative a mis en place des actions pour limiter les effets de l’inflation : couverture pour l’achat des aliments, sécurisation du prix de vente au kilo de carcasse, développement de l’autonomie alimentaire… L’autre grand chantier de 2022 a été la mise en place des contrats « Egalim 2 » pour les jeunes bovins, intégrant le prix d’achat du maigre, la charge alimentaire, la rémunération de l’éleveur (deux Smic) et les charges de l’atelier. « Un véritable outil pour donner de la visibilité à l’ensemble de la filière », se félicite Eureden.

 

Légumineuses : le génome « géant » de la féverole enfin séquencé

Dans un communiqué de presse du 23 mars, l’Inrae a annoncé qu’un consortium international, comprenant certains de ses chercheurs, était parvenu à assembler et annoter pour la première fois la séquence du génome de la féverole. Qualifié de « géant », le génome de cette légumineuse est « au moins quatre fois plus grand que le génome humain », rapporte l’institut de recherche. L’information génétique est quant à elle portée par seulement six paires de chromosomes. Le premier chromosome, le plus long, « fait à lui seul la taille des 23 chromosomes du génome humain ». Utilisées dans l’alimentation animale et humaine, les fèves et féveroles sont capables de fixer l’azote atmosphérique et de se procurer des nutriments grâce à des interactions bénéfiques avec des bactéries ou des champignons du sol, « permettant ainsi de réduire le recours aux engrais ». Elles fournissent des « services écosystémiques très recherchés dans un contexte de transition vers des systèmes agricoles plus durables », souligne l’Inrae. Publiée dans la revue scientifique Nature, l’étude du consortium « permettra d’améliorer la performance des variétés vis-à-vis des aléas climatiques et des pressions de ravageurs, ainsi que la régularité du rendement et la valeur nutritionnelle des graines », soutient le communiqué de l’Inrae.

 

Haies : la Grande-Bretagne clarifie ses objectifs

La secrétaire d’État à l’Environnement de Grande-Bretagne, Thérèse Coffey, a déçu les associations écologistes fin mars en précisant que la restauration et la plantation de 48 000 km de haies d’ici 2037 représentent bien un objectif total sur la période, rapportent nos confrères du Guardian. Cet objectif, rappellent les journalistes, s’éloignerait significativement des recommandations du Haut conseil britannique pour le climat (CCC) qui invitait à augmenter de 40 % la surface totale de haies d’ici 2050. Alors que la Grande-Bretagne compterait actuellement 800 000 km de haies, cette hausse aurait supposé de planter 11 800 km de haies par an, contre seulement 3200 km dans l’objectif officiel du gouvernement. « Nous devons au moins doubler l’ambition », invite Tom Ryans, président par intérim de l’ONG CPRE (association de protection de l’environnement). L’objectif britannique s’avère en revanche très proche des ambitions de France 2030, qui a financé 7000 km de haies sur deux ans. Avec 750 000 km dans l’Hexagone, maintenir ce rythme durant les quinze prochaines années permettrait alors d’atteindre environ 800 000 km de haies au total d’ici 2037, soit 3 % de la SAU (coefficients Pac 2023). Avec 17,1 Mha de surface agricole, la Grande-Bretagne pourrait de son côté déjà revendiquer 5 % de SAU plantés de haies.