Fauches précoces
Comment gagner rapidement de la matière sèche avec des fauches précoces ?

Marc Labille
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Le webinaire Herbe du 13 avril dernier proposé par la Ferme expérimentale de Jalogny consacrait un volet à la fauche précoce avec en ligne de mire une meilleure qualité de fourrage récolté. Hauteur et techniques de fauches ont été passées au crible pour un séchage optimal.

Comment gagner rapidement de la matière sèche avec des fauches précoces ?
A gauche une fauche à 7 cm ; à droite une fauche trop basse à seulement 5 cm.

« Le changement climatique se traduit par une avancée des stades de végétation avec des départs printaniers très précoces. Il en résulte des premières coupes intervenant à des périodes plus humides. À cela s’ajoute un nombre de jours de gels certes moins élevé, mais avec des gelées tardives… Ce qui provoque un stress thermique engendrant des montées en épis », introduisait Pierre Vergiat de la Chambre d’Agriculture de la Loire. Or les premières coupes représentent 30 à 40% du rendement annuel et même bien davantage en cas de sécheresse, poursuivait le technicien. Et ce avec une valeur alimentaire avantageusement riche. 

Avec des fenêtres météo qui se restreignent lors de printemps humides, ces premières coupes à forts enjeux économiques donnent lieu à des chantiers qui se font tous en même temps, avec des matériels de plus en plus performants pour des débits de chantiers démultipliés, constate l’intervenant.

7 cm, ni plus, ni moins ! 

Dans ces conditions, le défi est « comment obtenir rapidement 30 à 35% de matière sèche ? », pose Pierre Vergiat. Car l’enjeu est de limiter les pertes par les jus et d’avoir un fourrage de bonne conservation. La règle incontournable est une « hauteur de fauche de 7 cm, ni plus, ni moins ! », plaide l’expert. Du respect de cette hauteur dépend la vitesse de repousse et le rendement annuel de la prairie. Il est en effet possible de gagner jusqu’à 1 tonne de matière sèche par hectare en passant d’une coupe rase (5 cm) à une fauche à 7 cm de hauteur, argumente Pierre Vergiat. En termes de qualité, la fauche moins rase peut faire gagner 1 point supplémentaire de teneur en matière azotée totale. À cela s’ajoute une moindre présence de terre dans le fourrage ce qui signifie moins de problèmes de butyriques. 

Fauché plus haut, le fourrage sèche mieux et plus vite puisque l’air circule mieux dessous. A 7 cm, la coupe épargne les réserves des graminées au niveau de leur plateau de tallage ; elle freine le développement des rumex, pissenlits, chiendents que les fauches rases favorisent malheureusement. Enfin, la fauche à 7 cm prend soin du matériel en évitant les pierres, la terre… « Il faut donc prendre le temps de régler sa faucheuse », résume Pierre Vergiat qui ajoute que l’affûtage est important aussi.

Fauche à plat à 7 cm suivie d’un fanage 3 heures après

Fauche à plat à 7 cm suivie d’un fanage 3 heures après

Dans la Loire, la Chambre d’agriculture a réalisé des essais sur la hauteur de fauche en 2020. Comparée à une fauche à 5 cm, une fauche à 9 cm a fait gagner 700 kg de matière sèche par hectare en plus (5,1 TMS/ha contre 4,4). En valeur alimentaire, le gain est de + 1,1 points de matière azotée totale et de + 0,5% de digestibilité en plus, rapporte Pierre Vergiat.

Différentes techniques de fauche ont par ailleurs été comparées (rotative, rotative + fanage 3H après fauche, conditionneuse andain serré, conditionneuse andain large, conditionneuse avec conditionneur ouvert). Les enseignements de ces essais font ressortir que réaliser un andain large permet à la plante de perdre rapidement son humidité. Ils remettent en cause l’utilisation classique des conditionneuses afin de maintenir la respiration de la plante favorable à la perte d’humidité. « Le meilleur compromis est une fauche à plat à 7 cm de hauteur suivie d’un fanage 3 heures après la fauche, lequel favorise un contact avec le soleil le plus large possible », conclut Pierre Vergiat.

Retour de la faucheuse à section

Ces essais seront poursuivis en 2021 avec trois types de fauche : en andain avec conditionneuse, à plat avec rotative et avec une faucheuse à section. Ce dernier équipement fait son retour dans les campagnes après avoir été supplanté il y a une quarantaine d’années par les faucheuses à disques. De conception moderne, ces nouveaux équipements apportent une qualité de fauche, préservent la vitesse de repousse puisque fauchant assez haut et ils promettent d’importants débits de chantiers car nécessitant peu de puissance, fait valoir Pierre Vergiat. Cette technique de fauche remise au goût du jour fera l’objet d’un essai grandeur nature, complète l’expert de la Chambre de la Loire.