C’est sur un ton résolument positif et bon enfant que s'est déroulée la première émission d’Agriculturez-vous. Imaginé par la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, ce plateau TV mobile a été produit par votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire avec le soutien de nombreuses organisations, à commencer par le Conseil Départemental de Saône-et-Loire, Groupama Rhône-Alpes-Auvergne et le Crédit Agricole Centre-Est.

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Le plateau d'introduction d'Agriculturez-vous dans le magnifique Château de la Verrerie au Creusot

Réalisé - par Psand Production à la régie vidéo – depuis le magnifique Château de la Verrerie au Creusot, la tension montait d’un cran sur le coup des 14h jeudi 22 avril alors que s’égrenait le compte à rebours du direct. Une première historique pour votre journal né il y a 76 ans et qui faisait ainsi ses premiers pas audiovisuels. Il fallait donc marqué le coup et c’est donc les présidents de la Chambre d’Agriculture, de la FDSEA et de la Communauté urbaine Creusot-Montceau (CUCM) - respectivement Bernard Lacour, Christian Bajard et David Marti -, qui ouvraient les débats.
Priorité à l’hôte du jour, David Marti rappelait tout le travail mené pour développer les circuits courts, à travers déjà une convention avec l’abattoir d’Autun pour approvisionner les cantines scolaires en bonnes viandes locales et de qualité. « Notre point faible, c’est le maraichage donc nous travaillons dessus », là encore avec la Chambre d’Agriculture, comme sur la question de la gestion de l’eau en cas de sécheresse. « Le territoire de Saône-et-Loire se prête à la diversité, à l’élevage, aux cultures et à la viticulture », insistait Bernard Lacour qui y ajoute « de nombreuses AOC, une agriculture de circuit-courts et de proximité » le tout concilié avec « une mission exportatrice ». Derrière ses propos, il soulignait le beau travail des agricultrices et agriculteurs de Saône-et-Loire qui sont accompagnés par nombre d’organisations professionnelles dont les services de la Chambre d’Agriculture. Ils ne sont pas les seuls, collectivités, associations, citoyens… en bénéficient aussi « autour des questions de territoires, d’adaptation aux attentes de la société et au changement climatique ». Avec une aide tout particulière « pour les porteurs de projets, l’installation des jeunes et autour des métiers qui se "féminisent" », concluait-il. Pour le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, l’agriculture « n’est certes jamais un long fleuve tranquille mais, avec le changement climatique, il nous faut trouver de nouvelles manières de nous adapter ». Plus facile à faire lorsqu’on est en capacité de le faire et en bonne santé financière. « Certaines filières sont plus fragiles. En élevage, on se bat pour obtenir des prix rémunérateurs. Il existe des exemples locaux montrant que c’est possible d’avoir de justes prix sur de la bonne viande charolaise ». Une question aussi d’organisation de filières glissait-il, citant la filière fromage et volailles « qui ont su bâtir des filières qui sécurisent plus les revenus » des producteurs. C’est également une demande pour la future Pac – en cours de négociation – car nombre d’agriculteurs « en sont très dépendants pour leurs revenus ». Il attend, comme tous, de la « cohérence » entre les politiques des pays, de l’Europe et les accords internationaux, et non « une concurrence déloyale » comme avec le Ceta ou le Mercosur.
Confiant dans la capacité de la profession à faire bloc pour se défendre, Christian Bajard finissait sur des notes d’optimisme pour l’avenir. « On a encore plein d’agriculteurs passionnés. À nous de montrer qu’on peut arriver à sécuriser les revenus » à moyen-termes pour permettre à des jeunes d’investir et de s’installer.

Le mot de conclusion de cette première

Après une heure d’émission, le mot de la fin revenait à Luc Jeannin, vice-président de la Chambre d’Agriculture, en charge de la communication, et « locomotive » de ce projet "Plateaux TV" résolument tourné vers des messages « positifs » en direction de tous : « Nous tous, citoyens, on se lève tous le matin avec l’actualité qui nous pèse, avec les conflits, une crise sanitaire… très anxiogène. On se pose la question alors d’où va le monde ? Quelle va être ma journée ? Le Covid nous a peut-être appris à prendre du recul : c’est quoi les valeurs essentielles ? Quel est mon rôle dans la société ? La famille, les liens sociaux, ce que je fais pour les autres… Sous ce prisme, on se rend compte qu’on a plein de richesses, plein de valeurs… on se rend compte de la réalité de nos territoires, à travers nos voisins aussi… On sait à peine se ou les mettre en valeur. L’idée de cette émission est d’être fière de notre identité, de nos territoires et faire en sorte de mieux échanger, mieux connaître le métier de son voisin… Plein d’éléments discrets. Un philosophe a dit que les paysans étaient des « taiseux ». Il faut qu’on se soigne et qu’on apprenne à expliquer ce qu’on fait, échanger avec la société. Il en ressort de la cohérence comme le Tour de France qui met en lumière nos paysages, c’est un symbole fort qu’il faut expliquer, comment on en est arrivé à ces paysages et produits ». C’était bel et bien le but recherché par Agriculturez-vous. Prochaine émission à Charolles en juillet. En attendant, partagez et abonnez-vous à la chaine Youtube pour ne rien manquer. Et encore, un grand merci à toutes et tous.

Premier plateau TV : Agriculture, Paysage et Société

Premier plateau TV : Agriculture, Paysage et Société

Y-a-t-il un lien entre Agriculture et Paysage ? Premier indice avec les mots : paysans, pays et paysages. Évidemment, l’agriculture forme le paysage, est le socle de tout pays et donc façonne les territoires et les liens avec le reste de la société. Pour en parler, Dominique Fayard, directrice du Pays Charolais-Brionnais expliquait que « le paysage change, il a été façonné par l’élevage au cours des derniers siècles », alors qu’auparavant le Charolais-Brionnais était rempli de cultures et les bovins charolais servaient de force motrice. « Lorsque l’élevage s’est développé, les éleveurs ont eu besoin d’enclore leurs parcelles pour y parquer le bétail. L’intérêt des herbages permet de produire une viande de qualité dans un environnement préservé et en respectant le bien être des animaux ». La candidature Unesco permettrai de faire reconnaître ces qualités et « celui du travail des éleveurs. C’est important de valoriser l’élevage à travers ses pratiques vertueuses ». Pour autant, l’Unesco « ne mettra pas sous cloche » ces acteurs, promet-elle. Heureusement car la vie économique doit pouvoir se poursuivre en sachant s’adapter aux changements. C’est ce que fait le tourisme rural. La crise du Covid a d’ailleurs accéléré une tendance à un retour à la campagne de la part des Français, privés de plein air. Depuis 70 ans, les Gîtes de France sont aux avant-postes. « En Saône-et-Loire, les agriculteurs ont cherché à se diversifier ». Le département compte 600 propriétaires de Gîtes. « 80 % ne sont plus agriculteurs », notait Patrick Jouvenaud, le président des Gîtes de Saône-et-Loire, preuve que le concept a su faire des émules. De nouveaux profils se font jour avec « des jeunes de 30 à 40 ans », « des agriculteurs, viticulteurs faisant de la vente directe et pouvant ainsi faire connaître leurs produits », « des urbains des grandes métropoles qui ont envie de changer d’air »… Et pour cela, la Saône-et-Loire peut compter sur de « vastes » micro-régions, comme les présentait Emilie Colin, chargée de communication à l’ADT 71. L’agence départementale du tourisme comptabilise près de 5.500 emplois et 3.500 partenaires touristiques. Dressant une belle carte postale des lieux emblématiques par micro-régions – roche de Solutré, massif d’Uchon/Bibracte, villages de la côte Chalonnaise, les arcades de Louhans…-, l’ADT essaye de faire le lien « entre toutes ces pépites » à travers l’application Route 71, « l’étendard de la communication touristique de la Bourgogne du Sud », incluant les producteurs et viticulteurs du terroir. Président de la cave de Lugny, Marc Sangoy rappelle que « les ventes directes représentent peu en chiffres d’affaires (2 M€ sur les 35M€ de la cave ; 300.000 bouteilles sur 6M cols/an) mais beaucoup en terme de communication » avec notamment jusqu’à 30.000 visiteurs par an sur site. Autant d’occasions de communiquer « sur notre métier » de vigneron. Car « il y a une méconnaissance que d’autres ont su exploiter pour parler négativement de nous ». Développée par la chambre d’Agriculture, l’application web Agricivis « servira à améliorer nos relations avec nos riverains et voisins pour mieux vivre ensemble » pour prévenir des travaux dans les vignes et « renouer le contact » et « nous faire comprendre par la société toute entière ».

Deuxième plateau TV : Agriculture et Environnement

Deuxième plateau TV : Agriculture et Environnement

Le deuxième plateau venait compléter le premier en déclinant sur le thème d’Agriculture et Environnement. Éleveuse à La Grande Verrière, Chloé Pimont l’avoue elle-même : « j’accumulais tous les clichés : végétarienne dans le monde du spectacle, hors sol à Paris ». Et d’expliquer pourquoi : « A 20 ans, j’ai pris une petite conscience écologique avec les média notamment, avec des articles de journaux sur le bien-être animal et des documentaires avec des images souvent de pays étrangers qui ne correspondent pas à l’agriculture française. On prend tout cela pour argent comptant et on met tout le monde dans le même panier », se souvient-elle. Elle reconnaissait aussi qu’en « ville, c’est difficile d’acheter en circuit court et c’est la solution de facilité de ne manger plus que des légumes, des féculents… ». Par hasard, elle viendra plus tard s’installer dans le Morvan où « elle a vu plein de bêtes dans les champs, pas du tout comme ce qu’on disait à la TV », c’est ainsi qu’elle décida de travailler la laine « du dos du mouton au produit fini », elle qui élève maintenant des brebis. Depuis, elle a encore changé. « Après des échanges riches et bienveillant lors de mes études agricoles, j'ai compris que l’élevage avait plein d’intérêts, je me suis remise à manger de la viande et à en faire », toujours en agriculture biologique. Des échanges qui se poursuivent aujourd’hui au sein du GIEE de l’Autunois-Morvan, lui permettant, comme les autres, « d’être aidé au moindre souci » avec des conseils des autres membres. Avec le retour de ses clients, Chloé Pimont a aujourd’hui « des conditions de vie rêvées ».
A la Ferme de Jalogny, Julien Renon n’est pas mal non plus. Le responsable rappelait que les vaches et veaux peuvent en dire autant, eux qui pâturent de larges praires permanentes, « non labourées permettant de maintenir une certaine biodiversité aussi ». Alors polluant l’élevage ? Julien Renon relativise déjà : « toute activité humaine contribue à l’émission de gaz à effet de serre. L’élevage a la particularité de pouvoir compenser par sa nature à l’herbe. À travers le sol, la prairie, le maillage bocager et les arbres, l’élevage permet de stocker du carbone de façon importante, entre 40 et 50 % de ses émissions ». Et toutes les mesures ne sont pas encore finalisées, comme la « trame verte » qui renvoi (le réfléchissement albédo) vers l’espace les rayonnements solaires ou encore avec des pistes d’amélioration autour de l’autonomie alimentaire. C’est d’ailleurs, ce que recherche Sylvain Chopin. L’éleveur de chèvres à Chissey-lès-Mâcon estime que sa « première assurance sécheresse, c’est la surface de ma ferme. Avec 50 ha et 110 chèvres, j’avais jusqu’à présent des marges de manœuvre pour choisir mes fourrages et revendre les surplus, mais depuis trois sécheresses, on grignote sur le stock de réserve plutôt ». Du coup, l’agronomie revient en force, lui qui plante des méteils par exemple. Autre piste, l’adaptation de ses bâtiments « pour mettre les animaux à l'abri l’hiver, mais aussi des températures excessives de l’été en ventilant pour le bien être » et en installant des panneaux photovoltaïques en toiture (250m2) « pour être à moitié autonome en matière d’énergie et être en phase avec les attentes de la société » en produisant de l’énergie en plus. 
Conseiller viticole au Vinipôle Sud Bourgogne et spécialiste du Climat, Thomas Canonier remettait en perspective les questions que cela pose aussi pour les plantes pérennes comme la vigne « plantée pour 50 ans et plus ». Les vignerons sont en « première ligne et il n’y a pas de climato-sceptiques ». Les dates des vendanges « plus précoces » sont là pour en témoigner, tout comme le changement de profil des vins avec des acidités moins marquées. Autre preuve, malheureusement d’actualité, l’avancé du stade végétatif en raison d’hivers plus doux « qui se mettent en phase avec des périodes de gels assez forts ». Aujourd’hui le matériel végétal et les pratiques culturales sont adaptés à nos climats de Bourgogne et l’enjeu demain « sera de les adapter à un climat qui sera plus celui de Valence, Montélimar voire la Camargue ». La viticulture a déjà changé ses pratiques, notamment en terme de pulvérisation phytos, et avec « un verdissement au sens littéral » avec de plus en plus d’enherbement des vignes. Moins d’herbicide, moins d’érosion lors des « pluies intenses plus fréquentes  »… cela fait partie d’un tout avec les haies et les arbres environnants. La capacité de « résilience », ou résistance des exploitations, en passera par un empilement de solutions (matériel végétal, porte-greffes, clones…). L'agriculture étant d'ailleurs une solution et non un problème environnemental.

Alors, qu’est ce qu’on mange ?
Les équipes de PSand à la réalisation qui buvaient de l'eau...

Alors, qu’est ce qu’on mange ?

« Question existentielle » pour le Rédacteur en chef de votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire, l’animateur détendait l’atmosphère et demandait aux invités le plat ou la boisson qu’il ou elle comptait servir le soir venu. Petit tour de table pour se mettre l’eau à la bouche et se donner des idées de recettes à l’heure du repas.
Dominique Fayard : « des pommes de terre au fromage, un de mes plats préféré » ;
Patrick Jouvenaud : « un petit bifteck ce soir » ;
Emilie Colin : « une volaille de Bresse rôtie avec des petites pommes de terre grenailles » ;
Marc Sangoy : « un bifteck, pommes de terre, avec un vin de la côte chalonnaise » ;
Chloé Pimont : « de la viande alors qu'avant j’étais végétarienne » ;
Julien Renon : « un carpaccio de bœuf »
Sylvain Chopin : « ce sera la surprise avec la découverte d’un panier de légumes livré ce soir d’une Amap » ;
Thomas Canonier : « un bon verre de Saint-Véran bien frais ».