BILAN CLIMATIQUE
Douceur, soleil et sécheresse en mars

Ce mois de mars restera comme le plus doux de l’hiver 2021-2022. Pendant la majeure partie du mois, la douceur a prédominé, en même temps que les anticyclones amenaient ensoleillement et sécheresse sur la majeure partie de l’Hexagone.

Douceur, soleil et sécheresse en mars
Avec un excédent de 8 %, l’Ardèche a été le seul dé­partement d’Auvergne-Rhône-Alpes excédentaire en précipitations. ©SD

En mars, la température moyenne s’est élevée à 9,9 °C ce qui, d’après La Chaîne Météo, place ce troisième mois de l’année 2022 près de 1,2 °C au-dessus des moyennes de saison. Dans son dernier bulletin, Météo France précise que les températures moyennes se sont situées 1 à 3 °C au-dessus des normales, excepté près des Pyrénées, sur un petit quart Sud-Est et en Corse où elles ont été plus proches des valeurs de saison, voire localement plus de 1 °C en dessous de celles-ci, notamment sur les Pyrénées-Orientales et la Haute-Corse. Les températures minimales ont de leur côté été souvent proches de la normale ou parfois légèrement inférieures, des frontières du Nord-Est à la Méditerranée ainsi que le long des Pyrénées et en Corse. Elles ont été supérieures de 1 à 3 °C aux normales sur l’Ouest du pays. Les gelées ont été nombreuses et localement fortes du 6 au 8. Ensuite, la fraîcheur nocturne a dominé du 23 au 25 avec de fortes amplitudes journalières. Les températures maximales se sont placées en moyenne 2 °C au-dessus des valeurs de saison. Elles ont été proches des normales du Sud de l’Aquitaine à la Méditerranée, voire localement inférieures de plus de 1 °C au pied des Pyrénées, sur le pourtour méditerranéen et la Haute-Corse. En revanche, elles ont été 1 à 4 °C au-dessus des normales sur le reste du pays.

Un mois de mars peu arrosé

Les passages perturbés ont été assez rares en mars, notamment sur le Nord et l’Est du pays. D’après Météo France, la pluviométrie a été en moyenne déficitaire de près de 40 %. Le nombre de jours de pluie a rarement dépassé les dix jours, excepté sur la Bretagne et du Sud de l’Aquitaine au Languedoc-Roussillon. Il a même plu moins de cinq jours en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et plus localement des Hauts-de-France au Nord-Est, en Rhône-Alpes et sur l’île de Beauté. Les cumuls mensuels sont restés faibles, généralement inférieurs à 50 mm, principalement sur le Nord et l’Est de l’Hexagone et l’Ouest de la Corse. Le déficit, compris entre 25 et 75 % sur une grande partie du pays, a dépassé 75 % des Hauts-de-France au Grand Est et à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les précipitations ont été plus conformes aux normales de saison voire parfois excédentaires de plus de 20 % du Pays basque au Midi-Pyrénées et sur l’Est de la Corse. Du Languedoc-Roussillon aux Cévennes, les cumuls supérieurs à 100 mm ont atteint jusqu’à six fois la normale, comme sur l’Hérault où il est tombé 663,1 mm à Castanet-le-Haut. L’épisode méditerranéen qui s’est abattu sur le département du 11 au 14 restera, d’après La Chaîne Météo, comme l’un des principaux évènements météorologiques de ces dernières semaines, en témoignent les inondations qui ont frappé la ville de Béziers. Imprévisible, ce mois de mars s’est aussi conclu le 31 par un épisode de neige abondant qui est arrivé par le Nord et s’est poursuivi sur les premiers jours du mois d’avril.

Ensoleillement : le pays coupé en deux

Sur le mois, l’ensoleillement a été fortement excédentaire dans le Nord du pays mais déficitaire pour les régions méridionales, relève Météo France. L’excédent a atteint 25 à 50 % de la Bretagne à l’Île-de-France et de la Haute-Savoie à la Bourgogne. Il a même dépassé 50 % du Nord de la Franche-Comté aux Hauts-de-France. Des records mensuels ont été battus avec 78 % d’excédent à Reims (Champagne-Ardenne) et jusqu’à 229 heures de soleil à Strasbourg (Bas-Rhin). L’ensoleillement, plus conforme à la normale du Nord de la Nouvelle-Aquitaine aux Alpes centrales et sur le Nord de la Corse, a été déficitaire de 10 à 25 % des Landes au Sud de Rhône-Alpes. Le déficit a été compris entre 25 à 50 % sur les Pyrénées, le Languedoc-Roussillon et le Sud-Ouest de la Provence avec seulement 110 heures de soleil à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et 129 heures à Montpellier (Hérault).

De la douceur en Auvergne-Rhône-Alpes

Du 1er au 10 mars, les conditions anticycloniques dominantes ont laissé passer des perturbations océaniques peu actives en région Auvergne-Rhône-Alpes. Météo France a alors observé un dégradé nuageux entre l’Ouest et l’Est de la région où le soleil a résisté. À partir du 11 mars et jusqu’au 18, un puissant flux de Sud s’est dynamisé, entraînant un épisode méditerranéen et un phénomène de dépôt de sable saharien qui est ensuite remonté vers le Nord du pays. La dernière décade de mars a vu se renforcer un anticyclone positionné sur l’Europe. En Auvergne-Rhône-Alpes, les cumuls de mars se sont échelonnés de 4 mm au col du Mont Cenis (Savoie) à 272 mm à Souche (Ardèche). Avec un excédent de près de 8 %, l’Ardèche apparaît d’ailleurs comme le seul département de la région excédentaire en précipitations. Le soleil a dominé et les températures sont reparties à la hausse avec des valeurs moyennes supérieures à 17 °C plusieurs jours de suite. Avec une température moyenne de 6,9 °C, soit 1,6 °C au-dessus de la normale, mars 2022 restera comme le douzième mois de mars le plus doux depuis 1972. Côté pluviométrie, il fait partie des mois de mars les moins arrosés en cinquante ans, le déficit global s’élevant à 57 % avec un cumul moyen de 33 mm. L’ensoleillement a lui été plus contrasté. Le Nord de la région a bénéficié d’un excédent de soleil alors qu’au Sud, il a été entre 10 et 20 % moins généreux que d’habitude.

Soleil et sécheresse en Bourgogne-Franche-Comté

En Bourgogne-Franche-Comté, le temps est resté peu perturbé voire anticyclonique et seuls deux épisodes pluvieux ont donné de faibles cumuls de pluies. Les cumuls de précipitations sont restés très déficitaires avec une moyenne régionale de 30,5 mm pour une normale de 81,3 mm. Avec seulement deux courts épisodes perturbés, les pluies ont été rares pendant ce mois avec cinq à sept jours de pluie contre une normale approchant les douze jours. Souvent, aucun jour de pluies supérieures à 10 mm n’a été enregistré, contre une normale de deux jours les années précédentes. Mars 2022 se situe au huitième rang des mois de mars les plus secs des cinquante dernières années avec 37 % de la normale au niveau régional, estime Météo France. Ce peu de pluie a permis un excellent ensoleillement. Par ailleurs, la fin d’hiver s’est montrée très douce en région avec seulement quelques gelées en début de mois et des températures maximales le plus souvent supérieures aux normales de saison. Les températures moyennes ont été supérieures aux normales d’environ 2 à 2,5 °C, avec des écarts sur les minimales de - 2 à + 2 °C et de + 2 à + 4 °C pour les maximales. La neige a progressivement disparu des massifs et le printemps s’est manifesté dans le ciel et sur la végétation mais en fin de mois, l’hiver a fait une nouvelle offensive, comme sur une large partie du pays.

Pierre Garcia