Coopération internationale
Coopération internationale : le partenariat se poursuit entre la Saône-et-Loire et le Tchad

Florence Bouville
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Le 19 avril, nous avons visité la ferme de Jalogny, en compagnie d’une délégation du Tchad, venue passer la journée en Saône-et-Loire. Le partenariat entre la chambre d’agriculture 71 et la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture, des mines et d’artisanat du Tchad a été lancé il y a trois ans. Cette coopération s’inscrit dans la continuité du projet européen Al Bouzhour, autour des semences. Le ministre de l’élevage et des productions animales a, cette fois-ci, fait partie du voyage. Gage d’un avenir prometteur entre les deux territoires.

 

Coopération internationale : le partenariat se poursuit entre la Saône-et-Loire et le Tchad
Le 19 avril, la ferme de Jalogny a accueilli une délégation du Tchad, dans le cadre d'un partenariat avec la chambre d'agriculture.

Ce n’est pas la première fois qu’Ali Adji Mahamat Seid, président de la chambre de commerce du Tchad, foule le sol saône-et-loirien. Avec une précédente délégation, il avait séjourné quatre jours, l’an dernier, sur le territoire. Lui qui représente le secteur privé, a tout intérêt à associer le ministère aux réflexions portant sur l’avenir de l’agriculture. Le ministre Dr Abderamine Awat Atteib est d’ailleurs là pour soutenir le développement de l’élevage.

Côté français, Christophe Masson, responsable de la coopération internationale pour le développement à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, a pour objectif d’étendre le partenariat. Aussi bien au niveau des provinces couvertes que des thématiques abordées. Exemple à l’appui : la diversification des filières étudiées. Les semences étaient déjà au cœur de la coopération, c’est maintenant au tour de l’élevage d’avoir son propre voyage d’études. Accompagné par Jean-Jacques Lahaye, vice-président de la chambre, Christophe avait prévu tout un périple. Au programme, la visite d’une exploitation le matin ; suivie de celle du lycée de Fontaines et du site d’Elva Novia. Enfin, pour bien terminer la journée : la découverte de la coopérative Feder, avant de faire étape à Jalogny. Les Tchadiens n’ont pas eu le temps de s’ennuyer. À noter qu’il s’agit de la sixième mission organisée par la chambre départementale, et la troisième spécifiquement axée sur l’élevage.

La découverte de procédés agronomiques et zootechniques

Lors de la présentation de la ferme, Jean-Jacques Lahaye a bien mis l’accent sur la nécessité de mener des expérimentations innovantes en élevage. Selon lui, il est également très important de communiquer sur les données et les résultats des essais. Concernant le stockage du carbone, la France et le Tchad s’inscrivent dans la même logique. Tous deux cherchent des leviers agronomiques performants permettant d’augmenter la séquestration. C’est donc un sujet transversal. Plus tôt dans la journée, les éleveurs et techniciens leur ont expliqué le processus et l’utilité de l’enrubannage. Processus qu’ils ont pu retrouver à Jalogny. En matière de rations, ils se sont notamment interrogés sur la provenance et l’utilisation du soja pour l’alimentation animale. D’autre part, ils n’avaient jamais entendu parler du méteil et de sa composition. Globalement, les équipements d’engraissement leur ont semblé très modernes. À l’heure de la recherche d’autonomie fourragère, on ne peut que comprendre les propos de Bernard Lacour, président de la chambre, sur l’intérêt de « cultiver l’herbe ». Aujourd’hui, toutes les cultures amènent une profonde gestion et réflexion. « On attend de l’agriculture une performance globale », déclare Christophe Masson, sous les acquiescements de l’ensemble de la délégation.

Au Tchad, l’élevage est avant tout pastoral, « le bétail va vers l’eau et l’herbe », précise le ministre. Depuis quelques années, « nous allons vers l’intensification », poursuit-il. D’où ce besoin d’outils et cette soif de connaissance en termes de procédés agronomiques. Le modèle français constitue donc « un bon modèle à copier, non plutôt à adapter », déclare-t-il. Parfois, les conflits sont tels entre éleveurs qu’il arrive, malheureusement, qu’ils s’entretuent. Le gouvernement souhaite à tout prix éviter cela, sur les terres agricoles.

Le groupe s’intéresse aussi au statut juridique et à la gestion administrative des sites visités. Au-delà de l’aspect "performance agronomique", donc. Diverses entités leur auront donc été présentées : Jalogny et son statut associatif, le couple formation expérimentation de Fontaines et le fonctionnement d’une coopérative via Feder. Ce sont autant de bagages supplémentaires avec lesquels ils peuvent repartir.

« Nous, on vit le changement climatique »

« On est déjà dans cette dynamique de changement climatique », déclare Nicodeme Maho, conseiller du ministre des Finances. Au Tchad, le plus gros enjeu climatique reste la pluviométrie. Il y a dix ans, la saison des pluies commençait mi-mai et s’achevait fin septembre. Aujourd’hui, les pluies n’arrivent qu’à la mi-juin. Les agriculteurs cultivent, malgré tout, en majorité du riz, du sorgho, du sésame… Mais ils notent, d’ores et déjà, une nette baisse de rendement. À cela s’ajoute la pression liée à la croissance démographique, qui impact fortement les ressources. « En France, vous avez une expérience avancée […] nous pourrions recréer de la valeur ajoutée dans notre agriculture », affirme Nicodeme.

Les pistes à creuser sont multiples. À commencer par la réutilisation de l’eau de pluie. Grâce à des installations similaires à celles des bâtiments de Jalogny, où les 3.000 mètres carrés de toits permettent de récupérer, et d’ensuite traiter l’eau qui abreuve 150 bovins. « On n’a pas la prétention de tout révolutionner », souligne Christophe. « On est dans une coopération de territoire à territoire », ajoute-t-il. Qu’est-ce que la Saône-et-Loire peut apprendre de tout cela ? De nombreuses choses, dans la mesure où les échanges humains sont véritablement bilatéraux. Le partenariat est voué à se renforcer dans les années à venir. La chambre départementale continuera à servir, à la fois, d’interface et de moteur.