EARL des Varennes à Saint-Maurice-en-Rivière
De l’herbe à la place du maïs pour l’engraissement

Marc Labille
-

Eleveur-engraisseur dans le Val-de-Saône, Ludovic Petit a pris pour habitude de substituer du maïs par de l’ensilage d’herbe dans la ration de ses bovins à l’engraissement. 

De l’herbe à la place du maïs pour l’engraissement
Romain Bouillot de Sicarev Coop qui suit Ludovic Petit dans le rationnement des jeunes bovins à l’engraissement.

À Saint-Maurice-en-Rivière, Ludovic Petit et son père sont à la tête de deux structures. La ferme familiale est en polycultures-élevage avec un troupeau de cent vaches allaitantes dont toute la production est engraissée. Au voisinage de cette première structure, Ludovic Petit en a repris une seconde spécialisée dans l’engraissement et qui accueille entre 100 et 120 bovins à l’engrais en bâtiment. Il s’agit pour partie de mâles que l’éleveur-engraisseur achète en Saône-et-Loire comme broutards (9 mois à 1 an d’âge) à un poids de 400-450 kg vif. Ils sont engraissés jusqu’à 18-22 mois pour atteindre des poids de carcasse de 450-460 kg. Ludovic produit ainsi 168 jeunes bovins par an qu’il livre à Sicarev. Il engraisse aussi des femelles qu’il commercialise en babynette ou en génisses de 3 ans pour le même débouché.

Terres à maïs…

La structure de l’EARL des Varennes dispose de 170 hectares. Le maïs en couvre une partie et le reste est en prairie naturelle inondable, informe Ludovic. Dans ce secteur de plaine avec des sols « pas trop séchants », l’exploitation n’a pas de mal à être autonome en alimentation, reconnaît le jeune agriculteur qui estime son « système assez sécurisé ». Chaque automne, « on remplit notre silo d’ensilage de maïs et tout le reste, on le vend en grain ». 15-20 ha de maïs sont ainsi destinés aux animaux de l’atelier d’engraissement.

Ray-grass/trèfles en interculture

Malgré cette ressource en maïs, Ludovic a pris pour habitude d’incorporer de l’ensilage d’herbe à la ration de ses bovins en finition. Pour cela, il implante un mélange de ray-grass et de trèfles en interculture pour ne pas empiéter sur la surface de maïs. Le couvert fourrager est semé vers le 10-15 septembre après une céréale à paille et il est récolté entre le 5 et le 15 avril, juste avant le semis du maïs. « On le fauche au bon stade – avant épiaison pour obtenir un fourrage le plus riche possible en énergie. Il atteint presque 1 unité fourragère – autant que du maïs - et 15 de matière azotée », fait valoir Ludovic. Si la fauche précoce permet d’obtenir une qualité élevée, il faut tout de même « trouver le juste milieu » pour avoir aussi de la quantité, fait remarquer l’agriculteur.

Un mélange fourrager productif

Pour mener à bien cette interculture, Ludovic soigne la fertilisation azotée en fractionnant en deux apports. Ce mélange fourrager productif a quand même un impact sur le maïs qui suit qui est en général « moins beau » que les autres, reconnaît l’agriculteur qui indique que le ray-grass « pompe quand même ».

Ludovic opte pour un mélange de semences « haut de gamme qui résiste bien aux conditions climatiques ». Il contient 45 % de ray-grass pour 55 % de trèfles (violet, de Perse, Incarnat, etc.). Plus d’une trentaine d’hectares sont ainsi implantés en interculture, une surface qui s’accroît d’année en année, confie l’agriculteur.

Moins de correcteurs à acheter

De septembre à avril, le maïs est majoritaire dans la ration des animaux. Mais à partir du mois d’avril, Ludovic enclenche une transition dans la composition en augmentant la part d’herbe tout en diminuant le maïs. Dans le même temps, il accroît la quantité de céréales à paille. Quand la ration est à base de maïs, les bovins consomment 1,6 kg de correcteur par jour et quand l’herbe prend la place du maïs, cette complémentation descend à 1 kg, fait valoir Ludovic. Au final, l’engraissement ne nécessite que très peu d’achats dans l’année, fait valoir l’agriculteur qui, outre le maïs et l’herbe, peut compter aussi sur des céréales et de la paille produites sur l’exploitation.