HISTOIRE
Saint-Étienne, capitale française du design

La biennale internationale du design de Saint-Étienne est lancée depuis le 6 avril et se tiendra jusqu’au 31 juillet 2022. Grâce à son intégration au Réseau des villes créatives de l’Unesco et aux multiples institutions liées au design, Saint-Étienne est définie, depuis 2010, comme la capitale du design en France.

Saint-Étienne, capitale française du design
Saint-Étienne montre sa puissance créative en faisant appel à des créateurs du département pour fournir du mobilier urbain design.

« Pour Saint-Étienne, le fait d’être candidate au Réseau des villes créatives de l’Unesco, au moment même où s’ouvre dans ses murs la Cité du design, est une démarche cohérente et porteuse d’avenir », écrivait Maurice Vincent, maire de Saint-Étienne en 2010, dans l’introduction du dossier de candidature à l’Unesco. Lequel a été accepté le 22 novembre 2010. La ville est d’ailleurs toujours l’unique métropole française à faire partie des villes créatives design de l’Unesco. Elle place cette créativité comme vecteur de son développement et élément représentatif de son ADN. De cette manière, la France compte parmi les 31 pays représentés au niveau mondial dans le domaine du design. Saint-Étienne côtoie ainsi une quarantaine d’autres métropoles internationales telles que Séoul, Istanbul, Détroit ou encore Shanghai. Ces grandes cités coopèrent pour diffuser le design sur leur territoire, à travers différents projets, auprès des habitants ainsi que des entreprises. C’est notamment le cas avec le Human cities : créative Works with small and remote places (Villes humaines : les travaux créatifs au service des lieux réduits et reculés), un projet auquel la Cité du design participe. Le but est d’impliquer la population de petites localités, partout en Europe, dans la création d’œuvres culturelles pour transmettre leur patrimoine. Pour l’Unesco, la création d’un tel réseau était primordiale, puisque « les villes sont les lieux de concentration de plus de la moitié de la population mondiale et qu’elles regroupent les trois quarts de l’activité économique dont une large part de l’économie créative ». Depuis 2004, l’organisation rassemble des grandes métropoles avec sept domaines créatifs : la littérature, le design, l’artisanat et les arts populaires, le cinéma, la musique, les arts numériques et la gastronomie. À ce jour, deux-cent-quarante-six villes, dont Saint-Étienne, sont réunies autour d’un objectif : « placer la créativité et les industries culturelles au cœur de leur plan de développement. »

Un design déjà bien ancré

Lorsqu’elle candidate pour son intégration au Réseau des villes créatives design de l’Unesco, la capitale ligérienne met en lumière, dans son dossier, les indicateurs qui font déjà d’elle une ville de design. La volonté du maire Maurice Vincent est de « transformer la ville et de consolider sa fonction de cœur battant de la région ». Pour Saint-Étienne, la créativité a toujours été source d’économie, de croissance et d’aménagement de la ville. La métropole se recouvre de multiples mobiliers urbains plus différents les uns que les autres : table de ping-pong en forme de tube, arbres artificiels aux feuilles multicolores, bancs design qui rechargent les téléphones… Mais les habitants peuvent aussi admirer et profiter de lieux à l’architecture repensée. C’est le cas de la Maison de l’emploi ainsi que de l’Îlot Grüner qui regroupe plusieurs organismes administratifs. Saint-Étienne a aussi créé des lieux et des événements consacrés au design comme l’École supérieure d’art et de design. Plus vieille institution liée au design, elle prend vie sous le nom d’École de dessin de Saint-Étienne. Suivant l’évolution de la ville et des périodes industrielles, elle finira par avoir le nom qu’on lui connaît aujourd’hui. L’Esadse est un acteur du développement de la métropole et forme aujourd’hui « les artistes, designers, graphistes, auteurs, créateurs et professionnels compétents dans tous les domaines qui valorisent l’imagination, la créativité et l’inventivité », explique la métropole dans son dossier de candidature.

La Biennale du design

En 1998, elle organise la Biennale internationale du design de Saint-Étienne. L’événement sur le design, le plus important en France, a permis à la ville d’étendre son rayonnement créatif au niveau mondial. Dans la continuité, la capitale ligérienne a voulu créer un lieu dédié au design en lui-même et axé sur la recherche, l’enseignement, l’observation… La Cité du design a vu le jour en 2005 et accueille aujourd’hui l’Esadse. Ce lieu, « envisage le design comme une activité qui imagine de nouveaux systèmes de vie à travers la conception d’objets, d’images, d’espaces et de services », expliquait, dans la candidature à l’Unesco, Elsa Francès, ancienne directrice de la Cité du design. Cette dernière prend vie sur le site de l’ancienne Manufacture nationale d’armes, autre témoin historique de la puissance créative, industrielle et innovatrice de la ville. Après l’aspect physique et les domaines de travail, le design prend une fonction de management sur le territoire ligérien. Depuis son intégration au Réseau des villes créatives Unesco, Saint-Étienne met en place ses politiques publiques sous un design management. De cette manière, la métropole se dote de nouveaux outils innovants et expérimentaux. Ils permettent de modifier le quotidien des entreprises, des collectivités et des citoyens. En 2013, Saint-Étienne métropole a reçu le prix Design management Europe, qui valorise cette utilisation du design comme outil de gestion.

Un passé créatif

Les musées prennent une place importante dans l’espace culturel de Saint-Étienne et sont les témoins de l’évolution majeure de la ville. L’art assure sa présence avec deux musées. Le musée d’art et d’industrie témoigne de l’importance et de la connexion entre les deux domaines pour la métropole. Il réunit les collections d’œuvres des Beaux-arts, des productions de rubans, d’armes et de cycles, démonstrations de l’industrie stéphanoise. Avec sa très grande collection comprise entre 1950 et aujourd’hui et une partie consacrée au design, le musée de l’Art moderne et contemporain fait partie des grands musées nationaux et internationaux. Grâce à ce dernier, la capitale ligérienne affiche encore son rôle de ville de design. Mais le musée de la mine et celui des transports urbains participent à la présentation du passé créatif de la ville. L’un prend place à l’endroit même où le travail du charbon se faisait. Il rappelle cette histoire si importante qui s’est arrêtée en 1973 à la fermeture de la mine. Pour les transports, Saint-Étienne fait voyager les visiteurs dans le temps en exposant de multiples projets et créations au musée des transports urbains. Il est notamment possible de retrouver des véhicules qui ont roulé sur le réseau stéphanois. Dans la ville, le tramway n’a jamais arrêté de circuler depuis sa mise en service en 1821. Même si Saint-Étienne représente mondialement le design au nom de la France, huit autres villes françaises sont des villes créatives selon l’Unesco : Angoulême représente la littérature ; Limoges fait partie des villes d’artisanat et d’arts populaires ; Cannes montre la puissance cinématographique de la France ; Metz caractérise la force musicale française ; Enghien-les-Bains et Lyon sont les villes des arts numériques et Rouen représente la gastronomie française.

Arthur Bonglet