Ballet
Spectacle de danse classique : des étoiles au château de Digoine

Florence Bouville
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Rares sont ceux qui ont déjà eu la chance d’assister à un ballet à l’Opéra de Paris. Pour la première fois, les danseurs de l’Opéra viennent à vous. À l’aube de ses trente ans, Hugo Marchand est le fondateur du projet "les Étoiles au Château", visant à faire vivre des lieux du patrimoine français au travers d’un spectacle d’une heure, ouvert à tous. Rendez-vous les 9 et 10 septembre prochains, au château de Digoine, pour vibrer devant cette véritable démonstration artistique. Le tarif unique s’élève à treize euros.

Spectacle de danse classique : des étoiles au château de Digoine
Les 9 et 10 septembre 2023, le château de Digoine accueillera deux soirées exceptionnelles de ballet.

Il y a un an et demi, la rencontre entre Hugo Marchand et Jean-Louis Remilleux, propriétaire du château de Digoine, a été déterminante. Pour Jean-Louis, il est clair que « l’art doit être connu au-delà des grandes capitales ». Grâce au projet d’Hugo, « le château remplit son rôle de passeur », poursuit-il. À la suite de cette rencontre, une forte collaboration est née avec la Saône-et-Loire. Hervé Reynaud, vice-président chargé du sport et de la culture, souligne que tous ont été immédiatement séduits par la démarche. Démarche inscrite dans le « partage avec le territoire et ses habitants […] avec une double dimension sociale et culturelle », publiquement encouragée par le président André Accary. L’objectif est de « donner envie d’embrasser ce métier artistique », ajoute Hervé.

Hugo a déjà eu l’occasion de se produire dans des villes provinciales et avait beaucoup apprécié aller à la rencontre du public français. En réalité, il éprouve une certaine frustration de ne pas faire de réelle tournée en France. C’est donc en dansant dans des lieux historiques que lui sont véritablement venues l’envie et l’idée de construire un projet dans cette lignée. Pour y parvenir, il a créé en 2022 l’association Hugo Marchand pour la Danse.

Le spectacle durera une heure. Il mettra en scène, en plus d’Hugo, quatre danseurs étoile (Léonore Baulac, Dorothée Gilbert, Germain Louvet et Marc Moreau), ainsi qu’une première danseuse (Bleuenn Battistoni). Ces derniers seront accompagnés par deux musiciennes, Ophélie Gaillard, violoncelliste et Elena Bonnay, pianiste. Quelques morceaux seront, néanmoins, enregistrés sur bande-son. L’image des « danseurs au milieu des charolaises est déjà charmante », dit Hervé Reynaud en souriant. Ouverte depuis le 11 mai, la billetterie propose un tarif unique à treize euros. Sans le soutien du Département, des mécènes et des collectivités, la place aurait coûté beaucoup plus cher. Les deux représentations sont volontairement accessibles au plus grand nombre, 70 places ont d’ailleurs été offertes. « Le bouche-à-oreille est en train de fonctionner », déclare Jean-Louis. Mille spectateurs sont attendus par soir.

« Retrouver la danse en plein air »

Pour Hugo, danser en plein air symbolise la « reconnexion avec l’essentiel, les énergies… ». Les répertoires abordés alterneront entre classique et moderne, pour une découverte complète de l’univers du ballet. Une "toile cristal" protégera la scène des potentielles intempéries et ne dénaturera pas la vue sur le château. Les costumes ont été loués à l’Opéra, garantie d’une immersion totale. Hugo a également investi dans un plancher et un tapis parfaitement adaptés à la danse classique. Tout est ainsi fait pour prévenir les blessures, même le choix des horaires : 19 heures le samedi et 17 heures le dimanche, pour que les températures ne soient pas trop basses. D’autant plus que les danseurs se reproduiront sur leurs jours de repos. « On ne sera pas sur un programme trop explosif pour éviter les gros risques », explique-t-il. Pas d’inquiétude, ces précautions n’altéreront pas la beauté du ballet.

« C’est mon plus grand engagement », confie le jeune homme. Il s’agit pour lui d’un lourd investissement en temps et en énergie. En parallèle, il s’est associé avec Alexandra Cardinale, ancienne danseuse de l’Opéra, qui produit les soirées de ballet Gala d’Étoiles. « L’Opéra est une machine monumentale […] ce projet permet aussi d’être plus proche de la réalité ». En somme de convoquer la danse dans des « lieux où elle n’est pas », souligne-t-il.

« On ne peut pas faire ça qu’une seule fois »

« L’objectif est d’avoir un rendez-vous annuel […] j’ai un peu le fantasme d’avoir une vraie tournée d’été », affirme Hugo. Il est encore trop tôt pour savoir si les Étoiles au Château seront pérennisées, mais c’est tout ce que souhaite son fondateur. Il ne s’est d’ailleurs pas laissé décourager par les démarches administratives, nécessaires au lancement d’un tel projet. « Être entrepreneur, c’est très compliqué », avoue-t-il.

Précédant le spectacle, la troupe a l’intention de consacrer une heure aux échanges avec le public. Occasion pour eux de présenter le projet ainsi que le métier de danseur. Hugo a débuté la danse au conservatoire de Nantes puis, dès l’âge de treize ans, a intégré celui de Paris. Cela en même temps que Germain, devenu, au fil des années, son meilleur ami. Ayant suivi toutes leurs classes ensemble, ils sont aujourd’hui très heureux de partager cette aventure.

Hugo se revendique "provincial" et insiste sur l’importance d’avoir des écoles de danse maillant le territoire. Le pari sera entièrement réussi s’ils arrivent à faire naître ne serait-ce qu’une vocation. Un garçon n’a pas à « avoir honte de vouloir danser et d’en faire son métier ».

Billetterie en ligne

La première du spectacle se déroulera le 3 et 4 juin, dans l’Eure, au château du Champ de Bataille. En attendant la venue de la troupe sur le territoire, n’hésitez pas à réserver votre billet en ligne à l'adresse : hugomarchandpourladanse.org. Et laissez-vous tenter par cette expérience inédite.