Gaec des Nicolas à Saint-Bonnet-de-Joux
Des mètres carrés de stockage économes !

Marc Labille
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Installés depuis dix ans, Stéphanie et Pascal Lorton avaient besoin de surface de toiture supplémentaire pour abriter un stockage de paille et des matières premières pour l’alimentation de leurs bovins. La solution est venue d’un producteur d’énergie solaire qui leur a proposé un toit particulièrement économe.

Des mètres carrés de stockage économes !
Installée depuis seulement dix ans sur une exploitation dont les infrastructures étaient anciennes, la famille Lorton a dû financer 4.000 m² de bâtiments. La toiture mise à disposition par un producteur d’énergie solaire lui a permis de compléter les mètres carrés de stockage qui lui manquaient.

Le Gaec des Nicolas est l’exploitation de Stéphanie et Pascal Lorton à Saint-Bonnet-de-Joux. Ce dernier a eu une carrière de chauffeur de poids lourd avant de s’installer éleveur à l’âge de 38 ans. Reprenant la ferme de ses beaux-parents, lui et son épouse Stéphanie ont dû beaucoup investir en seulement dix ans de temps : une stabulation de 84 places de vaches charolaises, deux poulaillers label.... Arrivés tard dans le métier, les deux époux ont été contraints de financer en très peu de temps 4.000 m² de construction. Et il manquait encore « des mètres carrés de bâtiments de stockage pour pouvoir avancer et travailler dans de meilleures conditions de sécurité ».

La paille comme déclencheur

« Nous manquions d’abri pour la paille. Je devais la faire livrer toutes les trois semaines et la stocker dehors sous des bâches. Avant, nous la payions 75 €/tonne, mais dans l’hiver, son prix a bondi à 133 €/tonne ! Cela nous a fait perdre 10.000 € ! Il fallait faire quelque chose », justifie Pascal.

Mais à 38 ans, l’éleveur ne voulait pas se lancer dans de nouveaux investissements lourds qui l’auraient endetté. Face à la faible rentabilité de l’élevage allaitant et avec des terres aux potentiels limités, « comme toute entreprise, nous nous sommes remis en question », confie l’agriculteur. « Et le but, était de laisser une exploitation saine à la fin », complète Stéphanie.

Un toit gratuit

Un toit mis gratuitement à disposition par un investisseur dans le photovoltaïque est apparu comme une solution intéressante au projet du Gaec des Nicolas. C’est avec la société Le Triangle que Stéphanie et Pascal ont finalement fait affaire. Cette dernière est venue implanter un bâtiment photovoltaïque de 48 m de long par 16 m de large sur l’exploitation de Saint-Bonnet-de-Joux. La centrale à énergie solaire appartient à la société (panneaux, toiture, charpente, onduleurs) qui en assure l’exploitation et la maintenance. Les agriculteurs peuvent quant à eux disposer de cet abri sous lequel ils ont le droit d’aménager l’espace à leur guise.

Aliment fermier

Le Gaec a réalisé le terrassement. À sa charge également, il a ajouté un bardage en bac acier côtés sud et ouest. Outre le stockage de la paille, Stéphanie et Pascal ont choisi de profiter de ce nouvel hangar pour entreposer des matières premières destinées à l’alimentation de leurs bovins. Mélanger des matières premières à la ferme devrait revenir moins cher que d’acheter des aliments complets, justifient les associés. Pour se faire, Pascal a fait construire sept cases en béton, occupant environ la moitié du bâtiment. Ces matières sèches livrées vrac (pulpe de betterave, maïs écrasé, tourteau de colza, tourteau de lin, céréales de l’exploitation, minéraux, etc.) sont mélangées à l’aide d’un godet distributeur. 

Maçonnerie subventionnée à 40 %

Sous cet abri spacieux et haut de 8 m au faîtage, les semi-remorques peuvent benner directement dans les cases. Côté paille, Pascal peut désormais anticiper ses achats dès la moisson et l’an dernier, il a pu faire rentrer sept camions-remorques de paille sous le nouvel hangar.

À leur frais, les époux Lorton ont eu à financer pour 36.000 € de maçonnerie ; 8.000 € de bardage ; 12.000 € de terrassement environ. Une subvention de la Région et du fonds Feader, attribuée pour le stockage et l’autonomie alimentaire, leur a permis de toucher 40 % du montant de la maçonnerie.

« Nous sommes liés par un bail emphytéotique. Au bout de trente ans, le bâtiment nous reviendra. La société s’engage à démonter les panneaux s’ils sont défectueux. Rien ne nous interdira alors de les remplacer par des panneaux neufs à nos frais », confient Stéphanie et Pascal Lorton.

Contraintes et obligations
Les murs des cases de stockage ne devaient pas toucher la structure porteuse du bâtiment photovoltaïque.

Contraintes et obligations

Sous la toiture photovoltaïque, les agriculteurs ont quelques contraintes à respecter : les murs créés ne doivent pas toucher les poteaux de la construction. La paille stockée (ou le fourrage) doit occuper moins de 50 % de la surface et les bottes de paille doivent s’arrêter 1,50 m en dessous de la toiture. Les agriculteurs sont tenus d’assurer ce qu’ils entreposent dessous. « On est responsable », indique Pascal Lorton. Pour l’entretien de sa centrale solaire, la société exploitante a un droit de passage. « Elle intervient environ deux fois par an », informent les époux Lorton.

C’est la société propriétaire et exploitante de la toiture photovoltaïque qui effectue la demande de permis de construire. De leur côté, Stéphanie et Pascal Lorton ont eu à faire une demande d’aménagement aidé par leur conseiller de la chambre d’agriculture Philippe Comte.

Une première expérience douloureuse…

Avant de signer avec la société Le Triangle, Stéphanie et Pascal Lorton ont eu des déboires avec un premier prestataire qui les a escroqués. Le Gaec avait effectué plusieurs chèques d’avance de frais sans se douter que l’entreprise en question était en redressement judiciaire. Cette malchance ne les a malgré tout pas découragés dans leur projet pour lequel ils ont fini par trouver un interlocuteur sérieux.