Beaujolais
Un séminaire pour renforcer les liens entre viticulture et négoce

À Villié-Morgon, au château de Bellevue, les membres du conseil d’administration d’Inter Beaujolais et d’autres invités se sont retrouvés le 17 juin dernier pour un séminaire exceptionnel, afin d’établir une feuille de route commune et créer des synergies entre la viticulture et le négoce.

Un séminaire pour renforcer les liens entre viticulture et négoce

Le château de Bellevue à Villié Morgon, propriété de la Maison Jean Loron (La Chapelle-de-Guinchay), dirigée par Philippe Bardet, qui est aussi le vice-président d’Inter Beaujolais, était en ébullition toute la journée du 17 juin. Les membres du conseil d’administration de l’interprofession se retrouvaient en effet pour un séminaire exceptionnel, quelques mois après la nomination de Daniel Bulliat à la présidence d’Inter Beaujolais et d’une nouvelle équipe dirigeante. Plusieurs points et thèmes ont été notamment abordés : "la mise en place d’outils pour gérer le disponible du marché" (VCI, validé récemment par le comité national de l’INAO, accords interprofessionnels ; lire encadré), un engagement contractuel "rémunérateur et à long terme" et des "modes d’exploitations diversifiés et rentables".

La dernière fois qu’un séminaire réunissant les élus de l’interprofession et d’autres opérateurs du Beaujolais a été organisé en Beaujolais, c’était en septembre 2015 au château des Broyers à La Chapelle-de-Guinchay. À cette période de son histoire et dans la foulée d’une récolte exceptionnelle, le Beaujolais traversait de profonds tumultes (fin de l’UVB, rapport Malpel, manifestation de la viticulture avant les primeurs, etc.).
Ce précédent séminaire qui devait conduire à la définition d’un "plan Beaujolais 2025" a vu émerger des axes de travail, comme une nouvelle segmentation des beaujolais et beaujolais villages. En résumé, pour plus de lisibilité, les beaujolais villages nouveaux ne devaient plus exister et la production des vins de garde aurait uniquement concerné l’appellation beaujolais villages agrandie. Six ans plus tard, cette idée est aux oubliettes - une autre segmentation a même vu le jour entre-temps (vins de fête, de caractère et d’exception) – et on ne peut pas dire que les autres axes de travail évoqués à l’époque (gouvernance beaujolaise, meilleure valorisation de l’image des vins, positionnement à l’export, stabilisation des cours et contractualisation) aient tous conduit à des avancées significatives.

« Changer nos habitudes de travail »

Alors pour Daniel Bulliat, à l’initiative de ce séminaire avec son vice-président, pas question de revivre un nouveau coup d’épée dans l’eau. Déjà, ce rendez-vous se déroule dans un contexte tout à fait différent. « À l’époque, c’était chaud effectivement, même avec les pouvoirs publics », se souvient le président d’Inter Beaujolais qui avait suivi de loin cet événement. Le visage du Beaujolais a aussi changé. Bien que les arrachages se dénombrent encore par centaine d’hectares, le vignoble se porte mieux, autant que son image et sa notoriété, et sans la crise sanitaire, il aurait certainement réalisé de meilleures performances commerciales.
Mais tous les clignotants ne sont pas totalement au vert. Malgré un léger rebond des prix sur le marché vrac pour la campagne en cours, la viticulture attend une meilleure valorisation. Et les soulèvements à l’occasion de la campagne de beaujolais nouveaux 2021 (blocage du service d’enregistrement à Inter Beaujolais, blocage du site de Castel à Saint Priest) confirment des liens distendus entre la viticulture et quelques négociants. « Très clairement, on veut changer nos habitudes de travail avec le négoce et renforcer nos liens », prévient Daniel Bulliat. Ce séminaire s’inscrit dans la continuité du travail fourni depuis 2016, à l’image de l’univers de nos vins, de la constitution d’une équipe jeune et moderne au sein d’Inter Beaujolais. « Nous ne toucherons à rien de cela. Mais nous avons d’autres problématiques à gérer comme l’arrachage de vignes, cause d’un possible déficit d’approvisionnement. La dynamique est positive mais on a besoin de garder nos surfaces et trouver des repreneurs. […] Malgré nos différentes façons de conduire chacune de nos entreprises, nous trouverons ensemble de synergies collectives pour porter haut les appellations du Beaujolais ». 
À l’issue de ce séminaire, une feuille de route a été tracée et présentée, « feuille de route qu’on ressortira à chacun de nos conseils d’administration d’Inter Beaujolais durant ces trois prochaines années », achève Daniel Bulliat.
David Duvernay

Qui participe à ce séminaire ?

Les membres du conseil d’administration d’Inter Beaujolais ne seront pas les seuls présents à ce séminaire. Les principaux responsables d’Inter Beaujolais ont convié d’autres opérateurs notamment de la coopération (Vinescence, Agamy, etc.). Seront aussi présents d’autres invités et organismes externes au Beaujolais comme Pierre-Henry Gagey, président de Louis Jadot, « qui interviendra sur la valorisation des vins aux USA », selon Daniel Bulliat, l’Union des producteurs élaborateurs de crémant de Bourgogne (gestion des volumes) ou encore un représentant de Cognac, vignoble qui a progressivement remonté la pente en dix ans et replanté des vignes (3.000 ha de plantations nouvelles en 2019) après avoir perdu 40.000 ha dans les années 1990. « Cognac a aussi vécu une crise profonde. Le vignoble s’est reconstruit. On veut en savoir plus sur les modèles que les responsables ont mis en place... ». L’animation de ce séminaire est confié à DB Management Conseil, un cabinet de consultants basé à Caluire-et-Cuire, avec qui Inter Beaujolais collabore déjà depuis trois ans pour des formations et du coaching.