Voici les brèves du 28 juin 2023

Porc: Evel’Up et Agrial étudient un «rapprochement» de leurs activités porcines
«Les conseils d’administration d’Agrial et d’Evel’Up viennent de valider l’étude exclusive d’un projet de rapprochement» de leurs OP (organisations de producteurs) dans le secteur du porc, annoncent les deux coopératives dans un communiqué le 27 juin. «Nous ne souhaitons pas uniquement massifier nos activités de production porcine. Nous souhaitons devenir la référence», lancent les présidents Philippe Bizien (Evel’Up) et Arnaud Degoulet (Agrial), cités dans le communiqué. Les coopératives vont «analyser la pertinence de mutualiser et de renforcer l’expertise technique, l’innovation et la performance commerciale» de leurs deux structures. «La complémentarité territoriale des activités de production porcine des deux coopératives est évidente», rappelle le communiqué: Evel’Up couvre les quatre départements bretons, tandis que les producteurs de porcs d’Agrial se trouvent en Normandie, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et en Ille-et-Vilaine. Avec environ 700 adhérents, Evel’Up est le deuxième groupement de porcs en France, uniquement présent dans l’amont de la filière. De son côté, Agrial compte deux fois moins d’éleveurs de porcs, mais ils sont intégrés dans la première coopérative française (7,2 Mrd€ de CA en 2022). Ces dernières années, la branche Viandes d’Agrial s’est considérablement développée, notamment en rachetant plusieurs fabricants de charcuterie.
Biocarburants aéronautiques: Global Bioenergies prévoit aussi une usine en 2028
Après avoir récemment obtenu une certification carburant durable de l'ASTM international, l'entreprise française Global Bioenergies prévoit de construire une usine de biocarburants aéronautiques à horizon 2028, indique son cofondateur et directeur général Marc Delcourt dans un entretien accordé à Agra Presse le 27 juin. Toutefois, la ressource utilisée ne sera probablement pas de la mélasse, comme sous-entendu par erreur dans l'Agrafil daté du 22 juin. En effet, dans un contexte réglementaire incertain autour de l'usage dans les biocarburants de ce produit issu de l'industrie sucrière et actuellement utilisé par la filière levure, la certification ASTM a été obtenue pour des produits issus de copeaux de bois et de paille. Comme le montrait notre enquête l'an passé, en France et en Europe, les projets de biocarburants aéronautiques reposent essentiellement sur la filière bois. Dernier projet en date, annoncé le 16 juin, l'usine BioTjet, portée notamment par Avril, doit ouvrir dans les Pyrénées-Atlantiques, également en 2028. Elle se fournira en biomasse composée de résidus issus majoritairement de la sylviculture locale et de déchets de bois.
Contrôle des structures: vers un doublement du seuil de déclenchement en Bretagne
En séance plénière les 29 et 30 juin, la région Bretagne approuvera «à une réserve près» le nouveau Sdrea (Schéma directeur régional des exploitations agricoles), selon un communiqué. Elle se joint ainsi à l’opposition d’OPA vis-à-vis d’une augmentation du seuil de déclenchement du contrôle des structures, à 45 ha (contre 20 ha jusqu’à présent). Cette disposition «peut conduire, à terme, à une plus forte libéralisation du marché du foncier, au détriment du renouvellement des générations», considère la région. Le mois dernier, la CDOA (commission départementale d'orientation de l'agriculture) d’Ille-et-Vilaine avait été boycottée par la FDSEA, JA, et d’autres (chambre d’agriculture, Safer, banques, fermiers, propriétaires…), selon la fédération dénonçant les «propositions inacceptables de révision» du Sdrea. Cela faisait suite à un même boycott dans les Côtes-d’Armor et le Finistère. Interrogée par Agra Presse sur l’allègement du contrôle des structures, la préfecture n’a pas donné suite. Le cabinet de la région Bretagne souligne un «manque de moyen de l’Etat», confronté à un «trop grand nombre de dossiers» en CDOA.
Restauration de la nature: pas d'accord des eurodéputés en commission, décision en plénière
Les eurodéputés de la commission de l’Environnement du Parlement européen ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur une position concernant la proposition de règlement sur la restauration de la nature. Aucune majorité ne s’est dégagée lors d’un vote organisé 27 juin: 44 eurodéputés ont soutenu le projet de texte amendé et 44 s’y sont opposés. Ce projet de règlement controversé, que le principal groupe politique du Parlement (les démocrates-chrétiens du PPE) souhaite voir retiré, sera donc soumis à un vote du Parlement européen en plénière le 11 ou 12 juillet. Un scrutin à l’issue très incertaine qui pourrait conduire à un rejet en bloc du texte. Les eurodéputés vont d’abord se prononcer sur une motion de rejet de la proposition de la Commission européenne puis cette motion n’est pas adoptée ils examineront des amendements. Pour les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) cette absence de consensus au Parlement européen prouve que la proposition initiale de la Commission européenne est mal construite, «à commencer par l'incohérence totale entre l'ambition affichée et l’absence de financement proposé». Malgré des débats compliqués, les ministres de l’Environnement de l’UE sont, eux, parvenus le 20 juin à adopter une position commune sur ces propositions.
Verdissement: Bruxelles s’oppose à une prolongation générale des dérogations
Les dérogations accordées en 2022 et 2023 sur les mesures de verdissement (jachères, rotation des cultures…) ne seront pas prolongées en 2024, a indiqué le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski lors de la réunion des ministres de l’Agriculture des Vingt-sept le 27 juin à Luxembourg. Mais il se dit ouvert «pour examiner des amendements ciblés aux plans stratégiques de la Pac lorsque cela est nécessaire pour régler un problème précis et limité au cas par cas». La plupart des ministres de l’Agriculture de l’UE ont demandé à la Commission européenne de faire preuve de souplesse pour les normes d’éco-conditionnalisé de la Pac afin de permettre aux agriculteurs de faire face aux conditions climatiques exceptionnelles actuelles (sécheresse, inondations…). Certains, comme l’Allemagne et la France, se sont toutefois montrés plus prudents. «Une dérogation qui se répète tous les ans, cela devient une règle», a prévenu Marc Fesneau.
UE/Nouvelle-Zélande: feu vert des Vingt-sept à l'accord commercial
Les Etats membres de l’UE ont donné le 27 juin leur feu vert à la signature de l'accord de libre-échange conclu en juillet 2022 avec la Nouvelle-Zélande. Le texte prévoit notamment l’ouverture par l’UE de contingents d’importation tarifaires de 38000t de viande ovine à droit nul, de 10000t de viande bovine avec un droit de 7,5%, de 15000t de poudres de lait avec un droit de 20%, de 15000t de beurre à un droit progressivement réduit à 5%, de 25000 t de fromage ou encore de 4000t d’éthanol tous deux à droit nul. Du côté de la Nouvelle-Zélande, tous les droits de douane sur les principales exportations agroalimentaires de l'UE sont levés (notamment sur la viande de porc et le vin). L’accord protège également 2000 vins et spiritueux de l'UE ainsi que 163 produits sous indication géographique. Quelque 23 indications viticoles néo-zélandaises seront également protégées dans l’UE. Le Conseil de l’UE va maintenant demander au Parlement européen d'approuver la conclusion de l'accord. Ensuite, une fois qu'il aura été ratifié par la Nouvelle-Zélande et que les deux parties se seront mutuellement notifié l'achèvement de leurs procédures internes, celui-ci pourra entrer en vigueur.
Eau et pesticides: des projets d'usines de traitement contestées en Île-de-France
Les régies publiques qui alimentent en eau potable la ville de Paris et une partie de l’Ile-de-France ont appelé, le 26 juin, à organiser un ‘Grenelle de l’eau’ régional avec l’Etat, selon l’AFP. Elles dénoncent le projet du syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) de doter trois usines d’une technologie de filtration par membranes «haute performance» promettant «une eau plus pure», c’est-à-dire débarrassée d’un maximum de micropolluants, sans chlore ni calcaire. Un projet pesant près d’un milliard d’euros, dont la mise en service est prévue en 2030-2032. Au-delà du coût élevé, les régies publiques de l’eau estiment que ce projet est énergivore, non-écologique et anti-démocratique. Il entraînera «l'explosion de la consommation énergétique» et «le report des pollutions sur d'autres acteurs» via les rejets de ces traitements, a estimé le président d’Eau de Paris, Dan Lert, qui demande «le retrait du projet». Les régies publiques estiment qu’il faut préserver en amont la ressource en eau et soutenir «un modèle industriel de juste traitement» selon Jean-Claude Oliva, vice-président d’Est Ensemble. De son côté, Dan Lert a indiqué avoir écrit au préfet pour demander l'interdiction des pesticides sur les aires de captage d’eau prioritaires pour Paris.
Ammoniac: des chercheurs danois travaillent sur une production à la ferme
Dans un article publié le 26 juin, l’université danoise d’Aarhus présente un projet de recherche qu'elle pilote, visant à développer une production d’ammoniac anhydre liquide à la ferme, à partir d’énergies renouvelables (solaire ou éolien). «Les agriculteurs pourront élaborer leur propre ammoniac pour produire des engrais ou des e-carburants», souligne Jacopo Catalano, responsable du projet baptisé Aelectra, dans l’article en question. Contactés par Agra presse, les chercheurs n’ont pas souhaité révéler le procédé qui sous-tend cette nouvelle technologie, mais évoquent le recours à «de l’air, de l’énergie renouvelable et de l’azote présent dans l’air», selon les mots d’Emil Drazevic, directeur de recherche à l’université d’Aarhus. Et d’ajouter dans le communiqué que «cette technologie présente un énorme potentiel, capable de changer radicalement la situation du marché mondial de l’ammoniac et de faciliter la transition verte d’un certain nombre de secteurs». L’équipe reconnaît néanmoins la complexité d’un tel projet qui requiert «un certain nombre de conditions» avant d’être mis en œuvre. Dans le cadre du programme «Pathfinder» du Conseil européen de l’innovation, le projet a bénéficié d’une enveloppe de 3,5 M€. Il débutera en octobre 2023, et devrait durer quatre ans.
Lait: moins d’un éleveur sur dix envisage d’augmenter la taille de son cheptel (étude)
Une étude menée par Innoval (conseil/génétique en élevage), en partenariat avec l’Ifop et Valorial (innovation agricole et agroalimentaire), montre «une vraie résistance psychologique à l’augmentation de la taille des cheptels» parmi le millier d’éleveurs interrogés, indique une synthèse de l'étude communiquée le 27 juin à l’occasion de la sortie du livre Anticipons l’élevage de demain (à l’horizon 2035). Dans les cinq à dix ans à venir, seuls 8% des producteurs de lait envisagent d’accroître la taille de leur troupeau. Dans le même temps, 10% prévoient de réduire leur cheptel, 23% de l’abandonner et 59% de le maintenir à effectif constant. La dynamique diffère légèrement pour les moins de 40 ans. Ces derniers sont 11% à vouloir augmenter la taille de leur cheptel et 68% à vouloir le maintenir. Ils ne sont que 5% à envisager de l’abandonner, mais 16% prévoient tout de même de réduire la taille de leur troupeau. Le sondage révèle que les plus jeunes éleveurs sont aussi les plus optimistes sur l’avenir de leur métier: 87% sont optimistes dans la tranche des 18-29 ans, 70% chez les 30-39 ans, 61% chez les 40-49 ans et 51% chez les plus de 50 ans. Plus d’un tiers des éleveurs citent le «manque de visibilité sur le prix du lait», la «lourdeur des tâches administratives» et la «pénurie de main-d’œuvre» parmi leurs trois préoccupations principales.
Fromages: l’AOP abondance envisage d’adapter son cahier des charges au changement climatique
Le Syndicat interprofessionnel du fromage abondance (Sifa), qui porte le cahier des charges de l’AOP haut-savoyarde, a engagé une réflexion autour de l’adaptation de son cahier des charges au changement climatique, ont expliqué sa présidente Émilie Jacquot et son directeur Joël Vindret en conférence de presse, le 27 juin. L’année 2022 a été «difficile» en raison de la sécheresse et le syndicat a été contraint de demander une modification temporaire de son cahier des charges, à l’instar d’une vingtaine d’autres AOP laitières. La situation pourrait devenir de plus en plus fréquente et les acteurs de la filière veulent s’y préparer. «Il y a des lignes (du cahier des charges, ndlr) qui vont être remises en cause dans les années à venir», explique Émilie Jacquot. L’une des pistes explorées est de favoriser le pâturage de nuit ou en période fraîche et de laisser les animaux à l’intérieur des bâtiments aux heures les plus chaudes de la journée. Du côté de l’alimentation des animaux, des essais de culture avec des espèces fourragères plus résistantes à la sécheresse sont en cours. «Nous avons une liste positive des espèces fourragères (autorisées, ndlr). Elle n’est pas très précise, mais il faudra demander une modification pour utiliser une nouvelle espèce fourragère», indique Joël Vindret.
Pommes : les producteurs dénoncent la présence de produits polonais en restauration collective
Dans un communiqué le 26 juin, l’Association nationale des producteurs de pommes et de poires (ANPP) s’élève contre la présence de pommes polonaises en restauration collective alors que la saison française n’est pas encore terminée. Elle appelle les pouvoirs publics à une réaction forte en dotant les acheteurs publics des budgets nécessaires pour s’approvisionner en origine France. Le 23 juin, au cours d’une visite chez un grossiste fournissant des cantines scolaires et des Ehpad de Corrèze, des producteurs du Limousin auraient constaté la présence en grande quantité de pommes polonaises, alors même qu’il reste du produit français disponible sur le marché. Contrairement à la commercialisation en magasin, en restauration collective, l’affichage de l’origine des fruits et des légumes n’est pas obligatoire. L’ANPP salue néanmoins la réaction du grossiste qui, à la suite de cette visite, aurait passé commande de pommes auprès de producteurs français locaux. «Si les pommes polonaises envahissent nos marchés, c’est parce qu’elles bénéficient non seulement d’un coût de main-d’œuvre impossible à suivre pour les arboriculteurs français mais aussi de conditions réglementaires de production bien plus favorables sur le plan phytosanitaire. Ces distorsions de concurrence flagrantes pénalisent et asphyxient la filière française», explique l’ANPP.
Planification écologique: la «compétitivité», ligne rouge de la FNSEA (Arnaud Rousseau)
A l'occasion d'une conférence de presse le 27 juin, à environ une semaine de la prise de parole d'Emmanuel Macron sur la Planification écologique, attendue pour le 5 juillet, le président de la FNSEA s'est dit «conscient des défis de la transition écologique», mais il a revendiqué des «lignes rouges», au premier rang desquelles «la compétitivité». Pour Arnaud Rousseau, «il ne doit pas y avoir de perte de compétitivité» de la Ferme France. Et «s'il doit y avoir une baisse de soutien sur les énergies fossiles, cela doit être compensé sur le renouvelable, ou au travers d'autres mesures, notamment fiscales». Et de citer par exemple la fiscalité des plus-values. En vue du projet de loi de finances (PLF) pour 2024, chaque ministère doit proposer à Matignon 5% d'économies (hors salaires) afin de financer la transition écologique (soit environ 300 M€/an pour le ministère de l'Agriculture). Parmi les économies, Bruno Le Maire a indiqué qu'il souhaite supprimer progressivement le tarif réduit du gazole non routier (GNR) agricole, à horizon 2030, en commençant dès le PLF 2024. Le gouvernement réfléchit également à un principe de bonus-malus pour les engrais azotés minéraux selon leur empreinte carbone. Côté dépenses, le ministère de l'Agriculture travaille sur un Pacte pour la haie, dont l'Afac estime le coût à 250 M€/an.
Sainte-Soline: l'ancien porte-parole de la Conf' convoqué par la gendarmerie
Dans un communiqué de presse, la Confédération paysanne annonce l’organisation d’un rassemblement de soutien devant les gendarmeries de Niort (Deux-Sèvres) et de Dole (Jura) le 28 juin. En tout, huit personnes sont convoquées comme mis en cause à la suite des manifestations de Sainte-Soline d’octobre 2022 et de mars 2023, qui s’étaient soldées par d’importantes violences. «Notre porte-parole lors de ces mobilisations, Nicolas Girod, est en effet convoqué à Dole alors que le porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres Benoît Jaunet l’est à Niort, en même temps que le porte-parole du collectif Bassines Non Merci Julien Le Guet», souligne la Conf’. Dans chacun de ces lieux, de membres du secrétariat national du syndicat agricole seront présents, rapporte le communiqué. Il ajoute qu’il en sera de même pour le rassemblement de soutien aux Soulèvements de la Terre, qui aura lieu le même jour à Paris. Pour rappel, le collectif a été dissous le 21 juin en Conseil des ministres. «Nous dénonçons cette énième volonté de museler les mouvements sociaux et écologiques. Cette répression qui vise les syndicats et associations qui luttent pour la préservation et le partage équitable de l’eau est un non-sens historique», s’insurge la Conf’ dans son communiqué.
Élevage: une nouvelle coprésidence pour Elinnove (acteurs du bâtiment)
Anne-Marie Quéméner, commissaire générale du Space, et Frédéric Sénéchal, directeur général de l’équipementier Lubing, ont été élus coprésidents d’Elinnove, annonce l’association des acteurs du bâtiment d’élevage dans un communiqué le 27 juin. Président de l’organisation depuis 2019, Anthony Gobin (Le Roy – LLC, équipementier volailles) a passé la main lors de l’assemblée générale le 8 juin. Elinnove regroupe les acteurs français du bâtiment d’élevage, selon trois collèges (professionnels du bâtiment, filières d’élevage, recherche et formation).