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Les robots vont-ils remplacer les salariés viticoles et les vignerons ?
Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre persistante, la viticulture cherche des solutions pour assurer la continuité de ses activités. Le débat sur la possibilité de remplacer les salariés viticoles par des robots est de plus en plus actuel, mais est-ce une réalité envisageable dès à présent ?
Président de l’Union viticole, Patrice Fortune, viticulteur à Crêches-sur-Saône, souligne que le besoin en personnel dans la viticulture est désormais permanent, avec environ 15.000 employés permanents et 20.000 CDD par an. « La situation est tendue toute l’année, pas seulement pendant les vendanges », explique-t-il. Cette tension permanente pousse les viticulteurs à diversifier leurs stratégies de recrutement. C’est le métier de Cécile Parent, spécialiste en ressources humaines au service emploi de la FDSEA 71 : « Le viticulteur utilise tous les canaux à sa disposition, du bouche-à-oreille aux réseaux sociaux, en passant par les groupements d’employeurs » (GED Agri Emploi Rural 71). Ce dernier connaît un franc succès.
La robotisation : une solution partielle
L’avancée des technologies robotiques offre une lueur d’espoir. Plusieurs vignerons se sont équipés ces dernières années. Benjamin Alban, directeur du Vitilab au Vinipôle Sud Bourgogne à Davayé, explique que des robots de désherbage et de pulvérisation autonomes sont déjà commercialisés. « On n’est plus dans la science-fiction ; ces solutions existent et sont disponibles à l’achat », affirme-t-il. Cependant, le coût élevé de ces technologies reste un frein majeur, surtout pour les petits viticulteurs. Pour pallier cela, Patrice Fortune mentionne l’option des Cuma (coopératives d’utilisation de matériel agricole) : « En achetant un robot en commun, on pourrait rendre ces technologies accessibles », réfléchit-il avec d’autres dans son secteur, chacun ayant certaines parcelles robotisables.
Les limites de la robotisation
Malgré ces avancées, la robotisation ne peut pas encore remplacer complètement le travail manuel en viticulture. Les tâches complexes, comme la taille des vignes, nécessitent encore une intervention humaine. De plus, les questions réglementaires posent des défis importants. La circulation des robots sur les routes, par exemple, est encore encadrée par des régulations strictes.
Attirer et former les jeunes
Pour répondre aux besoins immédiats, attirer et former les jeunes aux métiers viticoles est une priorité. Cécile Parent détaille les efforts déployés : « Nous travaillons avec les écoles, les centres de formation et participons à des salons de l’emploi pour attirer les jeunes vers ces métiers », notamment avec l’Anefa et dans toutes les instances, puisque la FDSEA est le représentant des employeurs de main-d’œuvre agricole et viticole. L’introduction de technologies numériques et de réalité virtuelle pour la formation est également en cours. « Les simulateurs de taille et de conduite permettent aux jeunes d’apprendre les métiers manuels de manière innovante », ajoute Benjamin Alban. Le métier se réinvente donc de la formation à la pratique.
Vers une coexistence homme-robot
La réalité actuelle montre que les robots ne remplaceront pas complètement les salariés viticoles à court terme. Les solutions robotiques peuvent alléger certaines tâches et pallier les périodes de pénurie, mais l’expertise humaine reste indispensable, surtout pour les travaux complexes. En parallèle, l’optimisation des stratégies de recrutement et de formation est cruciale pour assurer la pérennité du secteur. C’est ainsi que c’est conclu notre émission d’Agriculturez-vous, tournée à la cave de Buxy. Retrouvez-la sur nos réseaux sociaux, notamment pour voir le témoignage du directeur de la cave de Buxy qui nous parle de son salon de l’emploi.
En conclusion, la viticulture doit envisager une coexistence entre technologie et savoir-faire humain. Les robots représentent une aide précieuse, mais ils ne sauraient remplacer entièrement les compétences et l’adaptabilité des travailleurs humains. Les efforts pour attirer, former et fidéliser les jeunes talents restent essentiels pour garantir l’avenir de la viticulture.