EXCLU WEB / Produits laitiers : les exportateurs presque à l’unisson

La production de lait augmente dans tous les pays exportateurs majeurs de la planète depuis le début de l’année. Mais les prix de vente, plutôt élevés, sont plombés par les coûts de l’alimentation en hausse. 

EXCLU WEB / Produits laitiers : les exportateurs presque à l’unisson

Dans tous les pays exportateurs de produits laitiers de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, la production de lait croît. Aux États-Unis en mai dernier, elle était supérieure de 4,6 % à celle de l’an passé à la même époque. Dans le même temps, les effectifs de vaches laitières croissent de 1,5 %. En Nouvelle-Zélande, en plein hiver austral, les éleveurs néozélandais livrent jusqu’à 12 % de lait en plus. Dans son dernier numéro « Tendance Lait viande », l’Institut de l’élevage (Idele) se livre l’analyse suivante : « la fin de la campagne 2020/2021 a été dynamique, avec une progression de la production en mai de +7,6 % /2020 en volume de lait et de près de +10 % en matière sèche. Sur la campagne 2020-21, la hausse de production s’établit à près de +3 % ». En Argentine et en Australie, la production de lait est aussi très vigoureuse. Et dans l’Union européenne à Vingt-sept, « la collecte de l’UE-27 a continué de croître pour le troisième mois consécutif, de +1,6 % sur un an, explique l’Idele. Ce sont surtout l’Irlande (+ 6 % sur un an) et la France (+ 2,6 %) qui tirent la production à la hausse ». Mais dans notre pays, la réduction du cheptel se poursuit à un rythme accéléré (- 2,1 % sur un an).

Produire plus

Plus élevés que l’an passé à la même époque, les prix du lait incitent les éleveurs à produire plus pour profiter de la conjoncture favorable des marchés des produits laitiers. Dans l’Union européenne, « la remontée du prix du lait est particulièrement prononcée dans les pays davantage connectés aux marchés mondiaux (+7 % /mai 2020 aux Pays Bas, +12 % au Danemark, +22 % en Irlande), en lien avec la bonne orientation des marchés des ingrédients laitiers », souligne l’Institut de l’élevage.

Mais les prix du lait évoluent parfois à contretemps. En France, la baisse des prix habituellement observée chaque année est à peine perceptible. Toutes qualités confondues, le prix standard s’élève à 351 €/1 000 litres. Aux États-Unis, le prix de la tonne de lait est supérieur de 43 % à son niveau de 2020 en pleine période de confinement mais aussi à de 20 à 30 dollars à celui de 2019. En Nouvelle-Zélande, la coopérative Fontera a fixé le prix médian du kilogramme de lait à la production, pour la prochaine campagne 2021-2022, à 8 dollars néozélandais (soit près de 340 € les 1 000 litres de lait).

Des tensions apparaissent

Ceci-dit, les producteurs voient partout les marges sur le coût alimentaire de leur élevage s’éroder. Aucun d’eux n’échappe à la remontée des prix des céréales et des protéagineux servis dans la ration alimentaire des animaux. En France, la marge sur les prix d’achats des moyens de production agricole s’établissait au mois de mai dernier à 80 €/1 000 l, soit 30 €/ 1 000 litres de moins qu’au mois d’octobre 2020, juste avant qu’elle n’entame sa décrue.

Aux États-Unis, le prix très élevé du lait permet aux farmers de préserver leurs marges mais des tensions apparaissent sur les marchés du fromage annonciatrices d’une stabilité du prix du lait voire d’un recul prochain.

En Argentine et en Nouvelle-Zélande, la rentabilité des élevages est aussi suspendue à court terme aux prix des aliments. Ceci dit, les producteurs néozélandais ne peuvent plus compter sur une partie des migrants qu’ils emploient sur leur exploitation. Entre deux et quatre mille sont empêchés de revenir travailler en raison des mesures sanitaires imposées par le gouvernement néozélandais pour limiter la propagation de l’épidémie de la Covid. Par ailleurs, le pays est très dépendant des importations chinoises de produits laitiers alors que des mesures environnementales pourrait contraindre les éleveurs à produire moins de lait. Le pays aurait même atteint un pic laitier, rapporte l’Institut de l’élevage.