Les brèves du 28 juillet 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 28 juillet 2023

Les brèves du 28 juillet 2023

Glyphosate : l’évaluation des risques officiellement publiée

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a officiellement publié le 26 juillet son évaluation des risques du glyphosate dont les premiers éléments avaient été communiqués au début du mois. Le rapport confirme que l’examen de l’ensemble des données examinées « n’a révélé aucun problème qui ne pouvait pas être finalisé ou qui devait être inclus en tant que domaines de préoccupation critiques en ce qui concerne […] la substance active et la formulation pour des utilisations représentatives ». Une proposition formelle devrait être soumise aux États membres au mois de septembre en vue d’un vote en octobre. Dans une lettre adressée le même jour aux experts des États membres du comité permanent sur les végétaux, les animaux, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux, l’association Pesticides Action Network (PAN) Europe exprime ses profondes préoccupations concernant à la fois le processus d’autorisation mené au pas de charge et la minimisation des effets néfastes du glyphosate qui sont révélés par l’évaluation de l’Efsa.

Céréales : la Russie propose de livrer gratuitement six pays d’Afrique

Le président russe Vladimir Poutine, qui organisait le 27 juillet à Saint-Pétersbourg un sommet Russie-Afrique, a promis de livrer gratuitement « dans les mois qui viennent » de 25 à 50 000 t de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée. « Notre pays peut remplacer les céréales ukrainiennes sur le plan commercial mais aussi sur celui [des livraisons humanitaires] à titre gracieux », a-t-il affirmé, ajoutant que la Russie est un producteur « solide et responsable ». La Russie a décidé la semaine dernière de quitter l’accord sur les céréales en mer Noire et a depuis frappé les installations portuaires ukrainiennes d’Odessa, mais aussi du port de Reni, le long du Danube, ciblant une route d’exportation via l’UE. L’Ukraine manque de défenses antiaériennes pour protéger ses infrastructures d’exportation de céréales des frappes russes, au moment où Moscou a placé sous blocus « quasiment tous les ports » du pays, a alerté une porte-parole de l’armée ukrainienne à l’AFP.

Alcool : plus de 70 députés s’opposent à la hausse de la fiscalité envisagée par Bercy

Via deux courriers séparés, 71 députés de tous bords politiques, membres du groupe d’études Vigne et vin de l’Assemblée, s’opposent au projet de relever la fiscalité sur l’alcool dans le cadre du PLFSS 2024 (financement de la sécurité sociale). Dans une lettre envoyée le 11 juillet au ministre de la Santé d’alors, François Braun, 44 députés de la majorité s’inquiètent de l’impact d’une « augmentation excessive des taxes » dans des « régions viticoles déjà en crise pour quelques-unes d’entre elles ». Le 24 juillet, 27 députés de droite et d’extrême-droite (membres du même groupe d’études) ont écrit, eux, au ministre de l’Agriculture, afin de demander au gouvernement de « reconsidérer sa position ». Un troisième courrier « doit partir au nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau », avance Vitisphere. Une hausse des droits d’accises sur l’alcool serait « quasiment arbitrée », selon un député de la majorité cité par Les Echos (article payant). « La hausse serait de l’ordre de 0,3 centime par bouteille de vin et pourrait s’élever à 1 ou 2 euros pour les alcools forts », précise le quotidien économique. Le mécanisme consisterait à indexer ces droits d’accises sur l’inflation de l’année N-1, sans plafond ; leur hausse est actuellement indexée sur l’année N-2 et plafonnée à 1,75 %.

Irrigation : l’UFC-Que choisir en faveur d’un « principe préleveur-payeur »

Alors que 42 départements sont déjà soumis à des restrictions en eau, l’association de défense des consommateurs UFC-Que choisir dénonce « la faiblesse des mesures proposées par le gouvernement face à la raréfaction de la ressource », dans un communiqué de presse daté du 27 juillet. Afin de préserver cette dernière, elle réclame « la mise en œuvre du principe préleveur-payeur dans les redevances payées par l’agriculture intensive ». Elle cible notamment les pratiques d’irrigation de « l’agriculture intensive », qui représente selon elle l’immense majorité des pratiques. « En été, sa ponction dans la ressource représente jusqu’à 90 % des consommations pour les départements de la façade atlantique et du Sud-Ouest, notamment du fait de la prépondérance du maïs dont les besoins en eau, à la différence des autres grandes cultures, sont concentrés en juillet et août ». Par ailleurs, elle affirme que « les sommes versées par les agriculteurs en contrepartie de leurs prélèvements en eau ne constituent qu’une bien faible incitation à réduire les prélèvements ». Et l’UFC-Que choisir de souligner que ces sommes « ne représentent selon les régions que 2 à 15 % du total des redevances pour prélèvements perçues par les agences de l’eau ».

Intrusions en élevage/L214 : la FRSEA de Bretagne « affligée » par une décision de justice

Dans un communiqué du 27 juillet, la FRSEA de Bretagne se déclare « affligée » par la décision de la cour d’appel de Rennes d’annuler les assignations en justice lancées par deux éleveurs pour contraindre l’association L214 à retirer d’Internet des vidéos capturées sur leurs exploitations. « Les éleveurs sont avant tout des citoyens et, à ce titre, leurs droits doivent être reconnus par la société et défendus par la justice. Il est scandaleux d’imposer toujours plus de règles contraignantes aux éleveurs alors que leurs droits fondamentaux sont bafoués impunément », affirme le syndicat. La cour d’appel a annulé les assignations au motif que les faits reprochés aux activistes par les éleveurs relèvent du délit de « diffamation », défini dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse, et non de la violation de propriété. La FRSEA de Bretagne défend plusieurs mesures « pour freiner et décourager » les intrusions sur les exploitations. Outre l’application des « peines prévues par la loi en cas de violation de la propriété privée », elle demande « la création d’infractions spécifiques » pour les intrusions dans les élevages. « Un bâtiment d’élevage doit être, dès à présent, reconnu comme un espace privé à protéger », plaide-t-elle. Autre exigence : suspendre la défiscalisation des dons accordés aux « associations délictueuses ».

Fraise : la récolte 2023 serait en recul de 4 % sur un an (Agreste)

La production de fraises 2023 est estimée à 74 500 tonnes, soit un recul de 4 % par rapport à 2022 (78 000 t), selon les dernières estimations d’Agreste au 1er juillet. La récolte resterait tout de même supérieure de 2 % à la moyenne 2018-2022. Le recul de la production touche uniquement le bassin Sud-Ouest, qui perd 15 %, à 24 265. Il est surtout imputable à la baisse des rendements affectés par les températures élevées et les attaques de ravageurs, au premier rang desquels Drosophila suzukii. Les progressions restent timides sur les autres principaux bassins de production : Centre Ouest (8776 t, +4 %), Sud-Est (24 298 t, +2 %). Les autres zones de production (Est, Massif central, Nord et Ouest) restent stables avec 17 117 t. L’ensemble de ces régions représentait 62 % de la production française de fraises en 2022. Selon Agreste, en mai et en juin, soit au moment du pic de production, les prix étaient nettement au-dessus des niveaux de 2022 : il semble donc que la baisse saisonnière à ce moment de la campagne ait été moins prononcée que l’année dernière. Cela peut s‘expliquer par le contexte général de renchérissement de prix des fruits frais. Enfin, les exportations de fraises sont en retrait de 21 % sur la période (6600 t).

Bio : la région Nouvelle-Aquitaine adopte son pacte d’ambition 2023-2027

Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a adopté son Pacte pour l’agriculture biologique 2023-2027 en séance plénière le 12 juin, annonce-t-elle dans un communiqué le 27 juillet. La première région agricole de France vise « 18 % de SAU en agriculture biologique », ce qui est aligné sur l’objectif national de 18 % inscrit dans le PSN (déclinaison française de la Pac). La Nouvelle-Aquitaine vise aussi « 25 % des exploitations » et « 30 % des installations avec la dotation Nouveaux et Jeunes agriculteurs » en agriculture biologique. Elle vise enfin 30 % de produits locaux bio dans les restaurants scolaires des lycées en 2025, objectif qui avait déjà été annoncé en mai 2022. Pour rappel, la loi Egalim impose 20 % de produits bio dans les cantines scolaires depuis le 1er janvier 2022. Au terme de son premier pacte régional 2017-2021, la Nouvelle-Aquitaine a vu ses surfaces bio augmenter de « plus de 102 % » pour atteindre « 9,7 % de la SAU ». Elle a aussi recensé « plus de 4300 exploitants qui se sont convertis » durant cette période.

Abattoir de Bazas : la préfecture conteste, L214 maintient sa version

Réagissant à la diffusion, le 26 juillet, d’une enquête de L214 sur l’abattoir de Bazas, la préfecture de Gironde a annoncé, dans un communiqué du même jour, une « nouvelle inspection complète » de l’usine. Tout en critiquant la méthode de l’association, qui a choisi selon elle « un montage isolant de leur contexte des séquences non datées et choisies pour leur caractère choquant ». Pour la préfecture, la vidéo « ne reflète pas la réalité du fonctionnement de cet abattoir régulièrement contrôlé ». « Une inspection coordonnée des trois chaînes du 28 mars au 21 avril 2023 sur le volet immobilisation des animaux a conclu à la conformité de l’établissement », rappellent les autorités. La préfecture évoque aussi une « mise en demeure » du 9 juin ordonnant un « contrôle interne » sur le déchargement des animaux, ainsi qu’un « courrier d’avertissement » du 3 février sur l’« inadéquation de l’équipement » pour l’abattage des porcs de moins de 40 kg. Dans un communiqué du 27 juillet, L214 maintient sa version, contestant notamment les affirmations de la préfecture sur l’abattage des porcelets. Face aux accusations de montage à charge, l’association indique par ailleurs avoir remis à la justice « une vidéo de 2h50 (avec preuves de dates et de lieu) qui accompagne sa plainte contre l’abattoir ».

Piment d’Espelette : le cahier des charges AOP modifié à la suite de l’orage du 20 juin

Un arrêté paru au Journal officiel le 27 juillet modifie temporairement le cahier des charges de l’appellation d’origine protégée (AOP) « piment d’Espelette », en raison de l’épisode climatique exceptionnel survenu lors de la campagne 2023-2024. Le 20 juin, un fort orage de grêle avait frappé la zone de production entraînant de très lourdes pertes (jusqu’à 80 % chez certains producteurs). Parmi les changements apportés au cahier des charges, la plantation (qui commence le 1er avril) ne s’arrête plus obligatoirement au 15 juillet comme d’accoutumée. Pour les parcelles plantées après le 20 juin, l’écartement de 40 cm au minimum entre les plants sur la ligne ne s’applique pas. Pour les parcelles plantées à partir du 21 juin, au-delà d’une période maximale de 45 jours à compter de la plantation, l’irrigation est interdite. La récolte manuelle est échelonnée jusqu’aux premières gelées et au plus tard jusqu’au 15 décembre (jusqu’au 1er décembre habituellement). Les piments destinés à la vente en poudre font l’objet, après tri, d’une maturation de 15 jours minimum dans un endroit chaud et aéré. Pour les piments récoltés à partir du 2 décembre, la durée de maturation est de 25 jours minimum. Pendant cette période, toute déshydratation brutale ou tout séchage en four reste interdit.

Oignons : la récolte d’oignons de Roscoff commence sous de bonnes conditions

La récolte de l’oignon rosé de Roscoff a commencé il y a deux semaines, et les premières estimations laissent présager une meilleure campagne qu’en 2022, avec un potentiel de 6000 tonnes, dont 40 % sous AOP. « Il est peut-être encore tôt pour une évaluation claire, mais les conditions de cultures ont été bonnes et les rendements sont plutôt bons. De plus, la qualité sera là cette année », a expliqué Pierre Gélébart, chef de produit chez Prince de Bretagne (Cerafel) à Agra Presse. Seule l’humidité présente depuis quelques jours pourrait créer quelques inquiétudes, en raison des risques de mildiou. Les premiers produits conditionnés en plateau litté sont déjà commercialisés. Ce produit haut de gamme est apprécié des grossistes. La tresse d’oignons AOP d’un kilo (environ 1500 t par an) commençait à être vendue cette semaine : elle se retrouve aussi bien dans le détail traditionnel qu’en grandes surfaces, où elle est commercialisée à 50 % sous MDD. « Par ailleurs, nous ouvrons des marchés, notamment à l’exportation vers les pays européens comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Irlande. Nous notons un réel intérêt pour le produit », remarque Pierre Gélébart. La campagne 2022-2023 avait été caractérisée par une forte sécheresse estivale, qui avait entraîné une baisse notable des volumes, de l’ordre de 30 %. De plus, les gros calibres, indispensables pour la confection des tresses, avaient manqué.

Miel : la Conf’gagne contre un revendeur de miel dans une affaire de francisation

La Confédération paysanne se réjouit de sa « grande victoire » dans une affaire de francisation sur le miel dans les Pyrénées-Orientales, d’après un communiqué du 26 juillet. Le tribunal judiciaire de Perpignan a condamné un gérant d’une société de revente de miels à six mois d’emprisonnement avec sursis et à une amende de 50 000 euros pour tromperie sur l’origine, la nature, la qualité et pour pratique commerciale trompeuse, selon un jugement prononcé le 5 juillet qu’Agra Presse a pu consulter. Il était reproché au prévenu d’avoir apposé sur des fûts de miels étrangers des étiquettes portant les allégations « origine France » et « miel du Roussillon », pour des faits commis à Perpignan, Vendres et Narbonne entre 2015 et 2019. Absent à l’audience, le gérant devra également faire état de sa condamnation dans diverses publications apicoles. Partie civile dans cette affaire, la Confédération paysanne a obtenu 4000 euros en réparation du préjudice moral et 1000 euros au titre de la procédure pénale.

Distribution : l’agricultrice Anne-Cécile Suzanne entre au conseil d’administration d’Auchan

L’agricultrice Anne-Cécile Suzanne, également consultante pour le cabinet Kea & Partners, a été nommée mi-mai administratrice indépendante du groupe de distribution nordiste Auchan pour quatre ans, a appris l’AFP de sources concordantes. Diplômée de l’école de commerce Audencia et de Sciences Po Paris, elle a repris l’exploitation familiale dans le Perche ornais après le décès de son père en 2014, avait-elle confié fin 2019 au quotidien régional Ouest-France. Active sur les réseaux sociaux et signataire de nombreuses tribunes sur les questions agricoles, elle est également consultante sur les chaînes de valeur alimentaires pour le cabinet de conseil Kea & Partners.