Gaec du Progrès
Opter pour une démarche écologique payante

Marc Labille
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Désireux d’optimiser l’efficacité économique de leur élevage, les associés du Gaec du Progrès ont profité de la démarche Carbon Agri pour tendre vers leurs objectifs. 

Opter pour une démarche écologique payante
Pour Christophe Chaumont, cela vaut la peine de consacrer un peu de temps au dossier Carbon Agri puisque la démarche procure une rémunération supplémentaire en plus des gains économiques réalisés.

Le Gaec du Progrès est constitué de quatre associés aidés d’un salarié pour une activité laitière de 220 vaches prim’holstein produisant 2,2 millions de litres de lait. La structure dont le siège est à Saint-Germain-du-Plain couvre 415 hectares dont 310 de cultures et elle possède un atelier engraissement de 100 mâles par an. Sur cette exploitation qui a été l’une des premières en Saône-et-Loire à adopter un robot de traite, les vaches sont aujourd’hui traites par quatre robots et un automate d’alimentation passe six fois par jour pour distribuer la ration des laitières. En perpétuelle évolution, la ferme fondée par la famille Chaumont envisageait d’accroître encore son niveau de production en améliorant notamment le confort de ses bâtiments. Lorsqu’en 2019 Christophe Chaumont a pris connaissance de la démarche Carbon Agri, il s’est dit que son exploitation devait se dépêcher de s’y engager. Car « pour être bon au niveau carbone, il faut être intensif raisonné et c’est justement ce que nous recherchons dans notre système », fait valoir le jeune éleveur convaincu qu’un meilleur bilan carbone coïncide avec l’optimisation économique.

Objectif 11.000 kg/vache/an

La première étape a été le diagnostic Cap2ER réalisé par le conseiller Acsel de l’exploitation. Ce bilan a permis de mettre en lumière les points qui pouvaient être améliorés, explique Christophe. Pendant cinq ans, le Gaec s’est fixé un certain nombre d’objectifs qui lui permettront d’abaisser son empreinte carbone tout en améliorant les performances technico-économiques. Comme ils se l’étaient fixés, les associés vont faire progresser la production moyenne par vache. De 9.500 kg le lait par vache et par an, ils se sont donnés comme objectif 11.000 kg/vache/an. Le but étant de produire à terme 2,5 millions de litres de lait avec 230 vaches, indique Christophe.

Très attachés à l’indicateur lait produit par jour de vie, les associés font en sorte de faire vieillir davantage leurs vaches. Dans un troupeau désormais en vitesse de croisière, le taux de renouvellement devrait être abaissé de 45 à 30 %, indique Christophe. Cela engendrera moins de génisses à élever et les vaches plus âgées donneront plus de lait. Dans le même temps, l’âge au premier vêlage sera abaissé de 27 à 24 mois.

Plus de confort pour les vaches

Le gain de production se fera en grande partie grâce au confort amélioré des animaux. Les associés ont installé des logettes à parois flexibles faites de tubulaires souples sur des matelas à eau. Les allées bétonnées raclées sont recouvertes de tapis rainurés laissant s’écouler les jus. Agrandi, le bâtiment offre davantage de mètres carrés par vache et ces dernières disposent de plus de place à l’auge (deux places pour trois vaches contre une pour deux auparavant).

L’effort porte aussi sur l’élevage des petits veaux qui doit être irréprochable pour un vêlage plus jeune et une carrière plus longue. Cela profite aussi aux mâles qui seront plus lourds au même âge, fait valoir Christophe.

Le robot d’alimentation contribue à l’optimisation de la production, tant en lait qu’au niveau des GMQ des taurillons, signale l’éleveur.

Pendillards, modulation de dose, photovoltaïque

Parmi les autres points à améliorer figure les effluents très émetteurs en carbone. Le Gaec a d’ores et déjà adopté des pendillards en remplacement de la palette sur sa tonne à lisier. Et le lisier est enfoui dans les douze heures suivant l’épandage. Le fumier sera bientôt conduit sur une plateforme de méthanisation privée. En échange, les associés reviendront avec du compost.

Du côté des cultures, le Gaec prévoit de réduire la fertilisation azotée de dix unités. Pour cela, l’exploitation s’est équipée d’un épandeur doté de la pesée embarquée et d’un dispositif de modulation de la dose en fonction de la biomasse.

Enfin, la ferme va investir dans une centrale photovoltaïque en autoconsommation. D’une puissance de 64 kiloWatt crête, elle doit couvrir environ 40 % de l’électricité consommée par l’exploitation dont la facture s’élève à 2.000 € par mois, indique Christophe.

Rémunération supplémentaire à la clé

Toutes ces mesures devraient permettre d’émettre 2.000 kg de carbone en moins par hectare et par an sur un total d’émission de 8.235 kg/ha de SAU, fait valoir l’éleveur. Un volume d’émission de carbone évité qui sera rémunéré au Gaec ; s’ajoutant aux gains économiques générés par les améliorations technico-économiques, souligne Christophe. Un premier paiement pourrait intervenir à l’issue d’un bilan à mi-parcours, informe l’éleveur qui estime que cela vaut le coup de consacrer un peu de temps à préparer le dossier, étant donné les bénéfices.