Consommation de lait en 2020
Le lait plébiscité dans les foyers en 2020

Dans une visioconférence, Syndilait, organisation professionnelle regroupant en France la majorité des fabricants de laits de consommation liquides, a dressé le bilan de la consommation du lait en France. Le lait est revenu en force dans les foyers en 2020.

 

Le lait plébiscité dans les foyers en 2020

« Le lait a fait son grand retour dans les foyers en 2020 » a indiqué Emmanuel Vasseneix, vice-président de Syndilait. En effet, il enregistre en volume consommé une progression de presque 5 % (+4,9 % exactement) en 2020 par rapport à 2019, avec un pic enregistré au mois d’avril 2020 : +35 %. Il faut ici y voir l’effet confinement et le fait que les Français se sont rués sur les produits de base. « Il a fallu s’adapter, de la collecte à la distribution en passant par les emballages et, particulièrement au moins d’avril où la demande était très forte. Nous n’avons connu aucune rupture », a souligné Olivier Buiche, vice-président de Syndilait. Le lait UHT progresse de +4,6 %, le lait entier de + 10,2 % et les laits vitaminés de +5,6 %. En valeur, les ventes totales ont atteint 2,37 milliards d’euros, en augmentation de +5,3 % par rapport à 2019. En plus du facteur confinement, les dirigeants de Syndilait voient dans ces bons résultats, la campagne du logo « Lait collecté et conditionné en France » ainsi que le fruit de leurs actions de sensibilisation dans le cadre du « Collectif du petit-déjeuner à la française ». Ce collectif entend revaloriser le premier repas de la journée, dans lequel le lait prend une part importante. Il a noté qu’en 2020, 4 millions de petits-déjeuners supplémentaires avaient été servis chaque semaine. « Ces évolutions de consommation étaient déjà en cours et se sont affirmées pendant le confinement », a précisé le sociologue Eric Birlouez.

Disparition du lait français ?

Bien qu’il se déclare « optimiste » sur les perspectives de développement de la consommation laitière, Syndilait s’inquiète cependant des contraintes qui « pèsent sur notre profession », a indiqué Emmanuel Vasseneix. Dans sa ligne de mire, la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) votée en février 2020 et entrée en application le 1er janvier dernier. Elle prévoit une interdiction totale des emballages plastique à usage unique d’ici à 2040, et dès 2030, moins 50 % de bouteilles en plastique mises sur le marché. « Cette loi ne prend pas en compte les spécificités du lait […] l’impact peut être colossal et la souveraineté alimentaire remise en cause », a dénoncé Emmanuel Vasseneix. En effet, le lait a besoin d’emballages très techniques, stériles et opaques pour le préserver de la lumière et de l’oxygène, afin d’éviter une dégradation du produit (goût, odeur, protection sanitaire…). Syndilait a d’ailleurs bâti cinq scénarios allant du passage à la bouteille en verre… jusqu’à la disparition pure et simple du lait de consommation français, en cas d’impossibilité, pour la filière, de s’adapter à la loi AGEC. « On en consommera toujours du lait, mais il viendra d’ailleurs », a-t-il prévenu, insistant sur le fait que cette adaptation « va nécessiter des investissements très lourds pour des entreprises dont les marges restent faibles ».

L’origine France toujours en débat

Lancé en 2015, le logo “Lait collecté et conditionné en France” est aujourd‘hui présent sur plus de 60 % des bouteilles et briques, assure Syndilait. Il repose sur une charte comprenant six engagements contrôlés par un organisme tiers. Mais cette « origine France » fait débat depuis l’arrêt du Conseil d’Etat du 11 mars dernier. La haute juridiction administrative avait en effet jugé « qu’il n’existe pas de lien avéré entre l’origine du lait (Union européenne ou non) et ses propriétés », conformément à un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne du 1er octobre 2020. Cet arrêt du Conseil d’Etat va dans le sens de Lactalis pour qui l’origine France est un frein aux ventes à l’étranger. Le groupe qui a vu son chiffre d’affaires augmenter de 5,9 % en 2020, estime avoir perdu de nombreux marchés à l’étranger, notamment en Espagne et en Italie, à cause de cette mention. Reste qu’en cinq ans, « les importations de lait liquide importé ont baissé de 70 % », a souligné Emmanuel Vasseneix. Ce qui tend à corroborer que les Français sont attachés à leur lait français. Le gouvernement souhaite clarifier la situation. En attendant, le débat se poursuit.