Caves coopératives
Rétablir les atouts de la coopération

Françoise Thomas
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Communiquer, il n’y a rien de tel pour contrer les idées reçues. Le besoin a été clairement identifié en 2019 lors du séminaire de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura (la FCCBJ). De ce fait, après une plaquette l’an passé, c’est une vidéo qui sort cette année pour bien rappeler tous les atouts de la coopération viticole.

Rétablir les atouts de la coopération
La Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura regroupe 19 caves, ici son président François Legros et sa déléguée générale Élodie Segaud.

Les chiffres de la coopération en Bourgogne Jura en 2021 sont de 1.800 vignerons-coopérateurs répartis en 19 caves coopératives et représentant 5.600 ha.
Il ne faut pas oublier que la coopération viticole est née, ici, en Bourgogne, au début du 20e siècle, des conséquences de la catastrophe liée au phylloxéra. Les vignerons de l’époque ont choisi de s’unir pour surmonter les difficultés techniques et économiques auxquelles l’insecte piqueur les avait tous soudainement confrontés.

Aujourd’hui, « la force du collectif » est toujours l’un des principaux arguments mis en avant par François Legros.
Dans ce secteur, comme dans nombre d’autres filières, le profil des nouveaux coopérateurs est en train d’évoluer. « De plus en plus s’installent en hors cadre familial, présente le président de la FCCBJ. Et nombre de coopérateurs sont également doubles actifs ».
Alors pour ceux sans foncier, bâtiment ou matériel importants, ce principe d’installation et d’accompagnement peut représenter une solution rassurante et intéressante à bien des niveaux.

Plusieurs canaux

C’est pour rappeler tout ceci et combattre les idées reçues que la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura poursuit ses interventions et ses présentations dans les lycées agricoles de la région : « je prends contact avec un professeur référent, explique Élodie Segaud la déléguée générale de la FCCBJ, et nous montons ensemble une journée d’intervention ».
Ainsi, en plus d’une présentation sur ce qu’est actuellement la coopération, ses atouts et ses opportunités, un intervenant est également souvent de la partie : « il y a, par exemple, beaucoup de fantasmes sur le métier d’œnologue. En faire venir un permet de bien recadrer sur tous les aspects de ce métier » qui est loin de ne consister qu’en des dégustations.
Rétablir des réalités, recentrer le débat, brosser l’ensemble des aspects, c’est bien également ce que cherche aussi à faire le film commandé par la FCCBJ (voir encadré).
Cette vidéo de quelques minutes, diffusée notamment auprès des lycéens, servira à la fois de présentation générale de la coopération et aussi de support à la discussion.

La cave nouvelle

Le président des caves coopératives le sait bien, certains a priori restent tenaces : « le premier écueil est celui de la rémunération, liste François Legros, car on imagine que l’on n’est pas payé rapidement ». Or, chaque cave coopérative a sa politique d’avance sur récolte définie selon un pourcentage et une durée, « avec un pourcentage dégressif au fur et à mesure du temps » permettant ainsi de lisser ces revenus sur plusieurs années.
« De toute façon, souligne François Legros, le but premier d’une cave coopérative sera toujours de chercher à rémunérer au mieux ses coopérateurs ».
Pour Élodie Segaud, « l’image d’usine doit aussi être combattue », citant en exemple les caveaux de plus en plus mis en place par les caves coop, « lesquelles sont par ailleurs souvent très en avance pour toutes les notions de RSE », la responsabilité sociétale des entreprises, prenant notamment des mesures en faveur de l’environnement et du bien-être de leurs salariés.

Par ailleurs, sachant qu’un jeune ne travaille généralement pas, au début, sur les cuvées les plus emblématiques d’une cave, François Legros insiste sur le fait qu’une « cave considère de la même manière tous les apports et tous ces apports sont rémunérés ». Enfin, sur le principe que chaque coopérateur est porteur de parts sociales, « petits et gros ont tous droit au chapitre, et c’est le principe "d’un homme une voix" qui s’applique ».

Pour ceux qui craignent « une perte d’identité, les cuvées spécifiques sont bien développées dans les caves », donnant ainsi la possibilité de travailler en groupe beaucoup plus restreint sur un climat, un terroir, jusqu’à avoir son nom…

Enfin, François Legros le rappelle : « il s’agit bien en amont d’exploitations en gestion individuelle », avec ses propres investissements et choix, « c’est en aval que tout devient collectif… »

Un film par les jeunes, pour les jeunes

Un film par les jeunes, pour les jeunes

Deux jeunes, Yohann Germain (vigneron coopérateur à Genouilly) et Bénédicte Bonnet (vigneronne coopératrice à Buxy), expliquent par le menu le système coopératif et tout ce que leur apporte le fait d’être coopérateur. « On n’est jamais loin de quelqu’un », est l’un des principaux messages. Techniquement, mécaniquement, administrativement, les collègues et les équipes de la cave sont là pour épauler, guider, donner des conseils, etc.
Sur la forme, le film « est un support plus sympa ». Sur le fond, la portée de ces deux témoignages est d’autant plus significative puisque délivrés par des jeunes à destination d’autres jeunes.
À travers ce film, il ressort bien comme le fait remarquer Élodie Segaud « qu’il y a une vraie dynamique chez les jeunes car désormais ils n’hésitent pas à bousculer les habitudes et les pratiques », s’organisant en groupes de travail, s’orientant sur les nouvelles pratiques de travail du sol, les nouvelles technologies. Et ceci tout en pouvant malgré tout bénéficier de l’expérience et de la transmission des plus anciens de la cave.