Énergie
La micro-méthanisation au service des petites exploitations

Cédric MICHELIN
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Souvent surdimensionnées, les installations de méthanisation ne sont pas toujours adaptées aux besoins des petites exploitations. Toutefois, à plus petite échelle, la micro-méthanisation permet de valoriser les déchets d’élevage tout en gagnant en autonomie énergétique.

La micro-méthanisation au service des petites exploitations
« L’objectif est de promouvoir une méthanisation au service de l’exploitation, et pas l’inverse », insiste Régis Perier, responsable du service Espaces, territoires, environnement à la chambre d’agriculture de l’Ardèche. Dans le cadre du Contrat de transition écologique (CTE) lancé par le Département de l’Ardèche, une journée d’information sur la méthanisation s’est tenue le 12 octobre.

Depuis une dizaine d’années, les projets de méthanisation à la ferme se multiplient. Mais comment fonctionne un méthaniseur ? Le principe est simple, comparable au système digestif d’un bovin : il faut nourrir la bête ! Ainsi, les déchets de l’exploitation (fumier, lactosérum, restes de désherbage…) sont jetés dans un « biodigesteur » et vont se dégrader pour se transformer en biogaz (méthane et CO2) et en « digestat » utilisable comme fertilisant.

Un principe simple, qu’il est désormais possible d’exploiter dans de petites fermes grâce à des installations de micro-méthanisation.

Des installations simples à l’échelle de l’exploitation

Certaines entreprises, à l’instar de la société bretonne Énerpro, proposent des solutions de micro-méthanisation à l’échelle de l’exploitation, sans recours à des intrants extérieurs. « On est sur des systèmes d’autoconsommation à partir des déchets d’élevage, simples d’usage et rentables », explique Nicolas Angeli d’Énerpro.
Pour le traitement du lactosérum et des liquides, un module dit « compact » de biodigesteur en voie liquide est proposé : « il s’agit d’un cube de 20 m3 – ou plus – en béton, d’environ 20 m de diamètre, que l’on enterre, explique Nicolas Angeli. Cela peut permettre le traitement de 5.000 l de lactosérum par semaine et permet d’alimenter l’énergie pour la production d’eau chaude de la fromagerie et de la maison d’habitation, soit une économie d’environ 6.000 euros par an ». Ce système permet également de traiter et d’épurer le lactosérum sans frais.
Un autre module dit de « casiers » permet de traiter le fumier par voie solide, pour en tirer de l’énergie. « L’agriculteur charge le fumier dans le casier digesteur tous les 15 jours, qui est converti ensuite en énergie pour l’autoconsommation à la ferme, précise Nicolas Angeli. Cela permet aussi d’avoir à disposition un fertilisant de qualité prêt à épandre. »

Pour l’une comme pour l’autre de ces installations, comptez un investissement d’environ 30.000 euros. Pour l’heure, il n’existe pas de module de digesteur capable de traiter à la fois des déchets liquides (lactosérum, etc.) et solides (fumier).

Des installations tournées vers l’autoconsommation

Avec la micro-méthanisation, l’objectif est avant tout de réaliser des économies sur la ferme – voire la maison d’habitation – en réduisant sa facture énergétique (eau chaude sanitaire, chauffage, eau chaude ou eau froide pour l’atelier de transformation…). La création d’un chiffre d’affaires supplémentaire n’est donc ici pas le but. « La micro-méthanisation permet aussi de traiter les déchets directement sur place et ainsi d’éviter de grandes contraintes logistiques », souligne encore Nicolas Angeli. Enfin, en termes d’image, la micro-méthanisation donne un signal dynamique et moderne des exploitations agricoles.

Mylène Coste

Que peut-on produire concrètement ?

Que peut-on produire concrètement ?

Avec 80 t de fumier caprin, il est possible de générer une énergie de 77.293 kWh, soit l’équivalent de la consommation d’énergie de six maisons d’habitation de 100 m2 (étiquette énergie D) en eau chaude sanitaire et chauffage. 20 t de fumier caprin sont donc suffisants pour chauffer une maison de 100 m2. Pour la seule production d’eau chaude, 14 t de fumier caprin, ou 46 t de fumier bovin, ou 70 t de lactosérum permettent de produire 500 m3 d’eau chaude à 60 °C toute l’année.