L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier son rapport annuel sur l’antibiorésistance en santé animale et dans l’environnement. L’antibiorésistance recule mais atteint un plancher. Pour aller plus loin, se pose la question de changer de système de production.

L’antibiorésistance recule

L’antibiorésistance est la capacité des organismes vivants (animaux, humains notamment) à résister aux antibiotiques qui, par conséquent, deviennent moins efficaces pour lutter contre les bactéries et les virus. Comme le rappelle Gilles Salvat, directeur général délégué de l’Anses, « toute utilisation d’antibiotique sélectionne des bactéries résistantes. Il faut donc limiter la consommation d’antibiotiques pour éviter la diffusion de gènes de résistance vers l’humain, l’environnement ou la chaîne alimentaire ». Les chiffres dévoilés par Franck Fourès, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (*) note que la vente de produits vétérinaires administrés aux animaux de rente est en forte diminution depuis la mise en place du plan Ecoantibio-1 (2011/2016) et Ecoantibio-2 (depuis 2017). Seulement 371 tonnes de produits ont été vendus en 2021, soit une baisse de -10,7 % par rapport à 2020 et un recul de -59,5 % depuis 2011. Un chiffre qui affiche « -72 % depuis 1999 », souligne l’étude. Avec l’indicateur ALEA qui exprime le pourcentage d’animaux traités « et qui est un indicateur plus fiable parce qu’il tient compte des posologies d’utilisation et du fait que les nouvelles molécules sont plus efficaces que les anciennes », souligne Franck Fourès, les tendances restent identiques. La diminution est de 3,2 % entre 2020 et 2021 et de 47 % depuis 2011. Il existe cependant quelques différences quant à l’exposition aux antibiotiques selon les espèces. Celle-ci diminue fortement entre 2020 et 2021 pour les lapins (-12,7 %) pour les volailles (-8,6 %) et pour les porcs (-7,2 %). Elle reste stable chez les bovins (-0,9 %). 

« Un palier, un plancher » 

L’Anses, à travers son réseau Resapath, a mis quelques molécules « agressives » sous surveillance, en particulier

les céphalosporines de dernières générations, les fluoroquinolones et la colistine, y compris dans les abattoirs. En effet, la Loi d’avenir pour l’agriculture de 2014 avait fixé l’objectif de réduire leur utilisation de -25 % en trois ans. « Nous sommes allés bien au-delà », se réjouit le directeur de l’ANMV. En effet, les céphalosporines voient leurs ventes et donc leur administration aux animaux chuter de -93,8 % par rapport à 2013. La deuxième suit un chemin identique : -87,7 % depuis 2013. Quant à la colistine, ses ventes ont chuté de 68,8 % sur la même période. Le fait d’afficher ces bons chiffres risque cependant de poser quelques problèmes à la France. En effet, le Green Deal (**) prévoit de réduire de 50 % les ventes globales d’antibiotiques d'ici à 2030 en prenant, pour référence, l’année 2018 qui était déjà très basse dans l’Hexagone. « Nous sommes à un palier, un plancher », remarque Franck Fourès. « D’autant qu’il faudra toujours traiter les animaux malades », avait indiqué peu auparavant Gilles Salvat. Pour Jean-Yves Madec, directeur scientifique du pôle antibiorésistance (Anses), il faut maintenir ce seuil bas. Cependant, pour aller au-delà, il sera sans doute nécessaire de changer de pratiques culturales, laissent entendre les scientifiques. Peut-être faudra-t-il aussi utiliser des traitements qui ont parfois fait leurs preuves comme la phytothérapie ou l’aromathérapie… Même si les antibiotiques, ce n’est pas automatique, 

 (*) qui fait partie intégrante de l’Anses

(**) L’Union européenne a aussi adopté, depuis un règlement de 2019, une liste d’antimicrobiens critiques réservés à l’être humain.