Christelle Bonnot
Une nouvelle vie dans la vente directe

Adhérente à Bienvenue à la Ferme, Christelle Bonnot est présente à la foire économique d’Autun. Installée depuis trois ans auprès de son mari, Richard, à Dettey, la jeune femme s’est lancée dans la vente de viande bovine charolaise en direct. Un succès.
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A Dettey, le Gaec des Grands Genêts exploite un élevage charolais de 130 vaches inscrites. Ayant succédé à son père Michel, Richard Bonnot perpétue une sélection d’animaux aux qualités bouchères assumées. Les femelles de réforme sont engraissées sur place et donnent des carcasses pesant entre 420 et 530 kg.
Jusqu’en 2011, Christelle, l’épouse de Richard, travaillait à l’extérieur comme secrétaire de direction. C’est alors que la jeune femme prit la décision de changer de vie : se mettre à son propre compte était son objectif. Michel venant de prendre sa retraite et le Gaec ayant l’habitude de faire abattre quelques bêtes pour une clientèle d’amis, l’idée de créer un atelier de vente directe à la ferme s’est alors imposée. « La viande charolaise, la Gaec savait la produire. Mon expérience professionnelle allait m’aider dans l’organisation du travail, la gestion ou même la commercialisation. Et puis j’aimais bien cuisiner ! », confie Christelle.
Un an a été nécessaire pour lancer l’activité et notamment construire le laboratoire. D’un montant de 100.000 €, subventionné à hauteur de 40 %, cet outil de travail sert à stocker la viande fraîche, la découper, l’ensacher sous vide, la transformer en plats cuisinés, stériliser, étiqueter et stocker des verrines. Entre temps, Christelle a préparé un BPREA à Charolles et a suivi une formation Transformation à Bourg-en-Bresse. Auparavant, elle est aussi allée rendre visite à d’autres producteurs, ici ou là, engagés dans la transformation et la commercialisation.

Deux bêtes par mois


Aujourd’hui, Christelle est installée depuis trois ans au sein du Gaec qu’elle compose désormais avec son mari. D’une bête toutes les trois semaines, l’atelier vient de monter à deux carcasses par mois. La clientèle s’est faite essentiellement par le bouche à oreille et quelques marchés. En trois ans de temps, la jeune femme a constaté une demande croissante de produits locaux de qualité. Pour la vente directe, Richard réserve ses meilleures femelles âgées de 3 à 7 ans, souvent des génisses ayant vêlé. L’éleveur envisage aussi de produire des bœufs. Abattues à une vingtaine de kilomètres de la ferme, les bêtes sont découpées dans le laboratoire du Gaec, après un ressuyage en abattoir de quinze jours. C’est une bouchère professionnelle qui assure la prestation de découpe. Christelle se charge, elle, du conditionnement de la viande et de l’élaboration des produits de transformation. Une dizaine de recettes différentes sont ainsi confectionnées, puis conditionnées en verrines. Dans son laboratoire, l’agricultrice dispose de matériel professionnel. Le stérilisateur dont la température de cuisson est enregistrée en continu, a coûté à lui seul plus de 10.000 €.
Christelle assure elle-même la livraison de ses produits. Equipée d’un véhicule frigo, elle approvisionne ses clients principalement sur Autun, Le Creusot, Gueugnon et Montceau. Elle dispose d’un fichier clients et se sert beaucoup d’internet pour prévenir ces derniers d’une possible livraison.

Prenant, mais gratifiant


S’il est un point que Christelle déplore quelque peu dans sa nouvelle activité, c’est d’avoir sous-estimé le temps de travail. La transformation et les livraisons sont très prenantes. Elles s’enchaînent à un rythme effréné tout au long de l’année. « Nous sommes pris par le quotidien, sans jamais de coupure ; le cerveau est en ébullition permanente avec une liste de tâche à accomplir ! », décrit la jeune mère famille qui ne cache pas que la vie sociale en prend un coup, week-end compris...
Malgré cela, Christelle Bonnot estime « avoir fait le bon choix ». Pour le Gaec d’abord, car au regard de la conjoncture, ni elle, ni son mari ne regrettent ce débouché plus rémunérateur qu’en vif. C’est aussi la satisfaction « de mener à bien le produit jusqu’au bout ». Pour Christelle elle-même, c’est la fierté d’avoir créé son propre atelier au sein de l’exploitation familiale. Une activité rémunératrice qu’elle maîtrise de A à Z. Un épanouissement personnel gratifiant, qui compense largement le temps passé et les sacrifices.