Patrimoine
La ligne de démarcation a disparu des cartes et des paysages au début de l'année 1943

Frédéric RENAUD
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Il y a 80 ans, les troupes d’occupation allemandes déconstruisaient la ligne de démarcation. Cette frontière difficile à franchir entre la zone occupée, au nord, et la zone libre, au sud, avait été érigée en 1940, après la victoire des armées hitlériennes. La Saône-et-Loire était l’un des départements concernés par cette limite artificielle : Génelard en conserve le souvenir avec le centre d’interprétation de la ligne de démarcation, mis en place en 2006.

La ligne de démarcation a disparu des cartes et des paysages au début de l'année 1943
Jusqu'au premier mars 1943, la ligne de démarcation coupe la France, et la Saône-et-Loire en deux.

Il y a 80 ans, les troupes d’occupation allemandes déconstruisaient la ligne de démarcation. Cette frontière difficile à franchir entre la zone occupée, au nord et la zone libre, au sud, avait été érigée en 1940, après la victoire des armées hitlériennes. La Saône-et-Loire était l’un des départements concernés par cette limite artificielle : Génelard en conserve le souvenir avec le centre d’interprétation de la ligne de démarcation, mis en place en 2006. Un rappel s'impose à l'heure de la guerre en Ukraine et l'invasion en 2014 du Donbass.

La ligne de démarcation a cessé de séparer la zone occupée et la zone libre entre la fin de l’année 1942 et le début de 1943. Parce que l’armée allemande, qui occupait une bonne partie de la France depuis juin 1940, envahit la zone sud pour occuper militairement presque tout le pays. Presque, car une partie du territoire, située à l’est du Rhône, est occupée par l’armée italienne, alliée de l’Allemagne depuis les années 1930. Cette occupation générale répond au débarquement des troupes anglo-américaines en Afrique du Nord.

La ligne de démarcation est entrée en vigueur le 25 juin 1940, soit trois jours après la convention d’armistice. Le pays est coupé en deux, de façon arbitraire : une humiliation de plus pour un pays envahi en presque un mois. Dans un premier temps, le découpage suit des lignes physiques, comme les cours d’eau. C’est le cas en Saône-et-Loire, où la ligne suit, d’ouest en est, le canal du Centre, puis la Saône et le Doubs. Quelques temps après, le tracé définitif est fixé.

La ligne de démarcation distingue :

-          au nord, la zone occupée par les Allemands, qui couvre un peu plus de la moitié du territoire,

-          et au sud la zone libre, non occupée, dont la "capitale" est Vichy.

Les Allemands se réservent ainsi toute la côte Atlantique, les grands bassins de cultures agricoles et les principales régions industrielles. Par ailleurs, ils limitent la circulation des personnes et des marchandises, ainsi que le trafic postal entre les deux zones. C’est un important moyen de pression qu'ils peuvent exercer à volonté : en ouvrant ou en fermant la ligne selon le besoin, ils assurent leur mainmise sur le pays et son économie.

« Cette ligne est un mors mis dans la bouche d’un cheval. Si la France se cabre, nous serrons la gourmette. Nous la détendrons dans la mesure où la France sera gentille, » profère Otto Von Stupfnagel, chef des forces d'occupation allemandes en France en octobre 1940.

La France coupée en deux

À travers champs, le long des chemins, près des maisons, les Allemands plantent des poteaux de bois à tête rouge, d’environ un mètre de haut. Aux carrefours, sur les ponts ou aux entrées des communes, des guérites peintes sont construites, des barrières mobiles mises en place et des pancartes installées. Les départements, les villages et les exploitations agricoles sont séparées en deux. Pour travailler, de nombreux agriculteurs doivent demander un « ausweis », c’est-à-dire un laissez-passer, pour rejoindre leurs champs : pas quand ils le veulent, plutôt deux ou trois jours par semaine.

Selon les Allemands, traverser illégalement la ligne est un délit, des ordonnances allemandes sont publiées en juillet et octobre 1940 pour signaler aux Français les peines encourues pour le passage de courrier clandestin et pour le passage des personnes. Les risques sont importants : prison, interrogatoire et amende.

Il est possible de traverser la ligne de démarcation, mais les procédures sont longues et fastidieuses, comme pour décourager ceux qui demandent des laissez-passer ou « ausweis ».

Le centre d'interprétation de la ligne de démarcation
Le centre d'interprétation de la ligne de démarcation a été créé à Génelard en 2006, à côté du Canal du Centre, qui servait de frontière entre zone libre et zone occupée juste après l'armistice du 22 juin 1940.
A Génelard, une exposition permanente sur l'existence de la ligne de démarcation et ses contraintes

Le centre d'interprétation de la ligne de démarcation

Unique en France, le Centre d’interprétation de la ligne de démarcation fait connaître l’histoire de cette ligne de séparation de la France en une zone libre et une zone occupée, imposées par l’occupant en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le centre est installé au Pôle culturel et touristique qui accueille aussi une salle d’exposition temporaire et la bibliothèque municipale.

Ces locaux accueillent l’exposition permanente sur la Ligne de démarcation, de la signature du traité d’armistice à l’invasion de la zone libre le 11 novembre 1942. Le tracé de la ligne, sa surveillance, son influence sur l’économie, les filières clandestines, les passeurs et la répression allemande sont abordés au travers de 22 panneaux thématiques rassemblant cartes, documents d’archives, dessins ou photographies d’époque.

Date et Horaires d’ouverture :
Du 1er octobre au 30 avril :
Les lundis et vendredi de 14h00 à 18h00
Les mercredis de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h00.
Du 1er mai au 30 septembre :
Les lundis, mardi, mercredi, vendredi, samedi, dimanche de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00
Visites guidées certains jours et sur rendez-vous uniquement.

TARIFS : 3,50 €. par personne.

3 € par personne pour les groupes à partir de 20 personnes.

Entrée gratuite pour les moins de 16 ans.

La ligne de démarcation en Saône-et-Loire