MOBILISATIONS
La pression maintenue toute la semaine en Auvergne-Rhône-Alpes

Entre blocages de centrales d’achat et la participation à des contrôles sur l’origine des produits, le réseau FRSEA-JA d’Auvergne-Rhône-Alpes, épaulé par les voisins creusois et de Bourgogne Franche Comté, n’a pas lâché l’affaire.

La pression maintenue toute la semaine en Auvergne-Rhône-Alpes
Plusieurs délégations régionales sont montées à Paris à la veille de l’ouverture du salon de l’agriculture pour faire entendre leur colère. ©FRSEA Aura

La mobilisation des agriculteurs ne s’essouffle pas. Pour preuve, la semaine dernière, à l’appel du réseau FRSEA-JA d’Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs centrales d’achat ont été bloquées dans la région. Mercredi 21 février, en fin d’après-midi, ils étaient une soixantaine, venus de l’Allier, du Puy-de-Dôme, de Saône-et-Loire, de Creuse, de Haute-Loire, du Cantal et de la Nièvre à bloquer la SCA Centre à Yzeure, l’une des centrales d’achat du géant Leclerc. Un lieu symbolique selon Chantal Pelletier, venue spécialement de la Nièvre : « Notre rémunération dépend du prix fixé par les grandes et moyennes surfaces. Quelques mesures ont été mises en œuvre par le gouvernement, mais ce n'est pas à la hauteur de ce qu'on nous avait promis », résume-t-elle. Parmi les manifestants, Baptiste et Patricia, deux agriculteurs. « Le problème vient des prix et de la traçabilité, affirme Patricia. Les produits en provenance de l'étranger ne sont pas soumis aux mêmes normes que les nôtres. C'est une forme de concurrence déloyale. Nous nous sommes mobilisés il y a trois semaines, mais nous n'avons pas l'impression d'avoir été entendus. Pour le moment, très peu de mesures annoncées par le gouvernement sont entrées en vigueur. Nous sommes déterminés à poursuivre notre mobilisation. » Grâce à des relais réguliers, le site a été bloqué jusqu’à vendredi.

Des plateformes logistiques bloquées

Aux confins de l’Isère et du Rhône, l'activité de la plateforme logistique Socara fournissant les magasins Leclerc à Villette-d'Anthon (Isère), a été paralysée les jeudi 22 et vendredi 23 février. Des dizaines de camions se sont retrouvés bloqués aux abords, empêchés de sortir ou de charger de nouvelles marchandises. Plus au nord, dans le département de l’Ain, une quarantaine d’agriculteurs avaient déjà installé leur campement depuis la veille, afin de bloquer les entrées et sorties de la plateforme Kuehne + Nagel, située à Bâgé-Dommartin. Le lieu n’a pas été choisi au hasard : cette entreprise logistique compte comme unique client le mastotonde Carrefour. Chaque jour, excepté le dimanche, près de 100 camions livrent des produits d’épicerie et des denrées non-périssables à cette plateforme mesurant 60 000 m². « C'est un blocage qui se comprend, a assuré le directeur d’exploitant du site Vincent Rieutor, dès l’apparition des premiers tracteurs. Nous sommes venus pour nouer le dialogue. » Selon les JA de l’Ain, l’opération de blocage a finalement été levée le jeudi 23 février, à la suite de « négociations qui ont permis d'obtenir des engagements de plusieurs enseignes (Carrefour, Super U et Intermarché) ». Dans l’Est du département de l’Ain, à Saint-Just, le blocage de la plateforme logistique de Système U a débuté le mercredi 21 février en fin de journée par la FDSEA et les JA et a pris fin le lendemain dans la soirée. Une mobilisation qui a porté ses fruits, avec à la clé des engagements écrits de l’enseigne. « Co-écrits entre les JA, la FDSEA et les dirigeants de Super U, ces engagements pourront appuyer nos demandes auprès des services de l'Etat, avec le soutien de la préfète, pour mettre en application ces promesses, et sanctionner quand elles ne seront pas tenues, ce que nous surveillerons de près », se félicitent les Jeunes agriculteurs de l’Ain.

« Des engagements moraux et écrits obtenus »

« Fort de nos mobilisations, des engagements moraux et écrits des dirigeants nationaux des acteurs de la distribution ont été obtenus pour une évolution de la loi Egalim », a déclaré avec enthousiasme Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. En clair, les acteurs de la distribution sont ainsi favorables à la construction du prix en marche avant en utilisant seulement et obligatoirement les coûts de production interprofessionnels et à la négociation du prix dans un premier temps entre l'agriculteur et le premier opérateur, et dans un second temps entre l'industriel et la GMS. « Ils se sont aussi engagés à contrôler le respect de l’utilisation du drapeau français, mais cela, c’est juste respecter la loi que l’État doit impérativement faire appliquer ». La vigilance reste néanmoins de mise, et de nouveaux blocages ne sont pas exclus, si encore une fois, les promesses ne se traduisaient pas dans les actes.

Léa Surmely, Sophie Chatenet, Léa Rochon, Charlotte Favarel et P.F.