En déplacement en Dordogne en janvier dernier, la ministre de Culture, Rachida Dati a dressé le constat : « 22 millions de Français vivent aujourd’hui dans la ruralité. C’est un tiers de notre population, 88 % de nos communes. Si de nombreuses initiatives font vivre une offre culturelle dans ces territoires, notre modèle culturel semble être passé à côté de cette réalité majeure de notre pays. Je souhaite que cela change, et je nous donne deux mois pour cela ». Pour y remédier, la ministre a lancé une concertation nationale numérique sur l’offre culturelle en milieu rural, le « Printemps de la ruralité ». Objectif : recueillir les idées et les propositions des acteurs concernés et de l’ensemble des citoyens sur la vie culturelle dans les territoires ruraux. Ainsi, tous les habitants, les représentants des collectivités, les acteurs culturels et ceux du monde associatif ont été invités jusqu’à fin mars à y participer. En parallèle de cette consultation, des rencontres, ateliers et débats ont été organisés partout en France en collaboration avec les directions régionales des affaires culturelles. Autant d’éléments recueillis qui permettront de dresser une « une feuille de route visant à renforcer la place de la culture au cœur des territoires ruraux », explique le ministère de la Culture. Feuille de route qui sera présentée lors des Assises nationales de la culture en milieu rural réunissant l’ensemble des partenaires. « Il n’y a pas de fatalité à la déprise rurale. Services publics, commerces, offre culturelle : il faut une vision globale pour la redynamisation de nos territoires ruraux. Aujourd’hui, c’est même dans les campagnes que se réinvente un service public de la culture, qui change littéralement des vies. Cela doit tous nous inspirer », a ajouté la ministre de la Culture.
La bibliothèque, premier lieu culturel
Comme l’évoque Rachida Dati, une offre culturelle existe bien en milieu rural. Selon le département des études de la prospective, des statistiques et de la documentation du ministère de la Culture, 80 % de la population réside à moins de 5 minutes en voiture d’une bibliothèque et en 2018 près d’un quart de la population française avait fréquenté une bibliothèque ou une médiathèque au cours de l’année. En 2021, on comptabilisait 15 700 lieux de lecture publique en France. Côté cinéma (6 000 écrans et plus d’un million de fauteuils recensés), deuxième équipement culturel de proximité, la distance moyenne s’allonge (15 minutes pour 85 % de la population française), mais demeure très prisé. En effet, près des deux tiers de la population sont allés au cinéma en 2018. En revanche, on note un réel effet territorial discriminant quand on évoque la fréquentation des salles obscures. Comme pour la sortie au spectacle, l’effet territorial est particulièrement marqué pour les habitants des grands centres urbains : leur taux de pratique est supérieur de 8 points à celui de la population générale. Les festivals, quant à eux, ont connu une nette progression dans leur fréquentation d’après le ministère. « Près de 20 % de la population a participé à un festival au cours des douze derniers mois en 2018. Il s’agit d’une des pratiques culturelles qui a le plus progressé depuis cinquante ans », peut-on lire sur son site Internet. « La sortie culturelle au musée ou au spectacle, liée en partie à un effet d’équipement, est ainsi moins prisée des habitants du rural, lesquels sont plus nombreux à écouter la radio et à regarder la télévision que ceux de l’urbain dense. Bien que les bibliothèques et les cinémas soient les premiers équipements culturels de proximité, leur fréquentation reste liée au niveau de diplôme et à la catégorie socioprofessionnelle, cumulés à un net effet territorial. À l’inverse, la fréquentation de festivals, présents sur l’ensemble du territoire, n’a pas d’effet territorial discriminant pour les ruraux », souligne le ministère de la Culture.