Semences
Le Semae veut faciliter la conversion à l’agroécologie

Les thèmes de la première rencontre filière semences de céréales à paille et protéagineux du Semae (ex-GNIS) témoignent de la mobilisation des semenciers pour s’inscrire dans les objectifs de la nouvelle réforme de la Pac et de souveraineté en protéines végétales de la France.

Le Semae veut faciliter la conversion à l’agroécologie

Semae, l’interprofession de toutes les semences (ex-Gnis), s’impose comme un acteur pivot de la transition agro-écologique de l’agriculture française et de la souveraineté alimentaire en protéines végétales. Le 8 avril dernier, Thierry Momont, président de la section céréales à paille et protéagineux de l’interprofession avait piloté « la première rencontre filière semences de céréales à paille et protéagineux ». Mais c’est la combinaison de solutions proposées par des fabricants de bio-contrôle, de bio-stimulation et par la recherche variétale qui affranchira l’agriculture « du tout chimique ». Avec comme contrainte, celle de s’inscrire dans un cadre réglementaire actualisé qui prend en compte l’évolution des technologies disponibles.

15 à 20 % du CA

Or le règlement européen de 2001 sur les OGM est obsolète. Les nouvelles techniques de réécriture du génome des plantes accélèrent la sélection variétale en modifiant les gènes ciblés pour améliorer les caractéristiques des plantes. Aucun gène exogène n’est introduit dans leur génome. Par ailleurs, l’essor des produits de bio-contrôle repose sur une réglementation européenne bien précise, distincte de celle qui porte sur la bio-stimulation. Or dans les faits, les deux types de produits seront concomitamment appliqués aux semences.

La recherche variétale doit répondre aux attentes des agriculteurs, soucieux de cultiver des variétés de céréales et d’oléo-protéagineux adaptées pour relever de multiples défis (résistances aux maladies, aux ravageurs, aux excès climatiques de toute nature tout en étant sobres en intrants) avec une exigence de résultat à la clé. Ils se détourneront des cultures de protéagineux, pourtant d’intérêt agronomique incontestable, tant qu’elles ne permettent pas de dégager des marges suffisantes. Philippe du Cheyron (Arvalis) a rappelé que les caractéristiques des variétés des céréales actuellement cultivées sont les résultats d’années de recherche conduites dans un souci de sobriété en intrants. L’industrie semencière y investit chaque année entre 15 % à 20 % de son chiffre d’affaires.

Gains de productivité

L’obtention de nouvelles variétés de blé à forts rendements ne se fait plus, comme par le passé, aux dépens du taux en protéines des grains. Le phénomène de dilution est largement atténué. Et les gains de productivité potentiels, permis par la sélection variétale, sont des facteurs de résistance à la chute des rendements lorsque des accidents climatiques surviennent. Sans eux, ces derniers auraient fortement baissé.

Pour désinfecter les semences, la coopérative Agora dans l’Oise offre la possibilité d’enlever les éléments pathogènes en traitant les graines à la vapeur et à la chaleur. Les fabricants de produits de bio-contrôle développeront à l’horizon de 2025 une gamme de produits à base d’exsudats de plantes pour stimuler les défenses naturelles des cultures. Par ailleurs, un énorme travail est conduit pour savoir comment les substances de bio-contrôle et de bio-stimulation seront appliquées sur les semences (pelliculage ou enrobage lourd par exemple) pour s’assurer que les substances actives resteront efficaces longtemps. En attendant, l’ensemble des solutions disponibles ou étudiées pour s’affranchir du « tout chimique » est complexe et nécessite à la fois de la formation et de l’information pour être adopté par les agriculteurs.