Génétique bovine
Génétique bovine : un projet d’évaluation européenne…

Marc Labille
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Un premier index européen pour les vaches holstein devrait être publié d’ici 2027 et d’autres races suivront. Un lancement qui fait craindre à races de France un abandon du dispositif français. 

Génétique bovine : un projet d’évaluation européenne…

Le 15 avril, le réseau Eliance (fédération d’entreprises du conseil et du service en élevage) a annoncé par voie de communiqué qu’il sera l’actionnaire français du « projet d’évaluation bovine européenne » (EBE). Ce projet vise à créer une société européenne pour « mettre en commun des outils et compétences » afin de « produire des index génétiques de caractères élémentaires pour les ruminants ». Fin mars, huit pays ont confirmé leur participation : la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne, le Danemark, la Finlande et la Suède. Un premier index pour la race holstein devrait être publié d’ici 2027, puis d’autres races laitières suivront en 2028. Ce projet sera « ouvert à terme à toutes les espèces et races de ruminants », indique le communiqué. Dans les tuyaux depuis 2016, le projet est « toujours en construction », explique le directeur d’Eliance, Cédric Cabrol. « Il faut maintenant construire l’outil », déclare-t-il. Le projet EBE vient « en complément de nos outils actuels participant au processus français d’évaluation génétique, comme GenEval », indique Eliance.

Inquiétudes sur l’avenir du dispositif français

La création d’une société européenne suscite cependant des inquiétudes dans la fédération des organismes de sélection (OS), Races de France. Cette dernière alerte sur une possible « disparition » du dispositif mutualisé français pour l’évaluation génétique des ruminants. En effet, Races de France est partenaire d’Eliance dans GenEval, qui est l’outil d’indexation au cœur du dispositif français. Or, la fédération d’OS – également adhérente d’Eliance – considère que ce projet « porté au sein d’Eliance par un consortium constitué en bonne partie d’entreprises d’insémination » prend « une tournure dangereuse pour le devenir de notre dispositif génétique mutualisé ». Les OS auraient souhaité que GenEval porte l’actionnariat français au sein de l’EBE, et non Eliance. Selon elles, « cette solution permettrait aux OS français qui le souhaitent d’indexer rapidement leurs animaux avec leurs homologues européens, tout en laissant aux autres le temps de s’assurer de l’intérêt » de la démarche, explique le communiqué. Races de France redoute également que la situation conduise à « la privatisation de certaines évaluations génétiques ». « Le choix d’avoir recours à cet outil européen sera laissé aux races et aux espèces », assure Cédric Cabrol. De plus, l’EBE devrait reposer sur le partage des « index élémentaires » et les index plus « complexes » resteraient calculés au niveau national, précise-t-il.