AOP Bœuf de Charolles
L'AOP Bœuf de Charolles confiante dans l’avenir

Marc Labille
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En 2023, le Boeuf de Charolles a plutôt bien résisté au désamour des consommateurs pour les produits de qualité. Lentement mais sûrement, l’AOP est en train de se faire une place sur de nouveaux créneaux commerciaux. Ce qui lui permet d’afficher une certaine sérénité pour ses 10 ans.

L'AOP Bœuf de Charolles confiante dans l’avenir
C’est en 1992 que la démarche pour une reconnaissance du Bœuf de Charolles en AOC a été lancée. Si l’AOC a été obtenue en 2010, l’AOP version européenne a été obtenue en 2014 il y a tout juste dix ans.

En 2023, 1.565 carcasses ont été agréées en AOP Bœuf de Charolles soit une hausse de + 2,30% par rapport à l’année précédente. Dans un contexte difficile pour les filières de qualité, le Bœuf de Charolles tire son épingle du jeu. Depuis qu’il a fait un bond entre 2020 et 2021, le nombre de carcasses continue de progresser. Le syndicat compte 159 adhérents. 67 exploitations fournissent à elles seules 82% du tonnage total. Elles produisent de 10 à plus de 30 bêtes AOP par exploitation avec une moyenne de près de 13 animaux par exploitation.

Satisfaits d’avoir réussi à maintenir une progression du tonnage, les responsables du Bœuf de Charolles aimeraient tout de même développer davantage le volume. « Les dépenses sont stables, mais les produits diminuent, notamment du fait de la baisse des subventions. Pour financer le fonctionnement de notre Organisme de Gestion, sans augmenter nos cotisations, nous devons développer le nombre d’animaux », confie Jacky Plançon. 

Développement attendu

Ce développement semble être à portée de main, confirmaient les intervenants. « Il y a des enseignes avec des rayons traditionnels dignes de ce nom pour lesquelles nous avons bon espoir de prendre des volumes », informait Jean-Luc Nelly. Le Boeuf de Charolles est en train de se faire une place dans la restauration collective et traditionnelle. Dans la première, le tonnage a doublé en 2023 et un gros développement est attendu pour 2024, indiquait-on. Le Bœuf de Charolles travaille notamment avec une importante collectivité bourguignonne pour l’approvisionnement en viande AOP de sa cuisine centrale. En Saône-et-Loire, le Département est un soutien précieux du Boeuf de Charolles que ce soit par son action pour la promotion des AOP ou dans le cadre d’Agrilocal avec la fourniture des cantines des collèges. 

Gros travail de communication

Pour accélérer le développement du Bœuf de Charolles, le syndicat densifie sa communication. Parmi les nombreuses actions menées tout au long de l’année, l’association cible le milieu scolaire en animant des ateliers pédagogiques, notamment dans le cadre des Plan Alimentaires Territoriaux. Elle s’appuie sur des partenariats forts tels des restaurateurs locaux très impliqués dans l’AOP ou encore l’Ambassade du Charolais qui fêtait ses 40 ans en 2023… En juin dernier, à l’hippodrome de Paray-le-Monial, le Grand Prix Charollais Viandes a permis de réunir tous les clients de la filière AOP pour un moment très convivial. Tout ce travail de promotion et de lobbying sera poursuivi en 2024. 

Volet économique

Bien que, fort de sa démarche vertueuse, le Bœuf de Charolles ait plein d’atouts pour répondre aux attentes actuelles de la société, il planche néanmoins sur la notion de durabilité, intégrant les nouveaux défis environnementaux et les enjeux climatiques. Le syndicat travaille également sur le volet économique, tant pour l’amont que pour l’aval avec cette préoccupation que les outils de la filière perdurent. Côté amont, l’impératif a toujours été que les éleveurs en filière AOP vivent dignement de leur métier. Comme le rappelait l’ancien président Jean-François Ravault, la question de la rémunération du produit est incontournable et elle implique nécessairement la défense d’un prix de revient imposant une plus value… Sur ce point, Jacky Plançon avait tenu à faire intervenir Nathalie Lebeau de CER France 71 pour une présentation du coût de production, « l’outil le plus puissant pour analyser la santé d’une exploitation ». Prenant l’exemple d’un producteur en AOP Bœuf de Charolles, l’intervenante faisait état de coût de production et de prix de revient somme toute bien maîtrisés en système finition des femelles AOP. Dans l’exemple, l’éleveur parvient à se dégager une rémunération dépassant largement les deux SMIC, détaillait-elle. Des chiffres qui confortent le bien fondé du cahier des charges de l’AOP et qui incitent à creuser cette piste coûts de production en filière Bœuf de Charolles. Sachant que 80% de la différence de revenus constatée entre exploitations provient de l’alimentation et de la mécanisation, rappelait Nathalie Lebeau.

Ne rien déléguer…

En l’absence du président Jacky Plançon, endeuillé quelques jours avant l’assemblée générale, Jean-François Ravault avait la charge de conclure la réunion. « Quel chemin parcouru depuis le 11 novembre 1992, date de création de l’association ! », résumait-il. Avec le recul de celui qui a présidé les débuts du projet, Jean-François Ravault rappelait tout ce dont les défenseurs du Bœuf de Charolles pouvaient être fiers : « l’obtention de l’AOP, le fait que des producteurs d’animaux soient devenus de véritables producteurs de viande avec la promesse aux consommateurs d’une qualité ». Il évoquait aussi la fierté partagée de produire de la viande de Bœuf de Charolles. Pour l’avenir, l’ancien président se montrait confiant. « Nous avons posé des bases solides ». Le Bœuf de Charolles devrait continuer à se développer, mais pour Jean-François Ravault, tout est affaire de patience et non de raisonnement à court terme. Il faut aussi que les producteurs s’impliquent pleinement dans leur démarche sans rien déléguer à d’autres, concluait l’ancien président.

Le Bœuf de Charolles reconnaissant envers Jean-Luc Nelly et Charollais Viandes

C’est dans les locaux de l’abattoir Charollais Viandes à Paray-le-Monial que le syndicat de défense et de promotion de la viande AOP Bœuf de Charolles avait choisi d’organiser son assemblée générale le 22 avril dernier. En cette année des dix ans de l’AOP, le président du syndicat de défense Jacky Plançon avait tenu à rendre hommage à l’opérateur historique de la filière qu’est Charollais Viande. L’outil du Charolais-Brionnais abat aujourd’hui 96% des animaux Boeuf de Charolles. Son directeur Jean-Luc Nelly est l’un des piliers de l’association, défenseur de longue date de la viande et du terroir charolais-brionnais. Impliqué dans la démarche dès ses débuts et à la veille de la retraite, Jean-Luc Nelly était heureux d’accueillir dans son établissement l’assemblée générale d’un signe de qualité qui fait la fierté de l’abattoir du Charolais-Brionnais. Entouré d’une partie du personnel de l’outil, le directeur en a profité pour présenter son successeur Fabien Gateau. Charollais Viandes emploie 60 salariés pour un volume d’abattage de 3.500 tonnes. 

L’AOP Bœuf de Charolles fêtera ses 10 ans le 1er septembre

Le 25 mai, le Boeuf de Charolles prendra de nouveau part à la course cycliste Bernard Thevenet. Fin septembre, il sera mis à l’honneur dans le cadre inhabituel du congrès national des pompiers à Mâcon. Le point culminant de l’activité 2024 sera atteint le 1er septembre avec la célébration des 10 ans de l’AOP. Le matin, le syndicat proposera une échappée gourmande à Amanzé et à Prizy, suivie d’une grande soirée festive au parc des expositions de Charolles. Une soirée qui s’annonce pleine de surprises et pour laquelle les organisateurs souhaitent rassembler un maximum de convives.