Saône-et-Loire Galop
Le grand rendez-vous reporté

Françoise Thomas
-

Le Chaser Day de Paray-le-Monial est le grand rendez-vous annuel de Saône-et-Loire Galop traditionnellement organisé en juin. Mais cette année, la neuvième édition se trouve comme tous les autres événements perturbée par la crise sanitaire. Elle devrait cependant se tenir en septembre.

Le grand rendez-vous reporté
L’édition 2019 avait vu la participation de 140 chevaux. Autant étaient annoncés cette année.

« Nous avons décidé de reporter le Chaser Day au 5 septembre, en espérant bien évidemment que les conditions sanitaires permettront à ce moment-là son maintien, explique Jean-Charles Pallot, le président de l’association Saône-et-Loire Galop. Nous devions nous positionner dans le calendrier, septembre nous a semblé opportun ». Il faut dire que les courses hippiques ont été autorisées à reprendre ce mois de mai. Si elles se déroulent sans public, les paris sont quant à eux à nouveau possibles.
Car il ne faut pas perdre de vue que le PMU et l’argent issu de ces paris font vivre toute une économie. Dont celle bien évidemment des éleveurs de chevaux.
Saône-et-Loire Galop est, comme son nom l’indique, l’association des éleveurs saône-et-loiriens de chevaux de course, des galopeurs spécialisés dans le franchissement d’obstacles.
Ils sont actuellement 85 adhérents représentant près de 230 juments poulinières, réparties en autant de pur sang que d’AQPS. AQPS pour Autre que pur sang, la race née dans le département et issue pour l’essentiel d’un croisement entre pur sang anglais et selle français.

Particulièrement solides

La spécialité de ces chevaux est la course d’obstacles : course de haies, steeple-chases et cross (dont la distance à parcourir, le type d’obstacles et leur niveau de difficulté sont à des degrés divers), donc ni les courses de galop de plat, ni a fortiori les courses de trot.
« Les AQPS sont particulièrement appréciés car ce sont des chevaux robustes et endurants. Ils sont réputés pour leur dureté à l’effort ». Une réputation qui va au-delà des frontières car la clientèle est aussi très souvent anglaise et irlandaise.
Le Chaser day est ainsi l’occasion de dégoter les champions de demain. La vente qui attire courtiers et entraineurs concerne alors trois catégories de poulains : les foals (les poulains de l’année), les yearlings (qui ont passé le 1er janvier), les deux ans.

Succéder à Neptune

« Avec un cheval de deux ans, on va pouvoir débuter son entrainement, il intéresse tout particulièrement les entraineurs ». Les chevaux participent à leurs premières courses à l’âge de 3 ans, des courses de haies de 3.000 mètres, les plus « faciles ».
Ce rendez-vous de Paray-le-Monial regroupe autant d’AQPS que de pur sang et attire des acheteurs de l’Europe entière. Cette année, même si cela risque fort d’être différent des autres années, son maintien permettra d’assurer les courses pour les années à venir. Ainsi cette neuvième édition verra peut-être passer l’un des cracks de demain, digne successeur de Neptune Collonges, Côté sud, Crack de Rêve, ou Ancolie de Cotte pour ne citer que ces quelques champions qui ont vu le jour dans les verts pâturages saône-et-loiriens.

Héritage familial

Issu d’une famille originaire du Charolais, Jean-Charles Pallot poursuit actuellement une tradition familiale : « il y a toujours eu des chevaux chez nous. Mon grand-père a eu sa première jument AQPS en 1920 ». Celui qui est par ailleurs éleveur bovin charolais devrait prochainement entièrement se consacrer aux chevaux. Il compte déjà pour sa part 10 juments poulinières, des AQPS et des purs sangs.
« C’est un métier passionnant, dont les qualités premières sont la patience et l’observation », explique l’éleveur d’Oudry.

Le métier d’éleveur de chevaux

Avant l’épisode Covid-19, le secteur de l’élevage de chevaux de courses « était porteur ». Reste désormais à voir comment tout va progressivement rentrer dans l’ordre. Jusqu’à présent, « pour en vivre, il faut 15-20 poulinières », estime Jean-Charles Pallot.
Comme pour tout élevage, la génétique entre beaucoup en jeu : « il faut trouver le bon étalon, avec des qualités de vitesse et de morphologie qui permettent de corriger les défauts de la jument », relate le président de Saône-et-Loire Galop.
« La Saône-et-Loire est reconnue pour son bon terroir et le savoir-faire de ses éleveurs entre observation et technicité », poursuit-il.
Et pour lui, « le métier d’éleveur commence véritablement dès l’expulsion du poulain, lorsqu’il faut apporter les premiers soins et être attentif à la bonne santé de la mère et du poulain ».
La présence quotidienne et le suivi régulier permettent alors de repérer tout problème sur les appuis. « Lors des ventes, les acquéreurs ne regardent qu’une seule chose : la qualité des aplombs ». Vu les disciplines auxquelles sont destinés ces chevaux, il n’y a en effet aucune approximation à avoir.
Ses animaux grandissent dans les pâturages charolais « avec une herbe de qualité qui donne beaucoup de lait aux juments, ce qui fait grandir les poulains rapidement ». Il faut de l’espace aussi à ces chevaux. « Le cheval est un animal stressé, il faut le désensibiliser dès le plus jeune âge, par une présence quotidienne, en lui parlant et en le caressant ».
On vit du métier par la vente des poulains et par un pourcentage perçu lorsque le cheval se place dans les cinq premiers dans une course. Et cela, tout au long de la carrière de l’athlète.
Si cette rémunération est beaucoup plus aléatoire, « voir l’un de ses poulains courir même une fois c’est déjà une victoire ! », commente Jean-Charles Pallot.
Les chevaux progressent petit à petit dans les courses : « on démarre par les courses régionales, comme Paray-le-Monial, puis en fonction de son classement, c’est Lyon et enfin Paris ».
Pour les chevaux de courses d’obstacles, le Graal en France est le Grand Steeple-Chase de Paris qui se dispute à l’hippodrome d’Auteuil.