Saône-et-Loire
Trois têtes de liste pour le sprint final de la campagne

Cédric Michelin
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Samedi 25 mai, les têtes de liste de Renew, Valérie Hayer et des Républicains, François-Xavier Bellamy étaient en Saône-et-Loire. Mardi 28, Jean Lassalle pour le parti Alliance rurale complétait le podium. Le sprint final des élections européennes s’est donc joué en Saône-et-Loire avec les propositions de l’agriculture et de la viticulture départementales.

Trois têtes de liste pour le sprint final de la campagne

« Fille et sœur d’agriculteurs », Valérie Hayer ne tirait pas la couverture à elle : « la voix du monde agricole, c’est Jérémy » Decerle, qui lui avait concocté un joli menu. L’apéritif commençait à Mâcon avec la rencontre de la filière viticole. Union viticole, CAVB, FCCBJ, Vignerons indépendants, CAMB… les interrogeaient sur l’actualité du moment (règlement Sur, flavescence dorée…) car la question des phytosanitaires reste brûlante, à l’heure de la fleur de vigne. Si la pluie et les chaleurs font grimper la pression sanitaire (mildiou…), pour autant, ni les viticulteurs, ni les apiculteurs n’ont encore fait du miel de vigne. En effet, le Conseil d’État a annulé un arrêté qui permettait pourtant de déroger au « respect des horaires de traitements restreints (entre 2h avant et 3h après le coucher du soleil) en période de floraison ». Valérie Hayer se dit « respectueuse de tous les modèles et qu’il faut accompagner la baisse des phytos avec les NBT, la sélection variétale… ». Les députés, Dirx-Rebeyrotte-Margueritte se disaient prêts « à remettre des aides » sur la pulvérisation de précision, pour permettre à la France de « rester l’agriculture la plus qualitative et la plus respectueuse de l’environnement au monde », affichait fièrement l’eurodéputé, Jérémy Decerle.

« Sortir des postures hypocrites »

Un message que l’éleveur charolais redisait à Jalogny. Valérie Hayer semblait impressionnée par les expérimentations menées à Jalogny, tout particulièrement les liens entre génétique, phénotype et alimentation. Mais également par le nombre de partenaires qui s’inscrivent dans Ferm’Inov (Idele, Interbev…) « pour orienter l’élevage et lui permettre de s’adapter aux attentes sociétales dans un contexte de changement climatique », synthétisait Bernard Lacour, président de la chambre d’Agriculture.

Christian Bajard la questionnait alors sur les « inquiétudes » économiques face aux accords internationaux (Ceta, Mercosur…). Après les manifestations des agriculteurs européens, la Commission a envoyé des « signaux positifs », considère Valérie Hayer qui ne promet pas l’impossible : « si la Commission ne peut pas aller au bout, le Parlement ne peut pas tout changer. On va regarder au cas par cas pour protéger les filières », ici en l’occurrence les éleveurs bovins viande, « alors que le Ceta est bon pour les éleveurs laitiers, les fromagers ou les vins », juge-t-elle. Sa ligne politique se veut avant tout « crédible pour sortir des postures hypocrites », piquait-elle les populistes et extrêmes de tout bord. « Si demain, on veut exporter, il faut accepter d’importer », néanmoins, en « changeant les règles du commerce », convenait-elle, pour permettre aux producteurs « une juste rémunération et concurrence loyale ». Le président des JA71, Maxime Bonnot attend de voir se concrétiser « l’EGAlim Européen » promis par le président Macron. « On a une fenêtre de tir dans tous les pays Européens pour toucher au droit de la concurrence et au sanitaire », entrevoit Jérémy Decerle, plus réservé sur les prix plancher.

Feader et loups font hurler les éleveurs

Avant de partir en meeting l’après-midi, après une bonne assiette des Terroirs de Saône-et-Loire, les questions qui fâchent étaient servies au moment du fromage AOP Charolais. Les présidents de la FDSEA-JA-Chambre redisaient « l’incompatibilité » entre élevage et loup. « Le loup n’est pas sympathique. Il est en train de détruire et décourager nos jeunes éleveurs qui le vivent très mal psychologiquement. Il y a un vrai décalage entre ce que l’on vit et l’Europe » qui se trompe sur la question de la bonne « biodiversité ». Valérie Hayer ne semblait pas à l’aise sur la convention de Berne et la directive Habitat. Le président de la chambre régionale d’Agriculture, Christian Decerle enfonçait le clou : « il s’agit de vie ou de mort ».

Avant d’enchaîner sur les fonds Feader que la Région BFC a en gestion. « La profession agricole avait obtenu une revalorisation significative de +30 % par rapport à la précédente programmation pour des projets agricoles et viticoles. Et au milieu, une collectivité territoriale a paralysé le système par militantisme […] et contrairement aux dires politiques et administratifs, rien n’est réglé. C’est scandaleux ». Valérie Hayer voyait là un profond dysfonctionnement contribuant à « l’Europe bashing », faisant le parallèle avec la position de certains pays « Nordique ou de l’Est qui trouvent l’agriculture ringarde » mais qui depuis les crises Covid/Ukraine/blocage, soutiennent l’idée de souveraineté alimentaire. « Sans oublier ceux qui n’ont même pas voté le budget de la Pac et après ce sont précipités dans les cours de ferme », fustigeait-elle le Rassemblement national pour conclure.

L’incohérence de l’ICHN

Sébastien Pocheron et Benoit George interpellaient les eurodéputés et à nouveau, leurs députés, sur la question du zonage les excluant des aides ICHN. Contrairement à d’autres, les communes de Bray et de Chapaize ne sont plus incluses en raison de chiffres d’affaires moyens au-dessus du seuil fixé. La présence de sièges d’entreprises viticoles ayant fait pencher la balance en leur défaveur. Dix exploitations d’élevage « perdent ainsi en moyenne 10.000 € » d’aides par an et ce, depuis « 3-4 ans ». « On a une faiblesse maintenant, alors autant que mes fils reprennent une ferme ailleurs », lâchait désabusé, Sébastien Pocheron. Contre cette « injustice », la profession agricole (FDSEA, JA, CA…) et les élus (députés, maires…) se sont mobilisés à tous les niveaux, jusqu’à interpeller Marc Fesneau. Pour Bernard Lacour, « la réponse ne peut plus qu’être politique », alors que l’administration trouve, elle aussi, la situation « incohérente » mais ne peut bouger. « On marche sur la tête. On est des gens honnêtes. L’ICHN, c’est notre revenu », concluait Benoit George qui demandait aux députés et eurodéputés de travailler de concert, ce que Benjamin Dirx et Jérémy Decerle font déjà...