Élections départementales et régionales 2021
Un vote pour ?

Cédric MICHELIN
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Au deuxième tour des élections départementales et régionales ce dimanche 27 juin, la Saône-et-Loire a encore connu une forte abstention (66 %) puisque le taux de participation n’est que de 33,90 %. Le taux de participation total en Bourgogne Franche-Comté pour les régionales s’établit au final à 36,54 %. Entre pandémie Covid-19, Euro de Foot, Fête des Pères, beau temps, désenchantement…, les commentateurs ont peut-être oublié de voir ici la première élection depuis longtemps, où les citoyens n’ont cette fois pas voté « par raison » ou « contre » mais ont bien voté « pour » leur candidat de cœur. Ce qui n’empêche en rien de se poser des questions sur les droits et devoirs, moyens et technologies… à prévoir à l’avenir pour renforcer notre démocratie fragilisée.

Un vote pour ?

Le premier tour le laissait déjà largement présager et le second tour n’a fait que confirmer la « sensation André Accary » qui a dominé le scrutin en Saône-et-Loire. Pas un seul canton de perdu, cinq de gagnés et le groupe Gauche 71 qui se retrouve avec seulement six cantons sur 29… La victoire d’André Accary est « historique ». Elle en fait un favori pour la présidence des Départements de France.
« Je suis heureux car le travail a payé. Le travail de toute une équipe », a-t-il remercié… Dimanche soir, alors que les derniers résultats venaient de tomber avec la victoire du canton de Chalon 1, André Accary ne voulait pas tomber dans l’euphorie, mais avait, on s’en doute, du mal à cacher son plaisir d’avoir vu sa stratégie être gagnante. « On n’a pas perdu un seul canton sur les 16 que l’on détenait. C’est une première satisfaction. Ce n’était pas évident partout. Comme à Montceau où l’élection était difficile. Mais partout on a gagné. Et on a même fait beaucoup plus… » Et quand il dit cela, André Accary ne manque pas de faire un saut en arrière : « Je me rappelle parfaitement qu’en 2015, quand nous avons pris la majorité, on nous avait dit que notre élection était illégitime. Je pense que ce soir – dimanche soir – ils doivent avoir un regard différent ». André Accary dans cette élection s’est mué tout à la fois en bulldozer et en rouleau compresseur. Car les résultats sont là. « On a gagné les cantons de Gergy, de Blanzy, de Chalon 1, d’Hurigny et de Saint-Rémy. C’est bien simple, on a fait le plein sur le Chalonnais, le plein sur le Mâconnais, le plein sur l’Autunois et le plein sur le Charolais, avec la nette victoire de Dominique Lotte ». La décision du maire de Gueugnon de créer « Saône-et-Loire unie », avec la bénédiction d’André Accary, était une autre stratégie gagnante. « C’était surtout une stratégie de rassemblement ». La gauche se retrouvant avec seulement six cantons dans son escarcelle, André Accary ose parler de « victoire historique ». Elle l’est, puisque jamais la droite au Conseil départemental n’avait rassemblé aussi large.

Favoris pour les Départements de France ?

Il y a une autre élection qui va attirer l’œil des observateurs, c’est celle qui concernera la présidence de l’Association des Départements de France. Dominique Bussereau, l’ancien ministre, ayant décidé de ne pas se représenter, la présidence est donc vacante. Et dans le milieu, il est entendu qu’André Accary est au rang des favoris pour prendre la tête de cette importante association. Son président étant l’interlocuteur privilégié à la fois de Matignon et de nombre de ministères en rapport avec les compétences qui ont été attribuées aux départements. À suivre…

Sortants vers l’avenir

Les élections départementales comme les élections régionales ont clairement accordé une prime aux sortants qui veulent construire un nouvel avenir. Marie-Guite Dufay l’avait intégré et c’est aussi pour cela qu’elle a gagné. C’était il y a quelques mois, en pleine pandémie, Marie-Guite Dufay qui n’avait encore pas annoncé sa décision de se représenter, s’interrogeait sur l’avenir, s’interrogeait sur ces élections qui ne seraient pas comme les autres. Elle s’interrogeait, mais elle était d’accord sur une chose : ces scrutins 2021 accorderaient une belle prime aux sortants. Cela a été le cas quasiment partout en France. Dimanche soir, elle a été réélue avec une majorité plus large que celle qu’elle avait obtenue en 2015.  Elle se retrouve donc en position de force et a validé la stratégie qu’elle et ses amis avaient élaboré. Celle de construire une nouvelle majorité, officiellement plus à gauche, mais aussi plus verte. Pas spécialement pour répondre à la mode du moment, affirme-t-elle, mais bien parce que cela fait des années, qu’elle mise sur une nouvelle approche environnementale. La filière hydrogène qu’elle a voulu construire en Bourgogne Franche-Comté et les trains à hydrogène commandés à Alstom, en étant la plus belle démonstration.
Toute la question est maintenant de savoir comment le ménage à deux, entre le PS et EELV, va fonctionner. Savoir jusqu’où Marie-Guite Dufay et son équipe de la première heure seront prêts à aller, pour éviter un clash avec les Verts de Stéphanie Modde. Et sur le sujet, la période qui s’ouvre, avec une séquence qui va durer un an jusqu’aux présidentielles et aux législatives de 2022, sera un test grandeur nature. Après, il y aura un peu de répit jusqu’aux européennes.
Dernière analyse après ces élections, on voit bien qu’au-delà des sondages qui auront eu tout faux ou presque sur toute la ligne, au-delà des tensions que peut faire naître une campagne électorale, c’est bien dans la constance et le rassemblement que se construisent les victoires. Marie-Guite Dufay l’a démontré et elle a gagné. Comme les autres présidentes et présidents de Région qui ont fait de même. Le tout sera de le conserver car les suites de la crise seront inévitablement et obligatoirement pas simples à gérer.
Alain Bollery – creusot-infos.com

Régionales : quels sont les Saône-et-loiriens qui vont siéger à l'assemblée régionale ?

En s’imposant ce dimanche soir avec plus de 42 % des suffrages exprimés, Marie-Guite Dufay remporte 57 des 100 sièges au Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté. Mais qui est élu Conseiller régional en Saône et Loire ? Sur les 57 voix remportées par la liste portée par Marie-Guite Dufay, huit reviennent aux écologistes et huit aux communistes. 18 représentants siégeront pour le Rassemblement national, 18 pour la liste portée par Gilles Platret dont des élus de Debout la France et sept pour Denis Thuriot et LREM. Un troisième tour qui ne devrait pas poser problème au regard de l’avance confortable que Marie-Guite Dufay dispose sur ces adversaires. 

Sur les 100 postes de conseillers régionaux, 19 reviennent à la Saône-et-Loire. Là aussi, c’est la proportionnelle qui donne le nombre de postes de conseillers régionaux. En réalisant le meilleur score en Saône-et-Loire, Marie-Guite Dufay disposera de dix représentants saône-et-loiriens, à savoir Jérôme Durain, tête de liste départementale et sénateur, Laëtitia Martinez, Bertrand Veau - maire de Tournus qui fait son entrée, Francine Chopard - conseillère régionale sortante et conseillère municipale de Chalon-sur-Saône, Fabrice Voillot - maire de Charbonnat et éleveur de charolaises, Claire Mallard de Givry qui fait son entrée, Jean-Claude Lagrange maire de Sanvignes-les-Mines, Nathalie Leblanc - conseillère municipale de Chalon-sur-Saône, Franck Charlier - maire-adjoint de Gueugnon et Jacqueline Bramant – Semur-en-Brionnais. 
En arrivant deuxième en Saône-et-Loire, Gilles Platret enverra cinq représentants issus du département au Conseil régional, à savoir lui-même, Catherine Carle-Viguier - adjointe au maire de Mâcon, Gérald Gordat - président du Grand Charolais, Dorothée Majewski - Montceau-les-Mines - DLF, Christophe Normier - président de l’association anti-éolienne Morvent en Colère. 
Julien Odoul se contentera de trois représentants de Saône-et-Loire, à savoir Olivier Damien, Valérie Deloge et Aurélien Dutremble. 
Enfin, la liste portée par la majorité gouvernementale LREM n’aura qu’un seul représentant à savoir Rémy Rebeyrotte, député de Saône-et-Loire. 
Le Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté sera installé ce vendredi avec l’élection de l’exécutif. 
Laurent Guillaumé - info-chalon.com

Résultats définitifs des régionales

Marie-Guite Dufay (divers gauche) 42,20 % des voix, 57 sièges, 289.925 voix
Gilles Platret (Les Républicains) 24,23 % des voix, 18 sièges, 166.448 voix
Julien Odoul (Rassemblement National) 23,78 % des voix, 18 sièges, 163.364 voix
Denis Thuriot (La République En Marche) 9,79 % des voix, 7 sièges, 67.220 voix
Participation : 36,54 %

Nombre de sièges par département
Marie-Guite Dufay
Côte-d’Or : 11
Doubs : 11
Jura : 6
Nièvre : 4
Haute-Saône : 6
Saône-et-Loire : 10
Yonne : 6
Territoire de Belfort : 3

Gilles Platret
Côte-d’Or : 4
Doubs : 3
Jura : 2
Nièvre : 0
Haute-Saône : 2
Saône-et-Loire : 5
Yonne : 2
Territoire de Belfort : 0

Julien Odoul
Côte-d’Or : 3
Doubs : 4
Jura : 1
Nièvre : 1
Haute-Saône : 2
Saône-et-Loire : 3
Yonne : 3
Territoire de Belfort : 1

Denis Thuriot
Côte-d’Or : 2
Doubs : 1
Jura : 0
Nièvre : 2
Haute-Saône : 0
Saône-et-Loire : 1
Yonne : 1
Territoire de Belfort : 0

« L’écologie de retour au Conseil régional »

Par voie de communiqué, les écologistes se sont félicités du résultat « sans appel » du second tour. « Il récompense la clarté et la sincérité de la liste d’union menée par Marie-Guite Dufay. Nos campagnes respectives de premier tour et l’accord programmatique qui en a découlé ont créé la dynamique qui était attendue », salut Stéphanie Modde. Les écologistes qui rejoignent le Conseil régional annoncent vouloir être « des fers de lance pour engager au plus vite la transition écologique. À huit, ils et elles feront le travail de 15 », proclament-ils. 

Quelles conséquences après l’alliance gauche-écologistes ? 
Les représentants de la nouvelle alliance pour le second tour des élections régionales ont donné une conférence de presse à Dijon le 21 juin.

Quelles conséquences après l’alliance gauche-écologistes ? 

Arrivée en tête à l’issu du premier tour, la liste PS-PRG-PCF emmenée par Marie-Guite Dufay, la présidente sortante du Conseil régional de BFC, a conclu un accord avec la liste Écologistes et Solidaires de Stéphanie Modde. Dès lors, comment seront traités les dossiers agricoles ?

Lundi 21 juin, au lendemain du premier tour, dans un hôtel dijonnais, Marie-Guite Dufay et Stéphanie Modde officialisaient leur accord, en vue du second tour des élections régionales du 27 juin, remportée. Depuis, le monde agricole est en droit de s’interroger face à l’accord électoral conclu entre la liste PS-PRG-PCF arrivée en tête, et Écologistes et Solidaires. Sur le loup, sur la gestion de l’eau ou sur l’accompagnement du développement du bio, les deux listes ne cultivent pas des approches strictement identiques. Parviendront-elles à s’entendre ? Sur la question du loup notamment, Marie-Guite Dufay avait rappelé, lors d’une rencontre organisée le 1er juin, que les éleveurs ovins devaient obtenir le statut d’exploitation non-protégeable, facilitant les prélèvements de loups. Lors de cette même rencontre, Claire Mallard (Écologistes et Solidaires) avait considéré qu’on doit faire avec ce prédateur et qu’il fallait plutôt imaginer des solutions de cohabitation. Questionnée le 21 juin, la présidente sortante a un peu botté en touche, estimant que la question du loup ne résumait pas à elle seule les difficultés de l’agriculture. Marie-Guite Dufay comme Stéphanie Modde reconnaissent la réalité de la souffrance du monde agricole. Une réalité sur laquelle il va falloir travailler dans un contexte marqué par la transition écologique à l’œuvre. « Je sais, précisait Marie-Guite Dufay, que pour que cette transition écologique réussisse, il faut embarquer tout le monde. Je pense à l’agriculture, qui a besoin d’évoluer mais pour laquelle il faudra être très attentif, notamment sur sa souffrance ». Pour Stéphanie Modde, il faut « répondre à cette souffrance, accompagner les agriculteurs et il faut une volonté politique pour emmener tout le monde ». Elle a convenu que l’accord de second tour était un peu « en-deça de ce que nous pouvions espérer, mais les engagements pris sur la transition écologique me confortent. Tout ce qui touche à une agriculture paysanne nous intéresse ». 

Accompagner les efforts

Sur le bio, Marie-Guite Dufay souligne que beaucoup a déjà été fait en termes de moyens, mais elle a redit son inquiétude face aux arbitrages réalisés au niveau national qui, de son point de vue, ne favorisent pas la filière. « Sur ce point, déplorait-elle, les leviers principaux sont nationaux ou européens, mais nous serons extrêmement vigilants sur cette filière. Rien ne nous oppose aux écologistes dans ce domaine. Sur l’agriculture, de manière plus générale, il faut accompagner les efforts de toutes les exploitations pour lutter contre les effets du changement climatique. Dans le mandat précédant nous avons mis en œuvre des procédures qui aident les exploitants à ne pas aller dans le mur, à diversifier leurs productions, à faire évoluer leurs méthodes de cultures... cela demande du temps et des moyens. Nous allons continuer et même accélérer. Il faudra de la pédagogie mais c’est l’aspect le plus noble de la politique ». Pour Stéphanie Modde, l’un des leviers importants à activer est celui de la restauration collective : « il faudra contractualiser davantage et promouvoir la filière bio. Nous avons beaucoup de point commun avec la liste de Marie-Guite Dufay et aussi quelques divergences mais nous verrons, sur la durée, comment nous les envisagerons ». 
Ces différences ont été abordées, lors de la rencontre organisée par la FRSEA avec les agriculteurs, le 23 juin, dans une exploitation de Pessans, dans le Doubs.

Berty Robert