Porcs
FNP : vers 110 % d’autosuffisance

En congrès le 16 juin à Rouen, la FNP (producteurs de porcs FNSEA) affiche sa volonté de renverser la dynamique de baisse de la production française. Un effort qui passera par l’installation de jeunes, estime l’association spécialisée, qui a renouvelé son conseil d’administration.

FNP : vers 110 % d’autosuffisance
En porcs, « la condition pour revenir à 110 % d’auto-approvisionnement, c’est d’attirer et de permettre l’installation des porteurs de projet, et donc de les encourager en simplifiant les procédures », a souligné le président de la FNP. ©SC

En assemblée générale le 16 juin à Rouen, la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA) a fixé comme objectif de porter à 110 % le taux d’autosuffisance de la France en viande porcine, sans préciser d’échéance. Ce taux devrait passer « sous les 100 % » en 2023, ce qui rendra la France « dépendante des importations », s’est ému son président François Valy. « Ne prenons pas le chemin de la volaille ! », a-t-il lancé, alors que 43 % de la consommation française de volailles était importée en 2022. En porcs, « la condition pour revenir à 110 % d’auto-approvisionnement, c’est d’attirer et de permettre l’installation des porteurs de projet, et donc de les encourager en simplifiant les procédures », a souligné l’éleveur morbihannais. Et François Valy d’annoncer la tenue, le 21 novembre, d’un événement sur ce sujet coorganisé par la FNP et Jeunes agriculteurs.

« Il y a des énormément de jeunes qui arrivent dans les chambres (aux points accueil installation, NDLR) et qui n’ont pas vraiment de projet défini. Pourquoi ne serait-on pas capables de parler de porcs à ces jeunes-là ? », s’est interrogé Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France. « Aujourd’hui, je pense qu’on n’ose pas le faire », estime cet éleveur porcin de Seine-Maritime, appelant à « renforcer les liens » avec l’Ifip (institut technique) pour mieux communiquer sur les références technico-économiques auprès des porteurs de projet. « Il faut qu’on sache leur montrer que, quand on est éleveur de porcs, on peut gagner correctement sa vie. »

« Une nouvelle ère de prix »

Comme le rappelle l’Ifip, la France a produit en 2022 l’équivalent de 103 % de sa consommation ; 27 % de cette production étant exportée. Avec des prix du porc records, « la conjoncture est meilleure, mais certains signaux nous alertent, a prévenu M. Valy. La baisse de production [européenne] soutient le marché, mais va vite remettre en cause la souveraineté. » L’Ifip prévoit un « recul massif de la production européenne » cette année, « a minima » à -3 % (et -4 % en France), selon Élisa Husson, ingénieure à l’institut technique. La baisse devrait toutefois « ralentir durant la deuxième partie de l’année », anticipe-t-elle, en raison de « l’amélioration de la situation de certains éleveurs » sur fond de « détente » du prix de l’alimentation animale. En matière de prix du porc, « les maximums ont été atteints », avec une cotation au Marché du porc breton (MPB) au plus haut niveau historique (2,38 €/kg) début avril.

Après quelques semaines, le cours de référence reste très élevé, à 2,245 €/kg au19 juin. « Les prix du porc devraient rester à des niveaux élevés », prédit Elisa Husson. « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de prix », autant pour les prix à la production que pour les charges, résume-t-elle. En 2022, déjà, la production européenne de porcs s’était effondrée de 5 %, avec des chutes plus marquées chez les deux premiers producteurs : -8 % en Allemagne et -9 % pour le leader espagnol, en raison de problèmes sanitaires. « La fin de la croissance espagnole pointe son nez », estime l’économiste de l’Ifip. Quant à la France, troisième producteur européen, elle a connu un recul dans la moyenne (-5,1 %, à 2,15 Mtéc de viande). La filière y a fait preuve de « résilience », note Élisa Husson. Victime d’un effet ciseau en 2021-2022, entre la flambée de l’aliment et un prix du porc insuffisant, le secteur a bénéficié du premier plan d’aide publique de son histoire : une enveloppe spécifique de 270 M€, suivie de 70 M€ issus du Plan de résilience lié à la guerre en Ukraine. Des enveloppes consommées à 84 % : quelque 4 100 exploitations – environ un élevage sur deux – ont touché une aide moyenne de 70 000 €. Selon la secrétaire générale de la FNP Carole Joliff, sans cette aide, « on partait sur 40 % de production en moins ».

Y. G.