Economie
L'AG du syndicat de défense du fromages Charolais

Frédéric RENAUD
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Le syndicat de défense du fromage Charolais a tenu son assemblée générale le mardi 12 juillet à Charolles. Promotion, tonnages de production, nature des contrôles, évolution du cahier des charges, problèmes sanitaires, beaucoup de sujets ont été discutés par les éleveurs réunis autour de la présidente Sophie Bonnet.

L'AG du syndicat de défense du fromages Charolais
L'assemblée générale a été menée par la présidente Sophie Bonnet (au centre) et la technicienne Anne-Laure Fernandes.

La promotion constituera l’axe principal des projets 2022 du syndicat de défense du fromage Charolais. Avec l’envie « d’améliorer certaines actions, comme l’opération cantine dans les collèges, victime d’un couac en 2021 », déplore Sophie Bonnet. Daniel Rizet proposait avant - pour plus d’efficacité - de conduire « des temps pédagogiques avec des éleveurs, avant la phase de dégustation. Il n’est pas facile de capter l’attention des collégiens, surtout s’ils ont faim, mais les éleveurs semblent mieux placés que des professeurs, et plus pertinents, pour expliquer la fabrication du fromage ».

Un autre projet réside dans « la création d’une marque régionale, par le groupement de promotion des produits régionaux (GPPR) », remarque Étienne Cacheux, l’un des administrateurs du syndicat, avant d’inciter surtout ses collègues transformateurs fermiers « à utiliser les outils de promotion existants (doudounes, tabliers, sacs kraft marqués, etc.) lorsqu’ils partent vendre sur les marchés ».

Hausse de 15 % des volumes

Avant cela, l’ODG avait fait le bilan de l’année 2021 comme « florissante, parce que nous n’avons pas manqué d’herbe », rappelait Sophie Bonnet, la présidente du syndicat de défense du fromage Charolais, lors de l’assemblée générale du 12 juillet, « avec un fort tonnage de production. Si aucune installation ne s’est produite dans la filière, de bons contacts ont été pris avec de potentiels porteurs de projet ».

111 tonnes de fromages, soit une augmentation de 14,7 % par rapport à 2020, ont été produites, grâce à l’herbe abondante. « Nous avons aussi bénéficié d’une forte demande, malgré un début d’année sous confinement. Vingt-quatre opérateurs restent habilités pour utiliser le label AOP Charolais : quatorze producteurs fermiers, sept producteurs de lait, un affineur et deux transformateurs », détaillait Sophie Bonnet.

Quid de la luzerne et des foins enrubannés ?

Le déroulement de l’année a été compliqué, en raison des contraintes sanitaires liées au Covid en début d’année, puis du fait des variations survenues au niveau du personnel. « Nous avons d’abord affronté la fin d’activités d’Éléonore Sauvageot, dans l’animation de l’organisme de défense et de gestion (ODG), à la fin juin », rappelle Sophie Bonnet. « Après six mois sans animation, Anne-Laure Fernandes a été mise à disposition, à la mi-janvier, par la chambre d’agriculture ».

Certains dossiers ont mobilisé l’attention des éleveurs présents. C’est le cas de la révision du cahier des charges de l’AOP Charolais, que les exploitants souhaitent conduire en lien avec l’adaptation au réchauffement climatique. Parmi les hypothèses figure « l’intégration de la luzerne dans les fourrages autorisés, mais pas sous forme déshydratée », expliquent les adhérents du syndicat. « La question des foins enrubannés se pose aussi : s’ils restent interdits pour la production laitière, nous pourrions les autoriser pour d’autres composantes des troupeaux, comme les chèvres en gestation ou pour celles qui sont taries ».

L’organisation des contrôles nécessaires met aux prises plusieurs arguments. « Dans notre appellation, onze opérateurs sont contrôlés chaque année. En 2023, ces dispositions changeront, avec davantage de contrôle, le plus souvent sous la forme ciblée, sans préavis, au détriment des contrôles exhaustifs », signale Étienne Cacheux, l’un des administrateurs de l’ODG. « Ce qui devrait hausser le coût global des contrôles pour l’ODG ». Certains mettent donc en garde, comme Daniel Rizet inquiet « face au coût de base des contrôles Certipaq, de l’ordre de 1.000 € » et « du coût de ces contrôles inopinés. L’incertitude de trouver les éleveurs au siège d’exploitation nécessitera certainement aux agents de contrôle de revenir au moins une fois ».

Lutter contre le risque de listeria

Les adhérents du syndicat ont aussi abordé les risques de listeria, « qui survient parfois avec du foin enrubanné touché par de la terre », évoque Daniel Rizet. Pour la présidente, la solution résiderait dans « le refus de l’enrubannage, à condition d’optimiser les coupes tardives ». Un argument qui convient à Jean-Philippe Bonnefoy, président du syndicat caprin et du centre fromager de Bourgogne, qui rappelle : « lorsqu’il y a de la listeria dans un tube digestif, le risque est fort de contaminer tout le troupeau, par les litières ».

Ce débat amenait une réaction de Jean-Jacques Lahaye, représentant de la chambre d’Agriculture, « qui cherche des solutions pour éviter de perdre de l’herbe. Nous aurons peut-être à étudier la possibilité d’échanges d’enrubannage contre du foin, avec des éleveurs de vaches laitières ». Si les deux fourrages diffèrent de beaucoup, « il existe toutefois un vrai marché de foin auprès d’éleveurs allaitants, qui veulent élever moins de bêtes et qui vendent leur surplus de foin, une fois que leurs propres besoins sont couverts », signale Jean-Philippe Bonnefoy, ouvert à l’idée « de partenariats en zone AOP entre des éleveurs allaitants et des éleveurs caprins. Car cela permet parfois des phases de diversification avec cette activité de commercialisation de fourrages ».

Les chèvres sont-elles laissées de coté ?
« La chambre d’agriculture ne laisse tomber aucune production, » affirme Jean-Jacques Lahaye, représentant le président Lacour. « Nous ne pouvons pas décider des orientations à la place des acteurs d’une production. »

Les chèvres sont-elles laissées de coté ?

C’est un sujet soulevé lors des questions diverses. Le fromage de chèvre, pourtant une production caractéristique de la Saône-et-Loire, « n’apparaît ni sur les panneaux de l’A6, ni sur les plaquettes de la candidature du Charolais à l’Unesco. Mais dans le tourisme ou les reportages TV, on voit un peu plus de chèvres à côté des vaches charolaises », s’émeut Étienne Cacheux, l’un des administrateurs du syndicat.

Il lui est répondu que les éleveurs caprins manquent de représentants dans les OPA pour exprimer leurs attentes. « Il faudrait rejoindre une synergie », confirme Jean-Philippe Bonnefoy, « créer du lien avec les autres filières, mais notre temps de travail nous l’empêche souvent ». « Pourtant, il est essentiel de faire connaître les besoins des filières ; donc, que leurs représentants se fassent entendre au niveau départemental », invitait Christian Bajard, le président de la FDSEA. « Aujourd’hui, la majorité des élus chambres sont des éleveurs ; demain ce ne sera plus le cas, car le profil des agriculteurs change ».

« La chambre d’Agriculture ne laisse tomber aucune production », rassurait Jean-Jacques Lahaye, représentant le président Lacour. « Le service élevage prend toutes les productions en compte, les volailles comme les ruminants. Toutefois, nous ne pouvons pas décider à la place des acteurs d’une filière. Mais si vous avez un projet, établi entre les producteurs et les organismes qui les soutiennent, avec l’amont et l’aval, la chambre d’Agriculture vous accompagnera, souvent avec l’aide du Département, voire de la Région… »

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