ALSONI
Les éleveurs, principaux acteurs des outils génétiques

Chloé Monget et Léa Lapostolle (ALSONI)
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Le 5 juillet, ALSONI Conseil Elevage, en partenariat avec la Chambre d'agriculture de la Nièvre, proposait une rencontre chez Cédric Emile (Fertrève), afin de rappeler quelques bases. 

Les éleveurs, principaux acteurs des outils génétiques
La rencontre s'est déroulée sous forme de conversations à bâton rompu pour que les interventions soient les plus pertinentes possibles pour les éleveurs.

« Nous réalisons cette rencontre pour les nouveaux adhérents afin de rappeler les bases de la prise de mesures – indispensables pour obtenir des index fiables » détaille Léa Lapostolle, responsable technique à ALSONI Conseil Élevage, avant d'ajouter : « Nous leur expliquons aussi les éléments pratiques pour la lecture des fiches d'analyses ainsi que quelques points sur la transmission des gènes. En somme, nous faisons une piqûre de rappel sur toutes les connaissances nécessaires pour une collecte de données fiables et une bonne utilisation des outils génétiques ». Ainsi, le rendez était fixé le 5 juillet dans l'exploitation de Cédric Emile, éleveur de 80 vaches charolaises au Chailloux (Fertrève). 

Importance de la fiabilité des données collectées

Pour cette première formation organisée par ALSONI Conseil Elevage, en partenariat avec la Chambre d'Agriculture de la Nièvre, dédiée au rappel des bonnes pratiques en matière de collectes de données, les mesures et l'importance de celles-ci ont été évoquées. « Si elles sont tronquées, cela peut fausser la fiabilité des index et celle donc du conseil. Bien évidemment, si les éleveurs ont une question, nous sommes là pour les aider » souligne Jérôme Poingt, conseiller ALSONI dans le secteur Decise / Sud Nivernais. Il insiste, par exemple, sur le fait que pour « le poids de naissance, la mesure du tour de poitrine (avec un mètre ruban, le rondeau étant à proscrire ) est le moyen le plus digne de confiance pour l'évaluer, si on ne peut pas peser le veau né. La mesure est à faire le jour de la naissance (ou le lendemain), et doit être transmise dans les 7 jours après la venue au monde du veau » avant de spécifier : « Il est important que cela soit toujours la même personne qui effectue cette mesure afin que la tension soit à peu près identique à chaque fois ; toujours dans un souci de fiabilité de la donnée ». La fiabilité du poids naissance est d’ailleurs estimée à travers un indicateur (ISS) et conditionne la diffusion de certains index (IFNAIS et d’AVEL) avant le premier vêlage de l’animal. 

Des outils à disposition 

Afin d'épauler les éleveurs au mieux et de leur donner toutes les clefs pour une prise de mesure précise, les conseillers d'ALSONI Conseil élevage ont beaucoup insisté sur différents points. « Pour plus de rapidité et de simplicité, les éleveurs ont des outils à disposition pour une transmission informatisée des pesées, à l'image de Boviclic par exemple - précisons que d'autres logiciels existent. Pour une indexation plus fiable, il est aussi nécessaire de transmettre au technicien les adoptions et les différences de conduite des veaux qu'elles soient volontaires ou non. Par exemple : un lot de veaux sevrés plus tôt, un lot de veaux plus complémentés que les autres ou bien des veaux nés sur des périodes distinctes dans l’année. Enfin, pour une bonne utilisation des index, il est indispensable de prendre en compte le coefficient de détermination (CD) qui permet d’estimer la fiabilité de l’index. En d'autres termes, l’intervalle de confiance que l’on peut lui accorder. J'insiste sur le fait que le CD est dépendant de l’héritabilité du caractère mais aussi du nombre de descendants connus et évalués ». Léa Lapostolle martèle : « Il y a une marge de progression sur les pratiques de collecte de données, il faut donc travailler là-dessus. Les éleveurs sont à la base du système. Il faut donc qu'ils aient conscience que prendre les informations correctement leur permet d'avoir des outils plus fiables et donc plus utiles »

Ataxie 

Si la journée était donc dédiée aux bases à respecter, elle a été l’occasion d’échanger sur d’autres sujets essentiels. Ainsi, les participants se sont concentrés sur les questions concernant la transmission des gènes notamment pour l'ataxie. « Il faut bien avoir conscience qu'elle ne se déclare que sur les animaux homozygotes. De ce fait, l’éleveur peut faire un accouplement raisonné en connaissant le statut des femelles.  Il serait en effet dommage de se priver d'une lignée intéressante à cause de cela ». Cela étant, afin de prévenir un investissement inutile, elle conseille : « Plus les analyses sont effectuées tôt, plus l'éleveur peut prendre la décision de se séparer de l'animal précocement afin d'éviter de l'entretenir trop longtemps pour rien ; cette recommandation est d'ailleurs valable pour toutes les maladies génétiques ». La conversation s'est ensuite poursuivie sur les gènes intéressants particulièrement les éleveurs présents en développant les raisons de leur engouement. 


Gènes d'intérêts 

Parmi les gènes d'intérêts de plus en plus prisés : le sans corne permettant d'éviter de pratiquer l’ébourgeonnage des veaux. Là, Léa Lapostolle rappelle : « Le gène sans corne est dominant, et s'exprimera que l’animal soit hétérozygote ou homozygote, peu importe le sexe. Mais, pour qu’un animal soit homozygote, il faut que le gène soit présent des deux côtés (mère et père) ». Elle a également insisté : « pour l'écornage, dans tous les cas il faut respecter les procédures afin d'éviter tout inconfort pour l'animal et toute conséquence sanitaire éventuelle ». Le gène culard quant à lui, a une expression complexe. Il présente 9 mutations différentes dont les mutations F94L (mH Beef) et Q204X (mH) présentes en race charolaise et a une expressivité variable. Les éleveurs peuvent connaître le statut de ces gènes grâce à un simple prélèvement de cartilage réalisé par le technicien. Les discussions se sont clôturées sur le fait que « le métier d'éleveur est compliqué, car nous cherchons la perle rare. Mais, c'est ce qui fait la beauté de notre métier » souligne Cédric Emile. Pascaline Lemaître-Noizillier, éleveuse, pointe de son côté : « Tous les systèmes sont bons, pourvu que celui choisi convienne à l'éleveur. Nous n'avons pas tous les mêmes objectifs ni des goûts identiques. Par exemple, pour ma part, je recherche de bonnes qualités de lactation et maternelles mais pas du tout le gène culard, ce qui ne sera pas le cas d'un autre éleveur ». D’autres journées de ce type (dédiées à la fiabilité des données et aux gènes d'intérêts) sont à prévoir, pour en savoir plus, n’hésitez pas à contacter Léa Lapostolle au 06 35 03 14 75. 

Laisser faire

Durant la rencontre, les éleveurs ont évoqué l'impatience dont ils ont pu faire preuve pour certaines naissances. Certains évoquant l'utilisation trop précoce de la vêleuse : « Les animaux savent faire leur travail et il faut leur laisser le temps de le faire. On peut être tenté d'utiliser la vêleuse, mais cela peut avoir des conséquences si le col n'est pas assez dilaté ». La présence des caméras pour surveiller les animaux durant ces périodes a été présentée par certains éleveurs comme un « outil indispensable et rassurant » afin de rester serein si la personne n'est pas sur le site de l'exploitation. Léa Lapostolle a également rappelé l’utilisation de la pelvimétrie (mesure permettant d’estimer le passage pelvien) comme un moyen supplémentaire pour limiter les vêlages difficiles en raisonnant le planning d’accouplement en fonction de l’ouverture pelvienne des génisses.