Grand âge et dépendance
Le gouvernement investit des milliards

C’est dans le cadre d’un déplacement en Saône-et-Loire jeudi 23 septembre que Jean Castex a annoncé les ambitions gouvernementales sur le sujet de la dépendance et du grand âge qui seront ventilées sur deux grands axes : l’aide à domicile et les Ehpad. Et c’est d’un budget total de plusieurs milliards d’euros que le Premier ministre s’est fait le porte-parole.

Le gouvernement investit des milliards

1,2 milliard d’euros de financements nouveaux en 2022 consacrés au secteur médico-social, voilà le gouvernement qui s’attelle à la vieillesse et à la dépendance en fléchant un budget supplémentaire conséquent sur ces thématiques-là. Une enveloppe annoncée jeudi dernier à Autun, dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, le PLFSS 2022.

Partant du constat que les prises en charge à domicile et l’offre en Ehpad sont très inégalitaires selon notre lieu de résidence en France (notamment dans les "zones blanches", en Corse et en Outre-mer), le gouvernement affiche avec ce plan de soutien à l’autonomie un projet ambitieux visant à gommer les inéquités et à renforcer l’attractivité pour les personnels de santé.

10.000 en plus

« Le paquet est ambitieux, explique-t-on du côté de Matignon, à la hauteur des enjeux dans le cadre de l’autonomie ». Ces mesures arrivent dans la droite ligne des engagements du Ségur de la santé, datant de l’été 2020. Au total, l’État va consacrer 12,5 milliards d’euros pour financer leurs mises en œuvre. Une part importante, 2 milliards d’euros supplémentaires, va être fléchée « afin de promouvoir la transformation des métiers et la revalorisation de ceux qui soignent ».

Ce 1er octobre, 200.000 personnes doivent voir leur salaire revalorisé de 15 %. Ces augmentations concernent les aides-soignants comme les médecins contractuels, les sages-femmes comme les intervenants de l’aide à domicile.

L’objectif étant de véritablement susciter des vocations dans des secteurs qui peinent plus que jamais à recruter. Ainsi dans le cadre de « l’amélioration de leur médicalisation et au déploiement de la présence du personnel soignant », Jean Castex a annoncé 10.000 recrutements d’ici 2025 dans les Ehpad, « en plus des remplacements des départs à la retraite. Cela représente plus d’une infirmière par établissement ». Ce qui se concrétiserait notamment en généralisant « d’ici 2023, la présence d’une infirmière d’astreinte de nuit. [...] Nous voulons aussi déployer des équipes d’hygiénistes dans les Ehpad », a-t-il notamment détaillé depuis la sous-préfecture d’Autun.  

Plus de liens

Autres annonces concernant les Ehpad : certains investissements vont aussi servir à « s’attaquer à leur vétusté », le déploiement des unités spécialisées Alzheimer est également en projet et les accueils temporaires devraient être facilités notamment pour les personnes sortant d’hospitalisation et avant leur retour à domicile.

En parallèle, l’ouverture des Ehpad sur leur environnement proche doit faire l’objet de mesures spécifiques. La crise sanitaire a fait ressortir l’isolement de ces établissements : il convient désormais « de structurer la coopération » avec les médecins et les hôpitaux de leur secteur.

Le plus possible chez soi

L’autre grand pilier abordé par le premier ministre fut celui de l’aide à domicile. « Tous les sondages le disent : les Français veulent rester chez eux le plus longtemps possible ». Mais les faits montrent également que plus de la moitié des structures d’accompagnement n’arrivent pas à répondre aux nouvelles demandes de prises en charge. De nombreux territoires « sont mal couverts avec des horaires insuffisants ». D’où l’importance d’orienter les budgets pour enfin attirer des professionnels et leur donner les moyens d’agir.

Le chantier est vaste et c’est donc depuis la Saône-et-Loire que Jean Castex est venu faire toutes ces annonces. Il a débuté sa journée par la visite au Creusot d’un service d’aide à domicile en milieu rural, il s’est rendu à Couches au domicile d’une personne âgée concernée par le maintien à domicile, et enfin à Autun, il a visité la Résidence Saint-Antoine.

 

Françoise Thomas

Bastien Migault, Autun Infos

Alain Bollery, Creusot Infos

Les solutions à proposer

« Si on va dans une institution, il faut y avoir de la place et y vivre dignement », résume le Premier ministre, constatant que les résidents d’Ehpad sont des personnes de plus en plus dépendantes. Ce qui pose la nécessaire adaptation des structures d’accueil, à l’image des travaux menés à la Maison Saint-Antoine, puisque qu’outre la rénovation des chambres, le chantier prévoit la réalisation d’un Pôle d'activités et de soins adaptés. Ce Pasa permet d’accueillir, dans la journée, les résidents de l’Ehpad ayant des troubles du comportement modérés, dans le but de leur proposer des activités sociales et thérapeutiques, individuelles ou collectives, afin de maintenir ou de réhabiliter leurs capacités fonctionnelles, leurs fonctions cognitives, sensorielles et leurs liens sociaux.

BM

La revalorisation concrètement

La visite de la résidence Saint-Antoine a été l’occasion pour le Premier ministre d’évoquer la difficulté à pouvoir les postes ouverts. Et d’interroger spécifiquement les infirmières sur ce qu’il faudrait faire pour attirer ce personnel. « Ce sont des métiers porteurs de sens. Il faut les valoriser dans la société et dans l’entreprise », lui a répondu Sabrina Ardelean, la directrice de la résidence, expliquant qu’à la Maison Saint-Antoine les infirmières avaient des responsabilités autres que les simples soins. Pour sa part, Olivier Veran a réaffirmé son souhait de voir la formation des soignants évoluer, notamment en promouvant l’alternance. « Je souhaite que les aides-soignantes qui veulent devenir infirmière puissent le faire sans s’arrêter deux ou trois ans pour le temps de la formation. Il faut qu’elles apprennent au contact de leurs collègues », assure le ministre de la Santé. Une proposition qui a reçu l’assentiment d’un membre du personnel soignant : « Je vous confirme que quand on est maman, c’est très difficile de vivre quand on est en formation avec 600 euros ».

Bastien MIGAULT