Berceau des races à viande du Massif central
Réveillez-vous !

Cédric Michelin
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À l’approche du Sommet de l’élevage, les éleveurs du Grand Massif central lancent un appel pour l’avenir de leur production. Le message est explicite : les éleveurs de races à viande du Grand Massif central ont besoin d’un soutien financier après la nouvelle sécheresse 2022 et veulent surtout voir enfin appliquer la loi ÉGAlim. « Deux priorités absolues pour conserver des éleveurs et des bovins sur nos territoires du Grand Massif central ! ».

Réveillez-vous !
On comptabilise 730.000 bovins en moins en quatre ans.

La France veut-elle d’un Massif central sans éleveurs, sans vaches, sans prairies ? C’est en tout cas ce qui transparaît dans l’attitude, passive, du gouvernement face aux crises que traversent les éleveurs de bovins de race à viande de ces territoires, estime le Berceau des races à viande du Massif central (Brav) dans un communiqué.
Au-delà des discours des gouvernements successifs, le constat est toujours le même et sans appel : les éleveurs subissent une explosion de leurs charges, aggravée par la sécheresse historique de cet été… mais ni le prix de leurs animaux censés être construits sur leur coût de production (EGA puis loi ÉGAlim puis ÉGAlim 2), ni la réponse publique face à ce nouvel aléa climatique sans précédent « ne sont au rendez-vous », déplore Christian Bajard, coordonnateur du Brav Massif central.
L’État a pourtant, entre ses mains, tous les outils nécessaires pour agir et répondre à cette situation d’urgence.
En ce qui concerne les prix de vente, d’abord – et leur indexation sur l’évolution des charges des éleveurs dans le cadre d’un contrat écrit : la loi ÉGAlim 2 a été votée pour répondre à cet enjeu spécifique. Alors, aujourd’hui, pourquoi ne pas la faire appliquer ? Pourquoi ne pas se donner les moyens de contrôler, de sanctionner ? C’est à l’État – et à personne d’autre – de jouer ce rôle de gendarme, réclame le Berceau des races à viande du Massif central, le plus grand cheptel allaitant de France.

Sécheresse historique et pourtant

En ce qui concerne la sécheresse qui sévit depuis le printemps, ensuite : comment justifier le manque de réactivité de l’État, alors que la baisse de la production couplée à l’achat de fourrages et d’alimentation pour les animaux se traduit déjà par une accélération brutale de la décapitalisation ? Décapitalisation dans un secteur qui, alors qu’il rend des services incontestables aux populations, aux territoires et à l’environnement, a déjà perdu 730.000 vaches depuis quatre ans !
Les pertes, pour les éleveurs, sont pourtant colossales ! Elles atteignent 75 % dans certaines zones du Grand Massif central. Il est donc urgent de reconnaître ces pertes, identifiées dans le cadre d’expertises de terrain. Tout comme il est indispensable de ne surtout pas reconnaître les méthodes indicielles qui ont très largement démontré leur incohérence avec la réalité des situations dramatiques vécues par les éleveurs.

À l’approche du Sommet de l’élevage, les éleveurs du Grand Massif central lancent donc cet appel au gouvernement comme à l’ensemble des représentants des pouvoirs publics : « Réveillez-vous ! »
« Demain, il sera sans doute trop tard. Et bien au-delà du seul secteur de l’élevage bovin, ce sont des territoires ruraux entiers qui subiront les effets de ce réveil trop tardif, donc douloureux », craignent tous les défenseurs de la ruralité.