Stoppons la décapitalisation silencieuse du cheptel français !

Tribune de Christiane Lambert, Président de la FNSEA et du COPA

Stoppons la décapitalisation silencieuse du cheptel français !

La situation dans laquelle se trouvent les productions animales, toutes filières confondues, est historique : entre la flambée des charges résultant des crises successives, Covid et guerre en Ukraine, et les effets de la sécheresse de l’été 2022, qui impacte les volumes produits et l’accès au fourrage à court terme, l’urgence est réelle. À ceci s’ajoute l’irresponsabilité de certains acteurs de la distribution qui rechignent à appliquer la loi EGAlim 2, qui prévoit une prise en compte des indicateurs de coûts de production agricoles pour déterminer le prix.

La décapitalisation du cheptel est bien réelle : chaque mois, les effectifs de bovins viande décroissent dorénavant de 3 % et ceux de bovins lait, de 1,5 %. Il faut agir d’urgence pour l’enrayer. Car il en va de l’avenir de nombreux éleveurs. Il en va aussi de la compétitivité de l’agriculture française, dans un contexte de reconquête de notre souveraineté alimentaire et de concurrences exacerbées qui l’affaiblissent. Il en va de notre capacité à fournir à nos concitoyens une alimentation de qualité, conformément aux objectifs des lois EGalim et « climat et résilience », qui impose dès 2024 de servir 60 % de viandes durables et de qualité en restauration collective.

Depuis des mois, la FNSEA et l’ensemble des Associations Spécialisées, végétales et animales, sont à pied d’œuvre pour parer à l’urgence. D’abord, en appelant l’État à agir au plus vite pour appuyer les trésoreries exsangues des éleveurs, notamment en déclenchant les processus d’indemnisations « calamités » face aux impacts de la sécheresse. Ensuite, en soutenant la rémunération des éleveurs avec l’application pleine et entière d’EGAlim 1 et 2. Tous nos efforts convergent dans le sens de la contractualisation, pour donner de la visibilité aux producteurs. Cette visibilité, nous la souhaitons aussi pour l’alimentation animale : c’est pourquoi un travail sur la contractualisation monde végétal/monde animal a été engagé par la FNSEA et ses AS.

Mais il faut aller au-delà, et nous travaillons ensemble activement à la mise en place de solutions plus structurelles. Nous avons fait un premier pas décisif pour la résilience des exploitations avec la réforme de l’assurance risques climatiques qui sera opérationnelle au 1er janvier 2023.

Face aux actes scandaleux de destruction de bassines, qui entravent nos capacités à produire, il faut accélérer sur la question du stockage de l’eau. En France comme en Europe, nous combattons sans relâche toutes les décisions visant, comme c’est le cas avec la Directive IED, à contraindre l’élevage et à affaiblir son rôle pourtant majeur dans la lutte contre le changement climatique, pour la séquestration du carbone et le maintien de la biodiversité. La défense de notre élevage passe également par la protection des dénominations de produits d’origine animale. Nous plaidons donc pour une application immédiate des dispositions votées par le législateur.

Affirmons haut et fort que la souveraineté alimentaire, la transition écologique et énergétique ne se feront pas sans un élevage français dynamique et attractif dans le cadre du renouvellement des générations agricoles. Stoppons maintenant la décapitalisation silencieuse du cheptel français !

Christiane Lambert, Président de la FNSEA et du COPA