Des espèces invasives et problématiques
Quelles soient végétales ou animales, il se dénombre de plus en plus d’espèces invasives dans le département. Et elles prolifèrent d’autant plus qu’elles n’ont souvent aucun prédateur. Sans pour autant s’avouer vaincu d’avance, la propagation de certaines d’entre elles est malgré tout tellement développée que l’on n’envisage même plus leur éradication. Pourtant leur présence n’est pas sans conséquences.

Espèces exotiques végétales ou animales à l’apparition plus ou moins récente dans le département, elles sont de plus en plus nombreuses et commencent à poser problèmes. Malheureusement, les moyens de lutte ne sont pas nombreux et/ou ne font l’objet d’aucun plan tant au niveau national que départemental. Faisons le point sur ces indésirées.
Espèces animales
Rats des rivières
Introduits en Europe au siècle dernier pour leur fourrure, ragondins et rats musqués sont depuis bien longtemps sortis de leurs élevages pour prospérer en toute liberté le long de nos berges. La Saône-et-Loire n’échappe pas à leur frénésie reproductive et aujourd’hui il se constate de plus en plus de dégâts sur les cultures et une mise en péril des bords de rivière. Ces deux espèces sont désignées comme RAE, rongeur aquatique envahissant.
Le ragondin, originaire d’Amérique du sud, possède là-bas ses seuls prédateurs naturels, à savoir le puma et le caïman… animaux (heureusement !) toujours aux abonnés absents dans nos contrées ! Le ragondin en a donc profité pour devenir le champion de la colonisation : on estime qu’un couple engendre près de 90 descendants en deux ans. « La population présente sur le territoire de la Saône-et-Loire est trop importante, avance Guy Beauchamp de l’association Cultivons nos campagnes. Ainsi chaque année, nous prélevons plus de 10.000 ragondins. Entre février et mars, les renards en prélèvent sans doute autant. Il doit rester 30 % de la population. Mais il faut ça, pour ne pas être totalement envahi ». Car la présence de l’indésirable n’est pas sans conséquences. Outre les dégâts sur les cultures de maïs, il est aussi vecteur de la leptospirose. Cette bactérie peut être à l’origine de problème d’infertilité et d’avortement dans les troupeaux de bovins « Les ragondins sont herbivores, les bovins sont donc facilement en contact avec de l’herbe souillée », précise Guy Beauchamp.
Impact leptospirose
Pour autant, aucune donnée chiffrée ne peut être fournie car aucune étude n’est menée pour faire le lien de cause à effet entre les avortements et la bactérie transmise par le ragondin. « Nous savons que le ragondin est une source de contamination, précise Françoise Roulleau, directrice du GDS 71. Mais, d’une part, les agriculteurs signalent rarement les avortements de leur bête et d’autre part, le ragondin n’est pas le seul vecteur de cette maladie ». Par exemple, l’épidémie de leptospirose qui avait touché plusieurs élevages du département il y a quelques années n’avait pas pour sérotype celui véhiculé par le ragondin. Il est donc légitimement suspect dans des cas d’infertilité et d’avortement touchant des troupeaux pâturant dans des prairies où il est présent, mais on ne connaît pas l’ampleur de son implication.
« Pour avoir l’information, note encore Guy Beauchamp, il faudrait faire des analyses à chaque fois. Mais ces analyses sont à la demande et à la charge des éleveurs, ils le font donc rarement ».
Moyen de lutte
« En plus du piégeage, le ragondin fait l’objet d’une autorisation de destruction à tir toute l’année, indique Vincent Augagneur, le directeur de la fédération de chasse de Saône-et-Loire. Un système de rémunération par prise a été mis en place ». De l’ordre d’un peu plus de 2 € par animal prélevé, cette indemnisation rembourse une partie du matériel investi et des frais de transport des chasseurs et piégeurs agréés. Mais le système est actuellement en réflexion et un principe global devrait sortir cette année. « La suppression de l’aide entraine automatiquement une baisse des prises. Or depuis plus de 10 ans, elles n’ont cessé d’augmenter : de 6.000 en 2005-2006, nous en avons eu plus de 14.000 en 2016-2017 ». Au niveau agricole, des dégâts sur les cultures de maïs sont constatés, mais puisqu’ils ne sont pas indemnisés, ils ne sont pas quantifiés. « L’un des gros problèmes avec le ragondin est la destruction des berges », note Vincent Augagneur.
À côté du ragondin, le rat musqué fait un peu pâle figure avec son poids de 1 kg (contre 7 kg environ pour le ragondin), mais les dégâts sur les berges et les cultures et les risques sanitaires sont du même ordre. La population est seulement beaucoup moins importante que celle du ragondin : « En 2017-2018, 364 rats musqués ont été pris », apprend-on auprès de la fédération de chasse.
Séduisants mais à surveiller
Encore anecdotiques, mais à surveiller car ailleurs, leur présence s’est révélée problématique, des espèces comme le raton laveur, la bernache du Canada ou l’ouette d’Égypte. « Il y a encore peu de ratons laveurs dans le département, explique Aurélien Lacondemine, chef de service à l’ONCFS, mais il a dix ans, il n’y en avait pas du tout. Puisqu’il est omnivore et opportuniste, il est capable de faire des dégâts sur tout, notamment sur des élevages avicoles ou cunicoles ».
Quant à l’ouette d’Égypte, bel oiseau multicolore et la bernache du Canada, toutes deux de la famille des oies, « le problème est que lorsqu’elles investissent un plan d’eau, elles se montrent très agressives envers toutes les autres espèces, empêchant leur reproduction », commente Aurélien Lacondemine. « Pour l’instant, les populations ne sont pas assez fortes pour occasionner des dégâts sur les cultures, intervient Édouard Buisson, de la fédération de chasse. Mais nous avons été très réactifs dès les premières présences signalées il y a quelques années ». Ainsi, pour ces deux espèces, des arrêtés de destruction en période de chasse ont été pris : « le principe est de prélever des individus avant que leur présence devienne problématique ».
Côté aquatique
Les cousines d’Amérique
Ce qui se passe sous la surface apparemment lisse de nos rivières est également source d’inquiétude. Les cours d’eau de Saône-et-Loire sont devenus le terrain de chasse et de vie privilégié de plusieurs espèces d’écrevisses. Si l’espèce autochtone est l’écrevisse à pied blanc, celles considérées comme envahissantes sont les écrevisses signal (ou de Californie), de Louisiane et américaine. Le problème est que ces trois espèces exotiques peuvent être porteuses (saines) de la peste des écrevisses, maladie mortelle pour l’espèce autochtone. Les populations de ces dernières « sont en assez nette régression ces dernières années, constate Rémy Chassignol, responsable technique à la fédération de pêche de Saône-et-Loire. C’est une population très sensible à la modification de son milieu. Les populations exotiques se sont elles très bien adaptées ». Espérer les éradiquer est illusoire, « l’immensité du réseau est telle qu’il est difficile de lancer un programme de régulation ». Ces écrevisses trouvent malgré tout des prédateurs parmi les poissons et les oiseaux. Et l’homme aussi puisque leur pêche est possible tout le temps dans les rivières où la pratique est autorisée toute l’année.
Côté végétal
Championne des allergies
« Depuis plus de 10 ans, l’ambroisie est problématique en Saône-et-Loire et fait l’objet d’un arrêté préfectoral, explique Marine Haas la responsable du pôle environnement de la Fredon et la référente ambroisie pour la région. Le front de colonisation a désormais atteint la Côte d’Or, la Nièvre et l’Yonne. » La lutte engagée au niveau départemental concerne donc son fauchage et la jugulation de sa prolifération en surveillant de près les terrains nus ou en friche.
Le planning pour le fauchage est limité aux environs des quinze premiers jours d’août, période à laquelle l’élimination est la plus efficace. « Nous avons également désigné des référents communaux et nous organisons chaque année une journée de sensibilisation à direction notamment des agriculteurs. » Le repérage et le signalement ou l’arrachage sont l’affaire de tous.
Colonisatrices des berges
Autre plante particulièrement envahissante : la renouée du Japon. « Elle ne pose pas de problème sanitaire, explique Marine Haas, en revanche, cette ennemie de taille, très présente, n’est pas sans conséquence sur la biodiversité et sur la tenue des berges ». Mais cette plante au système racinaire très développé est peu sensible au fauchage. Pour l’instant, seuls quelques programmes de lutte en local sont lancés et passent notamment par le bâchage des surfaces concernées. « La présence de la renouée a un impact sur l’accès aux berges pour les pêcheurs, rappelle Rémy Chassignol, responsable technique à la fédération de pêche. Pas facile de pratiquer avec cinq ou six mètres de renouée ou de jussie à franchir. »
La jussie, justement, a par ailleurs des conséquences sur la population de poissons : « elle envahit surtout les bras morts des rivières, constate Aurélien Lacondemine de l’ONCFS, ce qui sélectionne les espèces de poissons ». « Sa présence perturbe les espèces comme le brochet, mais devient un habitat protecteur pour certains autres poissons ou des juvéniles… c’est son seul avantage ! », constate Rémy Chassignol de la fédération de pêche de Saône-et-Loire.
Non valorisable
Un plan de lutte est malgré tout lancé au niveau départemental par l’EPTB, l’Établissement public territorial de bassin Saône Doubs. « Nous avons été très réactif dès son apparition dans le val de Saône en 201 3 en procédant rapidement aux premiers arrachages », note Nicolas Terrel, le chef du pôle milieux naturels et piscicoles à l’EPTB. Et il fallait cela : cinq plus tard, l’organisme constate une véritable explosion de la plante. Il faut dire qu’une simple bouture suffit à contaminer rapidement un plan d’eau : la jussie a la capacité de doubler sa biomasse en seulement 15 jours ! Reste que ces opérations d’arrachage ou de curetage doivent être réalisées très consciencieusement : pose de barrage filtrant lorsqu’il y a de l’eau courante et gestion des déchets (pour l’instant non valorisables) par enfouissement pour éviter tout nouveau risque de contamination. « Ces opérations sont faites sur la base du volontariat ou financées par des organismes. Sur l’ensemble du territoire français, on ne compte que très peu de sociétés spécialisées dans la lutte contre la jussie », précise Nicolas Terrel. Les conséquences de sa présence se constatent rapidement : invasion complète de la surface du plan d’eau, mort de la faune et de la flore autochtones, assèchement complet de la zone. Il explique par ailleurs que la belle jussie devient plante terrestre une fois la zone humide conquise, alors qu’elle n’est pas consommée par les animaux. « La situation est très inquiétante car cette plante contribue à la destruction des zones humides. Mais ce n’est pas encore une fatalité ! », conclut le représentant de l’EPTB.
Côté insecte
Limiter le frelon asiatique
Dès les premiers redoux, annonçant le retour du printemps, ce sera aussi le signal pour la reine frelon asiatique de sortir de son lieu d’hibernation. Elle fera son premier nid pour pondre ses premiers œufs. Le rythme va ensuite aller en s’accélérant. « Le printemps est donc la période idéale pour le piégeage sélectif, explique Valentin Laroche de la Fredon Bourgogne, cela permet de tenter de juguler dès le départ la prolifération de cette espèce en visant les reines ». Le piégeage consiste surtout en la pose de bouteilles plastiques contenant un mélange de sucre, de cassis et de bière, mais « courant 2019 devrait sortir un piège sélectif développé par un apiculteur breton ». La lutte s'organise pour épargner au maximum les ruches et le travail des abeilles mellifères.
Des espèces invasives et problématiques

Espèces exotiques végétales ou animales à l’apparition plus ou moins récente dans le département, elles sont de plus en plus nombreuses et commencent à poser problèmes. Malheureusement, les moyens de lutte ne sont pas nombreux et/ou ne font l’objet d’aucun plan tant au niveau national que départemental. Faisons le point sur ces indésirées.
Espèces animales
Rats des rivières
Introduits en Europe au siècle dernier pour leur fourrure, ragondins et rats musqués sont depuis bien longtemps sortis de leurs élevages pour prospérer en toute liberté le long de nos berges. La Saône-et-Loire n’échappe pas à leur frénésie reproductive et aujourd’hui il se constate de plus en plus de dégâts sur les cultures et une mise en péril des bords de rivière. Ces deux espèces sont désignées comme RAE, rongeur aquatique envahissant.
Le ragondin, originaire d’Amérique du sud, possède là-bas ses seuls prédateurs naturels, à savoir le puma et le caïman… animaux (heureusement !) toujours aux abonnés absents dans nos contrées ! Le ragondin en a donc profité pour devenir le champion de la colonisation : on estime qu’un couple engendre près de 90 descendants en deux ans. « La population présente sur le territoire de la Saône-et-Loire est trop importante, avance Guy Beauchamp de l’association Cultivons nos campagnes. Ainsi chaque année, nous prélevons plus de 10.000 ragondins. Entre février et mars, les renards en prélèvent sans doute autant. Il doit rester 30 % de la population. Mais il faut ça, pour ne pas être totalement envahi ». Car la présence de l’indésirable n’est pas sans conséquences. Outre les dégâts sur les cultures de maïs, il est aussi vecteur de la leptospirose. Cette bactérie peut être à l’origine de problème d’infertilité et d’avortement dans les troupeaux de bovins « Les ragondins sont herbivores, les bovins sont donc facilement en contact avec de l’herbe souillée », précise Guy Beauchamp.
Impact leptospirose
Pour autant, aucune donnée chiffrée ne peut être fournie car aucune étude n’est menée pour faire le lien de cause à effet entre les avortements et la bactérie transmise par le ragondin. « Nous savons que le ragondin est une source de contamination, précise Françoise Roulleau, directrice du GDS 71. Mais, d’une part, les agriculteurs signalent rarement les avortements de leur bête et d’autre part, le ragondin n’est pas le seul vecteur de cette maladie ». Par exemple, l’épidémie de leptospirose qui avait touché plusieurs élevages du département il y a quelques années n’avait pas pour sérotype celui véhiculé par le ragondin. Il est donc légitimement suspect dans des cas d’infertilité et d’avortement touchant des troupeaux pâturant dans des prairies où il est présent, mais on ne connaît pas l’ampleur de son implication.
« Pour avoir l’information, note encore Guy Beauchamp, il faudrait faire des analyses à chaque fois. Mais ces analyses sont à la demande et à la charge des éleveurs, ils le font donc rarement ».
Moyen de lutte
« En plus du piégeage, le ragondin fait l’objet d’une autorisation de destruction à tir toute l’année, indique Vincent Augagneur, le directeur de la fédération de chasse de Saône-et-Loire. Un système de rémunération par prise a été mis en place ». De l’ordre d’un peu plus de 2 € par animal prélevé, cette indemnisation rembourse une partie du matériel investi et des frais de transport des chasseurs et piégeurs agréés. Mais le système est actuellement en réflexion et un principe global devrait sortir cette année. « La suppression de l’aide entraine automatiquement une baisse des prises. Or depuis plus de 10 ans, elles n’ont cessé d’augmenter : de 6.000 en 2005-2006, nous en avons eu plus de 14.000 en 2016-2017 ». Au niveau agricole, des dégâts sur les cultures de maïs sont constatés, mais puisqu’ils ne sont pas indemnisés, ils ne sont pas quantifiés. « L’un des gros problèmes avec le ragondin est la destruction des berges », note Vincent Augagneur.
À côté du ragondin, le rat musqué fait un peu pâle figure avec son poids de 1 kg (contre 7 kg environ pour le ragondin), mais les dégâts sur les berges et les cultures et les risques sanitaires sont du même ordre. La population est seulement beaucoup moins importante que celle du ragondin : « En 2017-2018, 364 rats musqués ont été pris », apprend-on auprès de la fédération de chasse.
Séduisants mais à surveiller
Encore anecdotiques, mais à surveiller car ailleurs, leur présence s’est révélée problématique, des espèces comme le raton laveur, la bernache du Canada ou l’ouette d’Égypte. « Il y a encore peu de ratons laveurs dans le département, explique Aurélien Lacondemine, chef de service à l’ONCFS, mais il a dix ans, il n’y en avait pas du tout. Puisqu’il est omnivore et opportuniste, il est capable de faire des dégâts sur tout, notamment sur des élevages avicoles ou cunicoles ».
Quant à l’ouette d’Égypte, bel oiseau multicolore et la bernache du Canada, toutes deux de la famille des oies, « le problème est que lorsqu’elles investissent un plan d’eau, elles se montrent très agressives envers toutes les autres espèces, empêchant leur reproduction », commente Aurélien Lacondemine. « Pour l’instant, les populations ne sont pas assez fortes pour occasionner des dégâts sur les cultures, intervient Édouard Buisson, de la fédération de chasse. Mais nous avons été très réactifs dès les premières présences signalées il y a quelques années ». Ainsi, pour ces deux espèces, des arrêtés de destruction en période de chasse ont été pris : « le principe est de prélever des individus avant que leur présence devienne problématique ».
Côté aquatique
Les cousines d’Amérique
Ce qui se passe sous la surface apparemment lisse de nos rivières est également source d’inquiétude. Les cours d’eau de Saône-et-Loire sont devenus le terrain de chasse et de vie privilégié de plusieurs espèces d’écrevisses. Si l’espèce autochtone est l’écrevisse à pied blanc, celles considérées comme envahissantes sont les écrevisses signal (ou de Californie), de Louisiane et américaine. Le problème est que ces trois espèces exotiques peuvent être porteuses (saines) de la peste des écrevisses, maladie mortelle pour l’espèce autochtone. Les populations de ces dernières « sont en assez nette régression ces dernières années, constate Rémy Chassignol, responsable technique à la fédération de pêche de Saône-et-Loire. C’est une population très sensible à la modification de son milieu. Les populations exotiques se sont elles très bien adaptées ». Espérer les éradiquer est illusoire, « l’immensité du réseau est telle qu’il est difficile de lancer un programme de régulation ». Ces écrevisses trouvent malgré tout des prédateurs parmi les poissons et les oiseaux. Et l’homme aussi puisque leur pêche est possible tout le temps dans les rivières où la pratique est autorisée toute l’année.
Côté végétal
Championne des allergies
« Depuis plus de 10 ans, l’ambroisie est problématique en Saône-et-Loire et fait l’objet d’un arrêté préfectoral, explique Marine Haas la responsable du pôle environnement de la Fredon et la référente ambroisie pour la région. Le front de colonisation a désormais atteint la Côte d’Or, la Nièvre et l’Yonne. » La lutte engagée au niveau départemental concerne donc son fauchage et la jugulation de sa prolifération en surveillant de près les terrains nus ou en friche.
Le planning pour le fauchage est limité aux environs des quinze premiers jours d’août, période à laquelle l’élimination est la plus efficace. « Nous avons également désigné des référents communaux et nous organisons chaque année une journée de sensibilisation à direction notamment des agriculteurs. » Le repérage et le signalement ou l’arrachage sont l’affaire de tous.
Colonisatrices des berges
Autre plante particulièrement envahissante : la renouée du Japon. « Elle ne pose pas de problème sanitaire, explique Marine Haas, en revanche, cette ennemie de taille, très présente, n’est pas sans conséquence sur la biodiversité et sur la tenue des berges ». Mais cette plante au système racinaire très développé est peu sensible au fauchage. Pour l’instant, seuls quelques programmes de lutte en local sont lancés et passent notamment par le bâchage des surfaces concernées. « La présence de la renouée a un impact sur l’accès aux berges pour les pêcheurs, rappelle Rémy Chassignol, responsable technique à la fédération de pêche. Pas facile de pratiquer avec cinq ou six mètres de renouée ou de jussie à franchir. »
La jussie, justement, a par ailleurs des conséquences sur la population de poissons : « elle envahit surtout les bras morts des rivières, constate Aurélien Lacondemine de l’ONCFS, ce qui sélectionne les espèces de poissons ». « Sa présence perturbe les espèces comme le brochet, mais devient un habitat protecteur pour certains autres poissons ou des juvéniles… c’est son seul avantage ! », constate Rémy Chassignol de la fédération de pêche de Saône-et-Loire.
Non valorisable
Un plan de lutte est malgré tout lancé au niveau départemental par l’EPTB, l’Établissement public territorial de bassin Saône Doubs. « Nous avons été très réactif dès son apparition dans le val de Saône en 201 3 en procédant rapidement aux premiers arrachages », note Nicolas Terrel, le chef du pôle milieux naturels et piscicoles à l’EPTB. Et il fallait cela : cinq plus tard, l’organisme constate une véritable explosion de la plante. Il faut dire qu’une simple bouture suffit à contaminer rapidement un plan d’eau : la jussie a la capacité de doubler sa biomasse en seulement 15 jours ! Reste que ces opérations d’arrachage ou de curetage doivent être réalisées très consciencieusement : pose de barrage filtrant lorsqu’il y a de l’eau courante et gestion des déchets (pour l’instant non valorisables) par enfouissement pour éviter tout nouveau risque de contamination. « Ces opérations sont faites sur la base du volontariat ou financées par des organismes. Sur l’ensemble du territoire français, on ne compte que très peu de sociétés spécialisées dans la lutte contre la jussie », précise Nicolas Terrel. Les conséquences de sa présence se constatent rapidement : invasion complète de la surface du plan d’eau, mort de la faune et de la flore autochtones, assèchement complet de la zone. Il explique par ailleurs que la belle jussie devient plante terrestre une fois la zone humide conquise, alors qu’elle n’est pas consommée par les animaux. « La situation est très inquiétante car cette plante contribue à la destruction des zones humides. Mais ce n’est pas encore une fatalité ! », conclut le représentant de l’EPTB.
Côté insecte
Limiter le frelon asiatique
Dès les premiers redoux, annonçant le retour du printemps, ce sera aussi le signal pour la reine frelon asiatique de sortir de son lieu d’hibernation. Elle fera son premier nid pour pondre ses premiers œufs. Le rythme va ensuite aller en s’accélérant. « Le printemps est donc la période idéale pour le piégeage sélectif, explique Valentin Laroche de la Fredon Bourgogne, cela permet de tenter de juguler dès le départ la prolifération de cette espèce en visant les reines ». Le piégeage consiste surtout en la pose de bouteilles plastiques contenant un mélange de sucre, de cassis et de bière, mais « courant 2019 devrait sortir un piège sélectif développé par un apiculteur breton ». La lutte s'organise pour épargner au maximum les ruches et le travail des abeilles mellifères.
Des espèces invasives et problématiques

Espèces exotiques végétales ou animales à l’apparition plus ou moins récente dans le département, elles sont de plus en plus nombreuses et commencent à poser problèmes. Malheureusement, les moyens de lutte ne sont pas nombreux et/ou ne font l’objet d’aucun plan tant au niveau national que départemental. Faisons le point sur ces indésirées.
Espèces animales
Rats des rivières
Introduits en Europe au siècle dernier pour leur fourrure, ragondins et rats musqués sont depuis bien longtemps sortis de leurs élevages pour prospérer en toute liberté le long de nos berges. La Saône-et-Loire n’échappe pas à leur frénésie reproductive et aujourd’hui il se constate de plus en plus de dégâts sur les cultures et une mise en péril des bords de rivière. Ces deux espèces sont désignées comme RAE, rongeur aquatique envahissant.
Le ragondin, originaire d’Amérique du sud, possède là-bas ses seuls prédateurs naturels, à savoir le puma et le caïman… animaux (heureusement !) toujours aux abonnés absents dans nos contrées ! Le ragondin en a donc profité pour devenir le champion de la colonisation : on estime qu’un couple engendre près de 90 descendants en deux ans. « La population présente sur le territoire de la Saône-et-Loire est trop importante, avance Guy Beauchamp de l’association Cultivons nos campagnes. Ainsi chaque année, nous prélevons plus de 10.000 ragondins. Entre février et mars, les renards en prélèvent sans doute autant. Il doit rester 30 % de la population. Mais il faut ça, pour ne pas être totalement envahi ». Car la présence de l’indésirable n’est pas sans conséquences. Outre les dégâts sur les cultures de maïs, il est aussi vecteur de la leptospirose. Cette bactérie peut être à l’origine de problème d’infertilité et d’avortement dans les troupeaux de bovins « Les ragondins sont herbivores, les bovins sont donc facilement en contact avec de l’herbe souillée », précise Guy Beauchamp.
Impact leptospirose
Pour autant, aucune donnée chiffrée ne peut être fournie car aucune étude n’est menée pour faire le lien de cause à effet entre les avortements et la bactérie transmise par le ragondin. « Nous savons que le ragondin est une source de contamination, précise Françoise Roulleau, directrice du GDS 71. Mais, d’une part, les agriculteurs signalent rarement les avortements de leur bête et d’autre part, le ragondin n’est pas le seul vecteur de cette maladie ». Par exemple, l’épidémie de leptospirose qui avait touché plusieurs élevages du département il y a quelques années n’avait pas pour sérotype celui véhiculé par le ragondin. Il est donc légitimement suspect dans des cas d’infertilité et d’avortement touchant des troupeaux pâturant dans des prairies où il est présent, mais on ne connaît pas l’ampleur de son implication.
« Pour avoir l’information, note encore Guy Beauchamp, il faudrait faire des analyses à chaque fois. Mais ces analyses sont à la demande et à la charge des éleveurs, ils le font donc rarement ».
Moyen de lutte
« En plus du piégeage, le ragondin fait l’objet d’une autorisation de destruction à tir toute l’année, indique Vincent Augagneur, le directeur de la fédération de chasse de Saône-et-Loire. Un système de rémunération par prise a été mis en place ». De l’ordre d’un peu plus de 2 € par animal prélevé, cette indemnisation rembourse une partie du matériel investi et des frais de transport des chasseurs et piégeurs agréés. Mais le système est actuellement en réflexion et un principe global devrait sortir cette année. « La suppression de l’aide entraine automatiquement une baisse des prises. Or depuis plus de 10 ans, elles n’ont cessé d’augmenter : de 6.000 en 2005-2006, nous en avons eu plus de 14.000 en 2016-2017 ». Au niveau agricole, des dégâts sur les cultures de maïs sont constatés, mais puisqu’ils ne sont pas indemnisés, ils ne sont pas quantifiés. « L’un des gros problèmes avec le ragondin est la destruction des berges », note Vincent Augagneur.
À côté du ragondin, le rat musqué fait un peu pâle figure avec son poids de 1 kg (contre 7 kg environ pour le ragondin), mais les dégâts sur les berges et les cultures et les risques sanitaires sont du même ordre. La population est seulement beaucoup moins importante que celle du ragondin : « En 2017-2018, 364 rats musqués ont été pris », apprend-on auprès de la fédération de chasse.
Séduisants mais à surveiller
Encore anecdotiques, mais à surveiller car ailleurs, leur présence s’est révélée problématique, des espèces comme le raton laveur, la bernache du Canada ou l’ouette d’Égypte. « Il y a encore peu de ratons laveurs dans le département, explique Aurélien Lacondemine, chef de service à l’ONCFS, mais il a dix ans, il n’y en avait pas du tout. Puisqu’il est omnivore et opportuniste, il est capable de faire des dégâts sur tout, notamment sur des élevages avicoles ou cunicoles ».
Quant à l’ouette d’Égypte, bel oiseau multicolore et la bernache du Canada, toutes deux de la famille des oies, « le problème est que lorsqu’elles investissent un plan d’eau, elles se montrent très agressives envers toutes les autres espèces, empêchant leur reproduction », commente Aurélien Lacondemine. « Pour l’instant, les populations ne sont pas assez fortes pour occasionner des dégâts sur les cultures, intervient Édouard Buisson, de la fédération de chasse. Mais nous avons été très réactifs dès les premières présences signalées il y a quelques années ». Ainsi, pour ces deux espèces, des arrêtés de destruction en période de chasse ont été pris : « le principe est de prélever des individus avant que leur présence devienne problématique ».
Côté aquatique
Les cousines d’Amérique
Ce qui se passe sous la surface apparemment lisse de nos rivières est également source d’inquiétude. Les cours d’eau de Saône-et-Loire sont devenus le terrain de chasse et de vie privilégié de plusieurs espèces d’écrevisses. Si l’espèce autochtone est l’écrevisse à pied blanc, celles considérées comme envahissantes sont les écrevisses signal (ou de Californie), de Louisiane et américaine. Le problème est que ces trois espèces exotiques peuvent être porteuses (saines) de la peste des écrevisses, maladie mortelle pour l’espèce autochtone. Les populations de ces dernières « sont en assez nette régression ces dernières années, constate Rémy Chassignol, responsable technique à la fédération de pêche de Saône-et-Loire. C’est une population très sensible à la modification de son milieu. Les populations exotiques se sont elles très bien adaptées ». Espérer les éradiquer est illusoire, « l’immensité du réseau est telle qu’il est difficile de lancer un programme de régulation ». Ces écrevisses trouvent malgré tout des prédateurs parmi les poissons et les oiseaux. Et l’homme aussi puisque leur pêche est possible tout le temps dans les rivières où la pratique est autorisée toute l’année.
Côté végétal
Championne des allergies
« Depuis plus de 10 ans, l’ambroisie est problématique en Saône-et-Loire et fait l’objet d’un arrêté préfectoral, explique Marine Haas la responsable du pôle environnement de la Fredon et la référente ambroisie pour la région. Le front de colonisation a désormais atteint la Côte d’Or, la Nièvre et l’Yonne. » La lutte engagée au niveau départemental concerne donc son fauchage et la jugulation de sa prolifération en surveillant de près les terrains nus ou en friche.
Le planning pour le fauchage est limité aux environs des quinze premiers jours d’août, période à laquelle l’élimination est la plus efficace. « Nous avons également désigné des référents communaux et nous organisons chaque année une journée de sensibilisation à direction notamment des agriculteurs. » Le repérage et le signalement ou l’arrachage sont l’affaire de tous.
Colonisatrices des berges
Autre plante particulièrement envahissante : la renouée du Japon. « Elle ne pose pas de problème sanitaire, explique Marine Haas, en revanche, cette ennemie de taille, très présente, n’est pas sans conséquence sur la biodiversité et sur la tenue des berges ». Mais cette plante au système racinaire très développé est peu sensible au fauchage. Pour l’instant, seuls quelques programmes de lutte en local sont lancés et passent notamment par le bâchage des surfaces concernées. « La présence de la renouée a un impact sur l’accès aux berges pour les pêcheurs, rappelle Rémy Chassignol, responsable technique à la fédération de pêche. Pas facile de pratiquer avec cinq ou six mètres de renouée ou de jussie à franchir. »
La jussie, justement, a par ailleurs des conséquences sur la population de poissons : « elle envahit surtout les bras morts des rivières, constate Aurélien Lacondemine de l’ONCFS, ce qui sélectionne les espèces de poissons ». « Sa présence perturbe les espèces comme le brochet, mais devient un habitat protecteur pour certains autres poissons ou des juvéniles… c’est son seul avantage ! », constate Rémy Chassignol de la fédération de pêche de Saône-et-Loire.
Non valorisable
Un plan de lutte est malgré tout lancé au niveau départemental par l’EPTB, l’Établissement public territorial de bassin Saône Doubs. « Nous avons été très réactif dès son apparition dans le val de Saône en 201 3 en procédant rapidement aux premiers arrachages », note Nicolas Terrel, le chef du pôle milieux naturels et piscicoles à l’EPTB. Et il fallait cela : cinq plus tard, l’organisme constate une véritable explosion de la plante. Il faut dire qu’une simple bouture suffit à contaminer rapidement un plan d’eau : la jussie a la capacité de doubler sa biomasse en seulement 15 jours ! Reste que ces opérations d’arrachage ou de curetage doivent être réalisées très consciencieusement : pose de barrage filtrant lorsqu’il y a de l’eau courante et gestion des déchets (pour l’instant non valorisables) par enfouissement pour éviter tout nouveau risque de contamination. « Ces opérations sont faites sur la base du volontariat ou financées par des organismes. Sur l’ensemble du territoire français, on ne compte que très peu de sociétés spécialisées dans la lutte contre la jussie », précise Nicolas Terrel. Les conséquences de sa présence se constatent rapidement : invasion complète de la surface du plan d’eau, mort de la faune et de la flore autochtones, assèchement complet de la zone. Il explique par ailleurs que la belle jussie devient plante terrestre une fois la zone humide conquise, alors qu’elle n’est pas consommée par les animaux. « La situation est très inquiétante car cette plante contribue à la destruction des zones humides. Mais ce n’est pas encore une fatalité ! », conclut le représentant de l’EPTB.
Côté insecte
Limiter le frelon asiatique
Dès les premiers redoux, annonçant le retour du printemps, ce sera aussi le signal pour la reine frelon asiatique de sortir de son lieu d’hibernation. Elle fera son premier nid pour pondre ses premiers œufs. Le rythme va ensuite aller en s’accélérant. « Le printemps est donc la période idéale pour le piégeage sélectif, explique Valentin Laroche de la Fredon Bourgogne, cela permet de tenter de juguler dès le départ la prolifération de cette espèce en visant les reines ». Le piégeage consiste surtout en la pose de bouteilles plastiques contenant un mélange de sucre, de cassis et de bière, mais « courant 2019 devrait sortir un piège sélectif développé par un apiculteur breton ». La lutte s'organise pour épargner au maximum les ruches et le travail des abeilles mellifères.