Vendanges 2019 : où sont les grappes ?
Il n’y aura pas de bis repetita. En tout cas pas sur le millésime 2019. Après une année 2018 exceptionnelle en quantité et qualité, les vendanges afficheront cette année des volumes en-dessous d’une année normale. Parfois même très largement en-dessous. La faute a une succession de calamités qui n’ont globalement épargné que peu de secteurs. Seul point rassurant, la qualité devrait être au rendez-vous.

Cette année, les rendements devraient être largement en dessous d’une récolte classique : « cela reste bien évidemment difficile à estimer précisément, mais depuis longtemps nous prévoyions une petite récolte et cela se confirme, détaille Michel Barraud, le président des Vignerons des terres secrètes. Si les rouges s’en sortent mieux, nous nous attendons quasiment à une demi récolte sur les chardonnay ». Habituellement, il faut compter « 10-12 raisins par pied, cette année, on en est loin ! », déplore en effet Jérôme Chevalier, président de l'Union des producteurs de vins mâcon (UPVM).
Une année compliquée
Une tendance largement constatée dans le reste des appellations de Saône-et-Loire : « les plus pessimistes parlent d’une demi récolte, confirme Marc Sangoy président cave de Lugny, les plus optimistes d’un deux tiers de récolte… », même si « certaines parcelles sont jolies et chargées normalement », tempère Laurent Cottenceau, le président de l’ODG montagny.
Pierre du Couëdic confirme cette grande hétérogénéité entre les secteurs : « la situation n’est pas du tout la même entre la zone sud Chalonnais-Mâconnais-Beaujolais, et le nord du département jusqu’à l’Yonne ». Les intempéries et les fortes variations de température ont véritablement « impacté les capacités de rendements » des zones sud. Le rendement moyen sur les dix dernières années (hors 2018 année trop exceptionnelle) « se situe à environ 66 hl/ha. Nous serons cette année nettement en-dessous », explique ainsi le directeur de l’union des producteurs-élaborateurs des crémants de Bourgogne (UPECB).
Ainsi même dans le Couchois, pourtant épargné par le gel « ce sera une petite récolte, précise Guillaume Willette du syndicat des bourgognes, due à une floraison qui s’est mal passée ».
Déficit de production évident
En cause, « plusieurs calamités », comme l’a souligné Christine Monamy la responsable de la coordination technique du BIVB. À commencer par le gel de printemps qui s’est révélé d’une ampleur importante en touchant même des parcelles normalement épargnées et à la suite duquel les bourgeons secondaires se sont révélés peu fructifères. Ensuite, le coup de froid au moment de la floraison a entrainé beaucoup de millerandage, beaucoup de coulures de fleurs ont aussi été constatées. Pour finir, les fortes chaleurs ont provoqué échaudage et grillure. « Cet ensemble de facteurs a fortement impacté le potentiel de récoltes, sur certains secteurs surtout qui les ont cumulés ! », rapporte encore Christine Monamy.
Pour la fin de campagne, cette dernière appréhende encore « la grêle et le fait que l’on annonce 15 jours de beau temps représentent encore un risque par rapport au manque d’eau ».
Ce manque d’eau, tant redouté dès début août, aura finalement été atténué par les épisodes pluvieux qui ont marqué le mois. Cet apport hydrique a permis d’enclencher la véraison un temps bloquée.
Des adaptations à prévoir
Sur le tableau des incidents climatiques, il ne faut pas non plus oublier les coups de vents au printemps qui ont fait de la casse sur les bois, note Marc Sangoy.
Si les vignes ne présentent pas, comme le fait remarquer François Legros, président de la Fédération des caves coopératives de Bourgogne-Jura (FCCBJ), le stress hydrique qu’elles affichaient à la même période l’an passé, « ce sont surtout les jeunes vignes qui ont souffert des épisodes de sécheresse », constate encore Marc Sangoy.
Face à ces brusques variations de températures, « le changement climatique n’est donc plus une vue de l’esprit, souligne Michel Barraud, nous sommes dans la réalité du sujet ». Pour le président des Vignerons des Terres secrètes, « cela va nous conduire à revoir les questions assurancielles, à prendre encore plus de précautions sur notre gestion des stocks. Au final, cela pourrait remettre en question la gestion globale de notre activité ».
Interdit par les cahiers des charges, « on n’en est pas encore, comme dans d’autres régions viticoles, à se poser des questions sur l’irrigation des vignes », explique Guillaume Willette, mais, même si la vigne est tolérante à la sécheresse, « il faudra peut-être, à terme, réfléchir à l’emplacement et à l’orientation des vignobles ».
Ça devrait être magnifique
Christine Monamy se veut malgré tout optimiste, « s’il n’y aura pas la quantité, nous avons malgré tout potentiellement un beau millésime sous le coude ».
Les premiers prélèvements démontrent en effet « un crémant qui présente déjà un bon équilibre entre le sucre et l’acidité », confirme François Legros. Le président de la cave de Buxy l’espère, « ça va être magnifique ».
Aujourd’hui malgré les accidents climatiques à répétition, la vigne « n’a pas de problème de vigueur », arborant « des grappes et un feuillage sains », « elle est en forme… mais il n’y a pas de raisins », insiste Michel Barraud.
La pression oïdium a cependant été forte mais les avertissements ont été suivis et la vigilance de rigueur, ce qui fait qu’il a pu être globalement contenu. « Ce qui était inquiétant il y a un mois, s’est aujourd’hui bien arrangé », révèle François Legros. Des constatations confirmées par Laurent Cottenceau, « quelques parcelles présentent des taches d’oïdium. Nous avons surtout subi cette pression oïdium début août lorsqu’il n’est plus possible de sulfater, mais il n’y a rien de méchant ».
Dates habituelles
Des viticulteurs, à l’image de François Legros, tentent une explication : « sans doute après une année 2018 exceptionnelle en quantité et qualité, la vigne s’est rééquilibrée d’elle-même avec une quantité moindre. Nous avons constaté que même sur des parcelles n’ayant pas subi le gel, la floraison ne s’était pas faite ».
Malgré cette campagne atypique avec des rendements annoncés plus faibles, les dates semblent se profiler dans un timing habituel, « nous sommes finalement dans un cycle végétatif normal » fait ainsi remarquer Christine Monamy. Ainsi les crémants devraient entamer les vendanges ces jours-ci, « au 5 septembre la grande majorité aura débuté », explique Pierre Le Couëdic, suivis de près par les vins tranquilles, « autour du 10-15 septembre », envisage Jérôme Chevalier, lorsque « certains parlent même du 7 septembre », d’après Guillaume Willette.
« Le retour de la chaleur sur des vignes peu chargées pourraient finalement accélérer la maturité », se méfient aujourd’hui les professionnels.
À quelques jours du début des vendanges, Jérôme Chevalier ne peut que se montrer inquiet à l’issue de « cette année compliquée car il n’y a pas de volume ». Désormais, le président des producteurs de vins Mâcon espère « une augmentation des cours vers des tarifs plus cohérents », après le décrochage de l’an passé.
Vendanges 2019 : où sont les grappes ?

Cette année, les rendements devraient être largement en dessous d’une récolte classique : « cela reste bien évidemment difficile à estimer précisément, mais depuis longtemps nous prévoyions une petite récolte et cela se confirme, détaille Michel Barraud, le président des Vignerons des terres secrètes. Si les rouges s’en sortent mieux, nous nous attendons quasiment à une demi récolte sur les chardonnay ». Habituellement, il faut compter « 10-12 raisins par pied, cette année, on en est loin ! », déplore en effet Jérôme Chevalier, président de l'Union des producteurs de vins mâcon (UPVM).
Une année compliquée
Une tendance largement constatée dans le reste des appellations de Saône-et-Loire : « les plus pessimistes parlent d’une demi récolte, confirme Marc Sangoy président cave de Lugny, les plus optimistes d’un deux tiers de récolte… », même si « certaines parcelles sont jolies et chargées normalement », tempère Laurent Cottenceau, le président de l’ODG montagny.
Pierre du Couëdic confirme cette grande hétérogénéité entre les secteurs : « la situation n’est pas du tout la même entre la zone sud Chalonnais-Mâconnais-Beaujolais, et le nord du département jusqu’à l’Yonne ». Les intempéries et les fortes variations de température ont véritablement « impacté les capacités de rendements » des zones sud. Le rendement moyen sur les dix dernières années (hors 2018 année trop exceptionnelle) « se situe à environ 66 hl/ha. Nous serons cette année nettement en-dessous », explique ainsi le directeur de l’union des producteurs-élaborateurs des crémants de Bourgogne (UPECB).
Ainsi même dans le Couchois, pourtant épargné par le gel « ce sera une petite récolte, précise Guillaume Willette du syndicat des bourgognes, due à une floraison qui s’est mal passée ».
Déficit de production évident
En cause, « plusieurs calamités », comme l’a souligné Christine Monamy la responsable de la coordination technique du BIVB. À commencer par le gel de printemps qui s’est révélé d’une ampleur importante en touchant même des parcelles normalement épargnées et à la suite duquel les bourgeons secondaires se sont révélés peu fructifères. Ensuite, le coup de froid au moment de la floraison a entrainé beaucoup de millerandage, beaucoup de coulures de fleurs ont aussi été constatées. Pour finir, les fortes chaleurs ont provoqué échaudage et grillure. « Cet ensemble de facteurs a fortement impacté le potentiel de récoltes, sur certains secteurs surtout qui les ont cumulés ! », rapporte encore Christine Monamy.
Pour la fin de campagne, cette dernière appréhende encore « la grêle et le fait que l’on annonce 15 jours de beau temps représentent encore un risque par rapport au manque d’eau ».
Ce manque d’eau, tant redouté dès début août, aura finalement été atténué par les épisodes pluvieux qui ont marqué le mois. Cet apport hydrique a permis d’enclencher la véraison un temps bloquée.
Des adaptations à prévoir
Sur le tableau des incidents climatiques, il ne faut pas non plus oublier les coups de vents au printemps qui ont fait de la casse sur les bois, note Marc Sangoy.
Si les vignes ne présentent pas, comme le fait remarquer François Legros, président de la Fédération des caves coopératives de Bourgogne-Jura (FCCBJ), le stress hydrique qu’elles affichaient à la même période l’an passé, « ce sont surtout les jeunes vignes qui ont souffert des épisodes de sécheresse », constate encore Marc Sangoy.
Face à ces brusques variations de températures, « le changement climatique n’est donc plus une vue de l’esprit, souligne Michel Barraud, nous sommes dans la réalité du sujet ». Pour le président des Vignerons des Terres secrètes, « cela va nous conduire à revoir les questions assurancielles, à prendre encore plus de précautions sur notre gestion des stocks. Au final, cela pourrait remettre en question la gestion globale de notre activité ».
Interdit par les cahiers des charges, « on n’en est pas encore, comme dans d’autres régions viticoles, à se poser des questions sur l’irrigation des vignes », explique Guillaume Willette, mais, même si la vigne est tolérante à la sécheresse, « il faudra peut-être, à terme, réfléchir à l’emplacement et à l’orientation des vignobles ».
Ça devrait être magnifique
Christine Monamy se veut malgré tout optimiste, « s’il n’y aura pas la quantité, nous avons malgré tout potentiellement un beau millésime sous le coude ».
Les premiers prélèvements démontrent en effet « un crémant qui présente déjà un bon équilibre entre le sucre et l’acidité », confirme François Legros. Le président de la cave de Buxy l’espère, « ça va être magnifique ».
Aujourd’hui malgré les accidents climatiques à répétition, la vigne « n’a pas de problème de vigueur », arborant « des grappes et un feuillage sains », « elle est en forme… mais il n’y a pas de raisins », insiste Michel Barraud.
La pression oïdium a cependant été forte mais les avertissements ont été suivis et la vigilance de rigueur, ce qui fait qu’il a pu être globalement contenu. « Ce qui était inquiétant il y a un mois, s’est aujourd’hui bien arrangé », révèle François Legros. Des constatations confirmées par Laurent Cottenceau, « quelques parcelles présentent des taches d’oïdium. Nous avons surtout subi cette pression oïdium début août lorsqu’il n’est plus possible de sulfater, mais il n’y a rien de méchant ».
Dates habituelles
Des viticulteurs, à l’image de François Legros, tentent une explication : « sans doute après une année 2018 exceptionnelle en quantité et qualité, la vigne s’est rééquilibrée d’elle-même avec une quantité moindre. Nous avons constaté que même sur des parcelles n’ayant pas subi le gel, la floraison ne s’était pas faite ».
Malgré cette campagne atypique avec des rendements annoncés plus faibles, les dates semblent se profiler dans un timing habituel, « nous sommes finalement dans un cycle végétatif normal » fait ainsi remarquer Christine Monamy. Ainsi les crémants devraient entamer les vendanges ces jours-ci, « au 5 septembre la grande majorité aura débuté », explique Pierre Le Couëdic, suivis de près par les vins tranquilles, « autour du 10-15 septembre », envisage Jérôme Chevalier, lorsque « certains parlent même du 7 septembre », d’après Guillaume Willette.
« Le retour de la chaleur sur des vignes peu chargées pourraient finalement accélérer la maturité », se méfient aujourd’hui les professionnels.
À quelques jours du début des vendanges, Jérôme Chevalier ne peut que se montrer inquiet à l’issue de « cette année compliquée car il n’y a pas de volume ». Désormais, le président des producteurs de vins Mâcon espère « une augmentation des cours vers des tarifs plus cohérents », après le décrochage de l’an passé.