Zéro résidu de pesticide en filière CRC
Lors de sa dernière assemblée générale début décembre, le GIE CRC (pour Culture raisonnée contrôlée) s’est engagé à fournir en 2021 des céréales "sans résidu de pesticides appliqués en végétation". Présentation de cet engagement par Marc Bonnet, directeur général de la filière CRC et Étienne Henriot, président du GIE CRC et l’un des producteurs engagés dans ce réseau.

Depuis son lancement en 1989, la filière CRC (Culture raisonnée contrôlée) applique notamment le zéro insecticide de stockage au silo. Désormais, les membres du GIE souhaitent aller encore plus loin en visant le "zéro résidu de pesticide appliqué en culture" pour la collecte 2021.
« Pour l’instant, nous n’avons pas encore répondu à toutes les questions pour accompagner dans cette voie nos 35 organismes stockeurs et nos 3.000 agriculteurs répartis dans toute la France, explique Marc Bonnet le directeur général de la filière, mais c’est justement en cours d’élaboration ».
Le GIE compte procéder par étape : dans un premier temps, « un accompagnement individuel des organismes stockeurs va analyser leur situation pour adapter le programme à chacun ».
L’autre défi à relever au niveau des organismes stockeurs, des transporteurs et des meuniers sera d’éviter tout risque de contamination croisée. Cela débouchera notamment sur des obligations d’allotements, de circuits dédiés, de processus de nettoyage spécifiques, etc. « Nous devons donc faire les choses calmement et avec efficacité pour n’oublier aucun point de contrôle » insiste encore Marc Bonnet.
Dans l’air du temps
La filière CRC applique déjà un cahier des charges très contraignant notamment sur les produits autorisés, l’interdiction d’épandage de boues de station d’épuration, les distances à respecter, entre autres vis-à-vis de grands axes routiers, etc. Il ne s’agit pas pour autant d’une filière bio.
Des produits phytosanitaires sont ainsi toujours habilités, mais « nous nous orienterons vers ceux qui marquent le moins », précise Marc Bonnet. « Des centaines de molécules vont être analysées pour déterminer celles qui vont pouvoir continuer à être utilisées et celles dont il faudra se passer », renchérit Étienne Henriot, producteur engagé dès la première heure dans la démarche CRC. Au niveau des agriculteurs, de nouvelles indications de dosage ou de date limite de passage pourront ainsi être imposées, parfois le délai avant récolte (DAR) sera rallongé, etc.
Mais « rien d’insurmontable même si le niveau d’exigence ne sera pas neutre », prévoit déjà le céréalier de l’Yonne. Sur le terrain, les producteurs engagés sont déjà partants pour appliquer cette nouvelle politique, « il s’agit de s’adapter à une demande sociétale ». Étienne Henriot rappelle ainsi que cet objectif de zéro résidu de pesticide « est dans l’état d’esprit du moment et n’est pas propre aux grandes cultures, on le voit aussi en viticulture et pour les fruits et légumes ».
Une année d’élaboration
Reste encore à valoriser les « efforts » de l’ensemble des membres de la filière, du producteur au boulanger en passant par les organismes stockeurs et les transformateurs. « Là aussi, il reste encore à déterminer comment chacun va pouvoir valoriser ces nouvelles adaptations », souligne Marc Bonnet. Au niveau des producteurs notamment, le montant de la prime n’a pas encore été défini…
2020 va donc servir « de période transitoire » pour élaborer le nouveau cahier des charges « qui va permettre de passer de l’intention politique à la réalité des choses ».
Les consommateurs devraient eux déguster les premières baguettes en septembre 2021...