Marion Alexandre à Saint-Pierre-de-Varennes
"Une fille avec des salers !"...

Marc Labille
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Âgée de 23 ans, Marion Alexandre s’est installée toute seule à Saint-Pierre-de-Varennes où elle a créé un élevage produisant viandes de bovins et d’agneaux en vente directe. Battante, la jeune femme ne cache pas que son profil atypique ne lui a pas valu que des encouragements… Mais déterminée, Marion a tenu bon et sa clientèle lui est aujourd’hui reconnaissante.

"Une fille avec des salers !"...
Marion Alexandre élève 18 laitières pour les veaux de lait ainsi que 60 Salers et 70 brebis charollaises. Toute sa production est en vente directe.

Originaire de Perreuil, Marion Alexandre a toujours voulu être agricultrice. Dès l’âge de 11 ans, la future éleveuse possédait déjà des chevaux comtois et bien que ses parents aient une entreprise de terrassement, Marion a choisi de faire des études d’agriculture. Elle est allée jusqu’à un BTS par apprentissage dans une porcherie de la Bresse. Travaillant à la maternité, la jeune femme dit y avoir beaucoup appris en termes de technicité et de zootechnie. Mais elle a préféré décliner la proposition qui lui était faite de poursuivre sa carrière dans cet élevage porcin. Déterminée, Marion n’a pas attendu le diplôme pour démarrer son élevage. Âgée d’à peine vingt ans, elle a réalisé une pré-installation en achetant ses premières vaches et en reprenant une trentaine d’hectares à Perreuil. Pour s’installer pour de bon, Marion a trouvé une ferme au hameau de Drevin sur la commune de Saint-Pierre-de-Varennes. Les cédants l’ont aidée dans son projet, témoigne la jeune femme qui a aussi été beaucoup soutenue par son entourage familial. Son père et son frère ont participé à la remise en état de l’exploitation (terrassement, aménagement des bâtiments…). Ils continuent d’ailleurs de la seconder pour les travaux mécanisés tel le broyage des haies. La maman de Marion la soutient quant à elle pour les tâches administratives et l’accueil des clients.

Veaux de lait

Une jeune femme non issue du milieu agricole qui décide de s’installer seule avec des salers, une production de veaux de lait et des moutons en vente directe, ce n’était pas ordinaire, reconnaît Marion qui se souvient du scepticisme suscité par son projet. « On m’a mise en garde. Mais j’ai du caractère ! », témoigne l’agricultrice de 23 ans. Dans sa tête, la vente directe était le moyen idéal pour valoriser le mieux possible ses produits et aujourd’hui, elle avoue que sans les veaux de lait, elle ne s’en serait pas sortie. Cet atelier repose sur 18 vaches laitières de race montbéliarde. Chaque laitière élève son propre veau plus un veau de lait. Ce sont des animaux nés d’un croisement avec un taureau de race à viande. « Je fais téter les veaux matin et soir. Et pour étaler la production, il en naît tous les mois », explique la jeune éleveuse qui consacre beaucoup de temps à cette production exigeante. Ces veaux haut de gamme, à la viande tendre et bien blanche, ont du succès auprès de bouchers, restaurateurs et particuliers. 

Salers et agneaux charollais

Marion élève aussi 60 mères salers. « De belles vaches rustiques à grandes cornes que j’ai toujours aimée, tout comme mon papa ! », s’enthousiasme la jeune femme. Les bêtes à robe acajou de Marion, qu’elle est allée acheter dans le berceau de race, sont dociles et gentilles, témoigne-t-elle. Ce sont les génisses qu’elle propose en vente directe sous forme de caissettes de 10 kg sous vide. Outre la viande de salers, dont la couleur rouge foncée, le persillé et le goût séduisent, ces colis comptent aussi des burgers et autres produits transformés… Un troisième atelier est consacré à la production d’agneaux charollais. La jeune éleveuse possède 70 brebis dont la production est aussi écoulée préférentiellement en vente directe.

Facebook et SMS

Seule à la tête de ces trois ateliers très prenants, Marion ne chôme pas ! « J’annonce mes ventes à mes clients sur ma page Facebook ou par SMS. Je prends les commandes et j’effectue beaucoup de livraisons". L’exploitante dispose d’une chambre froide à la ferme et les livraisons sont assurées à l’aide d’un caisson isotherme. Rien que grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux, Marion bénéficie déjà d’une bonne clientèle. Cela va du Couchois jusqu’à la région de Beaune. Pendant l’épidémie de Covid-19, la jeune éleveuse dit avoir interrompu ses ventes pendant quelques semaines, mais elle s’est rattrapée ensuite. 

« Personne ne m’a aidée… »

Heureuse d’avoir pu réaliser son rêve, Marion concède toutefois s’être beaucoup battue pour arriver à ses fins. Pour ses deux premières années d’installation, elle a dû composer avec deux sécheresses consécutives, ce qui l’a obligée à acheter davantage d’aliments que prévu. La jeune éleveuse déplore aussi la chute des cours des broutards. « Heureusement que j’ai la vente directe », confie Marion qui avoue que « n’étant pas issue du milieu, il lui a fallu se battre plus que les autres. J’ai tout acheté de A à Z. En dehors de la famille, personne ne m’a aidé. Mais je ne me plains pas », conclut caractère bien trempé et enthousiasme débordant la jeune Marion Alexandre.