Crise agricole
Lyon paralysé par les agriculteurs sous pression

Alors que les annonces du Premier ministre, Gabriel Attal, vendredi 26 janvier, n’ont pas convaincu les agriculteurs, la pression s’intensifie dans la France entière. Lundi soir, comme annoncé par la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon, la troisième ville de France, est prise en cisaille. Reportage sur le site de blocage à Villefranche-sur-Saône.

Lyon paralysé par les agriculteurs sous pression
©Apasec - MCSB

Lundi 29 janvier. 17 h. Au péage de Villefranche-sur-Saône, l’un des plus grands de France, l’affluence est forte, comme à l’accoutumée. Au loin, on aperçoit des gyrophares de tracteurs, ce n’est pourtant pas le temps des vendanges. En effet, à la suite des annonces du Premier ministre, Gabriel Attal, faites en fin d’après-midi vendredi 26 janvier, les agriculteurs déçus ont décidé de maintenir et même d’intensifier la pression.

Après un week-end de pause [les agriculteurs de l’Ain et du Rhône avaient levé les blocages sur l’A6 et l’A42 vendredi 26 janvier au soir. D’autres blocages en Auvergne-Rhône-Alpes n’ont pas bougé depuis le 24 janvier. NDLR], les agriculteurs sont donc remontés dans leur tracteur nonpas pour travailler, mais pour retourner sur les autoroutes. Ainsi, peu après 17 h, ce sont prés de deux cents tracteurs et trois cents hommes et femmes du Rhône et de l’Ain qui ont convergé vers Villefranche-sur-Saône à l’appel du réseau FDSEA – JA. Presque la totalité des voies sont rapidement bloquée par des engins de céréaliers, viticulteurs et autres éleveurs. Tous sont mobilisés, tous veulent rappeler que la France marche sur la tête. Les slogans affichaient sur les tracteurs parlent d’eux-mêmes : « Jeune on en rêve, adulte on en crève », « On vous nourrit et on en crêve » ou encore « Notre fin sera votre faim ».

                       

« Nous avons eu des mignardises »

Symboliques de cette mobilisation qui a été lancé en automne 2023, certains on accrochait à la fourche de leur tracteur des panneaux de communes retournés. Objectif : paralyser la troisième ville de France pour être entendu au plus haut niveau. Plus tôt dans la journée, l’autoroute A7 avait été bloquée au niveau de Feyzin après une opération escargot partie de Chabannière. En Saône-et-Loire, les agriculteurs bloquaient la barrière de péage au niveau de Tournus.

Tous sont déterminés à ne pas bouger tant que de véritables mesures concrètes ne seront pas annoncées. Julien Chatard, président de Jeunes agriculteurs de l’Ain est formel : « On ne lâchera pas. Nous avons besoin d’une vision d’avenir pour notre métier afin de maintenir la souveraineté alimentaire de notre pays ». À Jérôme Martin, secrétaire général de la FDSEA de l’Ain d’ajouter : « Nous avons eu des mignardises, maintenant nous allons taper plus haut dans le gros gâteau. Nous ne voulons pas des promesses, mais des actes. Demain [mardi 30 janvier] nous irons également bloquer le pays de Gex ». Josselyn Dubost, président de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes, quant à lui, attend de « véritable preuve d’amour. Il est hors de question que les territoires ruraux se meurent par ce que l’agriculture se meurent ». Dans tous les cas, Pascal Gouttenoire, président de la FDSEA 69, a appelé les agriculteurs présents à être fiers de cette mobilisation historique. « Nous avons le soutien de la population. Soyez fier et maintenons cette force ! » Les klaxons des camions qui résonnaient aux abords du blocage témoignaient en effet de ce soutien.

Marie-Cécile Seigle-Buyat