Tendance commerciale semaine 13-2022

Françoise Thomas
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Bovins de boucherie – L’envolée des prix en Allemagne, en Belgique ou aux Pays Bas est hallucinante. Nos voisins du nord de l’Europe font face à une très forte décroissance de la production laitière sous l’égide de politique très environnementale comme en Hollande ; ou de rupture générationnelle outre-Rhin (comme en France). Face à une décroissance massive de la production, les industriels allemands peinent à couvrir une demande croissante à quelques semaines de Pâques. En quelques semaines, les tarifs ont atteint des sommets, ce qui pose beaucoup de questions.

Cette envolée des prix de la viande d’entrée de gamme a, en revanche, un effet plus négatif dans la valorisation des très bonnes femelles de qualité bouchère. À trois semaines de Pâques, de nombreux animaux de haute qualité se retrouvent sur les concours d’animaux de boucherie. Les acheteurs ont des besoins limités, notamment en direction des GMS qui sont déjà fortement impactées par l’inflation permanente des prix dans la viande conventionnelle. La chasse aux Grands Prix est nettement moins soutenue que ces dernières années. Une plaque suffit pour mettre en valeur le rayon boucherie, avec des chefs bouchers très soucieux de l’équilibre économique de leur activité. Les tarifs sont moins soutenus avec une majorité d’animaux commercialisée entre 6 € et 7,50 €. Ces tarifs peinent à couvrir les coûts élevés d’engraissement de ces championnes.

La ferme France maigrit avec une pyramide des âges très défavorable. Le verdissement de la Pac et ses conséquences sur le potentiel de production sont inquiétants, alors que les éleveurs se battent tous les jours pour fournir une viande de qualité et respectueuse de l’environnement.

L’analyse commerciale de ces dernières semaines fait apparaître un resserrement des grilles tarifaires avec un plafonnement des prix dans le haut de gamme et une forte augmentation dans la viande industrielle destinée à la transformation. L’offre dans les allaitantes de milieu de gamme est restreinte, mais ce n’est que le reflet du recul des disponibilités dans les campagnes. Les nombreux animaux commercialisés sur les concours entraînent une stabilisation des prix pour les bonnes femelles de qualité bouchère. Dans une économie très chahutée par des hausses importantes qui grèvent le budget des ménages, quels seront les efforts que ces derniers seront prêts à consentir pour les fêtes pascales ? La guerre en Ukraine n’a pas fini de brouiller les cartes. L’équilibre offre/demande avec une mise à l’herbe des animaux permet une réduction naturelle de l’offre dans les charolaises, les limousines ou les autres races allaitantes, ce qui permet de maintenir une bonne animation commerciale et une fermeté des prix sur les marchés notamment dans les femelles R et O.

Réformes laitières – L’offre et la demande sont mieux équilibrées et les industriels en profitent pour souffler un peu avant d’entamer la période printanière tendue. La progression des prix est un peu moins soutenue que ces dernières semaines

Jeunes bovins – Le climat commercial reste porteur à la veille des expéditions en direction de l’Italie pour les fêtes de Pâques. L’offre est ponctuellement plus étoffée, ce qui permet une certaine stabilisation des prix des charolais en France comme en Italie. L’Allemagne reste fortement déficitaire en JB R pour la préparation de minerai avec des tarifs très élevés.

Bovins d’embouche et d’élevage – Le coup de froid et les gelées annoncées vont mettre un sérieux coup de frein à la pousse de l’herbe. Après des semaines de forte activité, la tendance est à la stabilisation des prix avec des engraisseurs spécialisés qui ont des besoins de rotation, mais qui sont également très préoccupés par la hausse du prix des aliments. La demande reste soutenue dans le bétail à herbager.

Broutards – L’activité commerciale est régulière avec des tarifs appréciables dans les gros broutards lourds destinés au marché italien ou aux pays tiers. Les volumes expédiés vers l’Espagne sont à la baisse avec des engraisseurs inquiets sur l’accroissement des coûts de production et surtout dans la sécurisation des livraisons d’aliment. Dans les plus légers, le commerce reste fluide pour la repousse. Dans la marchandise de second choix où les croisés sont souvent non vaccinés, les transactions sont plus calmes et sélectives avec des tarifs qui restent néanmoins très convenables. Dans les femelles, les bonnes laitonnes charolaises lourdes s’écoulent avec régularité avec des tarifs stables.

Veaux d’élevage et d’engraissement – L’activité commerciale reste régulière dans les veaux laitiers, avec des marchés moins fournis pour le début des mises en place de septembre. Les intégrateurs profitent néanmoins du recul de la demande espagnole pour maintenir leurs prix dans les bons veaux frisons, abondances et montbéliards. En revanche, la vente est très tendue du côté des croisés taupes, gris, jaunes ou blanc bleus.

Ovins – Les fêtes pascales se rapprochent ce qui met un peu d’animation sur les marchés après une fin de mois où la demande avait été plus réservée. L’agneau français devrait retrouver une belle place sur les linéaires pour Pâques. Le commerce est plus actif sur l’ensemble des marchés, avec des niveaux de prix plus fermes. En brebis, la demande est soutenue avec le début du ramadan.

Porc – À 1,635 €/kg, le cours se place à son plus haut niveau pour la période, dépassant même son record de 2020. Une augmentation qui est à mettre en lien notamment avec la baisse des disponibilités et l’envolée des coûts de production qui s’est exacerbée avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie.